CHAPITREIV:PROBLEMATIQUE ET
CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES
Dans toute étude, le chercheur doit donner à son
travail une orientation et des objectifs précis. Toute recherche qui se
veut scientifique devrait apporter des solutions à un problème
constaté.Dans le souci d'atteindre nos ambitions, nous avons
défini et éclairci la position du problème à
l'étude pour pouvoir y apporter des solutions adéquates. L'objet
du présent chapitre comporte le descriptif de la problématique,
de la méthodologie utilisée et du travail de terrain.
4.1. Problématique
de la recherche
Généralement, la famille est
considérée comme le premier milieu de développement
affectif de l'être humain et des relations entre les parents, les enfants
et le milieu environnant. Dans les conditions normales, le fondement d'un foyer
se fait entre un mari et une femme qui s'entendent dans le but de permettre
l'épanouissement de la famille. L'interposition des nouveaux êtres
(enfants) qui sont le fruit de l'union de ces derniers est nécessaire,
parce que cette interposition assure la stabilité du couple dans le
ménage.
Au Burundi, le bien suprême pour une famille reste
l'enfant. Les Burundais pensent que la richesse se trouve dans le fait d'avoir
un enfant car, pour eux, la mission de l'enfant est celle de l'aide
économique ou financière et sociale. Et aussi, les parents
trouvent fierté, prestige et orgueil dans le fait d'avoir beaucoup
d'enfants. Les Burundais considèrent l'enfant comme trésor.
Ainsi, voici les propos de BIGANGARA J.B. (1986, p.92) à ce
sujet:«L'enfant est un don donné dans l'intimité de
l'amour conjugal, il est conçu dans le sein maternel. Ce don est le
trésor, le plus précieux mais aussi délicat ; il faut
veiller sur lui, car, s'il est perdu personne ne peut le rétablir.»
Pour les Burundais, la progéniture masculine et féminine
nombreuse procure la joie au couple.
Parmi les attentes familiales telles que l'attente
procréatrice et l'attente sociale, cette première reste la
principale motivation du mariage. Selon NAVAS J. et ses collaborateurs (1977,
p.23), la fécondité est « la valeur fondamentale de
la cellule familiale. L'enfant apparaît comme la pierre angulaire de tout
l'édifice familial burundais. Le motif profond qui pousse les burundais
à s'unir est avant toute chose le besoin de fonder un foyer et d'avoir
des enfants. » Dans la culture burundaise, le mariage implique
le fait d'avoir des enfants à la fois des fils et filles. L'homme et la
femme sans enfant paraissent sans importance aux yeux des burundais.
Cependant, on observe des couples qui ont mis au monde
seulement des garçons, d'autres des filles ou même d'autres
couples qui n'ont qu'un seul enfant ou pas d'enfant. La progéniture peut
être à majorité masculine avec une seule fille ou à
majorité féminine avec un seul fils dans une famille. Ce
déséquilibre dans la progéniture pousse les parents
à avoir une attitude particulière à leurs enfants. Dans
toutes les familles, les parents devraient veiller à ce que chaque
enfant obtienne sa part d'affection en quantité suffisante et
égale. Qu'en est-il alors lorsqu'il s'agit d'un seul fils et de
plusieurs filles? On comprend certainement que les attitudes deviennent
particulières et cela ne manque sûrement pas d'influences sur le
fils unique et sur les filles, en général sur toute la
famille.
Au Burundi, notre société étant
patriarcale, la fille appelée à fonder un foyer ailleurs est
considérée comme étrangère à la famille
d'origine, le droit à la propriété foncière
appartient à l'homme seul car la vocation successorale est
patrilinéaire et consacre la primauté à la
masculinité. Voici ce qu'affirme HAVUGIYAREMYE C. (1999, p.46) :
« Le patriarcat est la forme d'organisation familiale
fondée sur la parenté par les mâles et sur la puissance
paternelle. Dans une telle famille, les moeurs sont patriarcales,
l'autorité du père est illimitée et sa parole est
souveraine. La tradition veut que la femme soit soumise à
l'autorité du mari et seul le garçon considéré
comme pouvant assurer la descendance familiale, qui commande et dirige. Bref,
son autorité est le pivot des relations au sein du groupe
familial.» Cette puissance que la tradition patriarcale
confère à l'homme lui permet de prendre toutes les
décisions au détriment de la femme.
