3.4. Conséquences
liées à l'absence ou à l'unicité du fils chez les
parents
Le vécu social d'une personne et ses attentes
déterminent sa vie psychologique. La progéniture au Burundi est
très considérée à tel point que son absence
provoque la dislocation du couple. Ainsi, la progéniture masculine
était, traditionnellement comme aujourd'hui très souhaité.
Des problèmes socio-affectifs peuvent survenir dans un couple à
progéniture uniquement féminine ou à fils unique. Il
s'agit entre autre de l'insatisfaction dans la progéniture qui engendre
la culpabilité de chacun des parents d'être à l'origine de
ce manque de fils, d'une mésentente dans le couple, orientation
d'affection parentale à l'unique fils, manque d'affection chez les
enfants « non souhaités ».
3.4.1. Progéniture
uniquement féminine comme source de mésentente familiale
Au Burundi, les parents souhaitent avoir une descendance de
tous les sexes. S'il s'agit des enfants du même sexe, les parents
deviennent mécontents. Ce sera le pire s'il s'agirait d'une
progéniture uniquement féminine. Ainsi, dit NTAMWANA M.T. (1983,
p.47), « pour les Burundais, il n'y a pas de souhait plus profond que
celui d'avoir une descendance, mais avec une nuance que les parents deviennent
mécontents lorsqu'ils s'aperçoivent que tous les enfants sont de
même sexe. S'il ne naît que des filles, le mari sera
déçu, il fera des reproches à sa femme en ces
termes :"uramponeje" c'est-à-dire :«Tu me prives de la
descendance.» Sous une mentalité traditionnelle qui disait que
seuls les garçons sont aptes à continuer la lignée, la
descendance féminine était considérée comme une
malédiction dans la mesure où la famille sans descendants
mâles risquait de s'éteindre. L'absence d'une descendance
mâle laisse une blessure chez le couple.
La présence d'un fils unique dans la famille diminue
les blessures des parents lorsque celui-ci naît après une longue
attente. Avant la naissance d'un garçon, lorsque la femme met au monde
uniquement les filles, le mari se lamente. Dans ce cas, tous les parents sont
angoissés du fait qu'ils sont incapables de procréer des enfants
qui répondent à leur préférence. Les filles dans ce
cas sont insécurisées du fait des disputes des parents, coupables
d'être à la base des conflits entre les parents et, par
conséquent, elles ne bénéficient pas l'affection
parentale.
3.4.2. Naissance du fils comme
source de satisfaction chez les parents
L'arrivée alors d'un fils pousse les parents à
adopter un autre comportement ; celui d'un amour profond chez le fils
parce qu'il est chaleureusement attendu. Pour eux, c'est une réussite,
un triomphe comme le souligne BIGANGARA J.B. (1986, p.102) :« Si
la procréation d'un enfant donne à l'homme la preuve
reconfirmable de sa virilité, la naissance d'un fils est ressentie comme
l'expression complète, parfaite, suprême de sa propre
puissance.» L'affection parentale qui devrait être
bénéficiée par tous les enfants est reçue par le
fils unique. Ces parents deviennent dans ce cas hyperprotecteurs, ils
l'épargnent de tout effort. Ils veulent, en effet, le faire vivre dans
un univers où tout est rassurant et facile. Ce qui conduit l'enfant
à être gâté parce qu'il ne connaît pas de
frustration et ses demandes sont obtenues immédiatement.
A part cette hyperprotection, l'autorité parentale sur
le fils unique devient très faible, les parents affichent une trop
grande sollicitude envers lui. S'il est menacé par quelqu'un d'autre, le
recours sur lui est urgent. Conséquemment aux filles, elles restent
moins considérées et deviennent jalouses. La place
accordée au fils devient primordiale.
Pour clore, les parents garderont la peur pour le fils unique,
qui d'un moment à l'autre peut être perdu, à cause d'une
maladie ou d'un accident. Chaque fois que le fils est absent à la
maison, ses parents restent angoissés. Dans ce cas, la place du fils
unique dans une famille comptant une progéniture à
majorité féminine devient une question problématique qui
mérite une recherche.
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