Depuis la tradition à nos jours la place
accordée à l'un des sexes n'est pas égale à celle
qui est accordée à l'autre sexe. L'attitude sexiste des parents
liée à la structure patriarcale de la société, fait
que le sexe masculin a une certaine supériorité par rapport au
sexe féminin. Par conséquent, les excès de tendresse ou de
sévérité sont deux attitudes extrêmes que les
parents peuvent afficher à l'égard de leurs enfants et qui auront
une part extrêmement considérable dans le développement
affectif des enfants.
Ceci est affirmé par MUCCHIELLI R. qui indique
que « l'enfant gâté au même titre que
l'enfant martyr, quoique dans une situation diamétralement
opposée aura plus tard un moi anormal, insuffisant ou perturbé,
générateur d'une existence malheureuse.» La
satisfaction immédiate dès que la demande de l'enfant est faite,
autrement-dit l'absence totale de frustration et également le fait de se
soumettre au caprice de l'enfant sont eux aussi considérés comme
des facteurs pathogènes aussi graves que la frustration
excessive ; donc, il faut nécessairement une certaine frustration
parce qu'elle fournit une certaine force à l'enfant dans la prise de
conscience du réel et dans l'acquisition de l'autonomie, du sens de
responsabilité et de la confiance en soi . De ce fait, il devient
difficile d'acquérir son autonomie et d'être responsable. Il ne
bénéficie dans ce cas d'aucune expérience et ce manque
d'initiative se fera sentir plus tard.
De plus, cette considération différente entre
fils et filles engendre relativement une certaine mésentente entre
ceux-ci. Lorsque le fils est bien traité par rapport aux filles, ces
dernières auront une jalousie envers celui-ci et par conséquent
elles vont l'ignorer de leur groupe. Autrement-dit, une autre sorte de
mésentente peut être remarquée au niveau des relations
entre les parents et leurs filles. En effet,les parents ayant un fils unique
affichent un comportement d'hyperprotection vis-à-vis de ce dernier, ils
le protègent contre tout danger, toute contrariété et le
défendent lorsqu'il se dispute avec ses soeurs.
Cependant, même si ce fils est entouré de
beaucoup de soins et d'attention, des problèmes s'observent dans sa vie.
D'une part, une sorte de solitude s'observe dans ses comportements parce qu'il
se voit unique du fait qu'il n'a pas de frères. Voilà que quelque
chose de très important dans sa vie affective lui manque : les
relations fraternelles. D'autre part, le fils unique est gâté, ce
qui aura comme conséquences le manque de responsabilité et le
manque d'autonomie dans sa vie future.
Après cette problématique d'être fils
unique, notre préoccupation était de connaître la place
qu'occupe le fils unique au sein de sa famille et les conséquences
rencontrées par celui-ci en tenant compte des attitudes qu'adoptent les
parents actuels ayant un fils unique. De ce fait découle la question
problématique de recherche: « Quelle est la place du
fils unique dans une famille comptant une progéniture à
majorité féminine ? »
De cette question problématique générale,
nous avons dégagé les questions spécifiques
suivantes :
v Quelles sont les relations unissant les parents, les
filles et le fils unique ?
-Qu'est-ce qui est à l'origine de
lamésententeentre les parents et leurs filles dans une telle
famille ?
-Pourquoi y a-t-il une affection profonde entre les parents et
leur fils unique ?
-Qu'est-ce qui est à l'origine des relations d'entente
entre le fils unique et ses soeurs ?
- Qu'est-ce qui est à l'origine des relations de
mésentente entre le fils unique et ses soeurs ?
-Qu'est-ce qui fait que les relations soient bien
organisées au sein d'une famille ?
v Quels sont les traitements affectifs
réservés au fils unique contrairement aux filles ?
-Comment les parents traitent-ils leur fils unique ?
-Comment les filles traitent-elles leur
frère ?
-Comment le fils se sent-il suite aux traitements qu'il
subit ?
v Quelles sont les conséquences pour le fils
unique et pour sa famille ?
-Quels sont les problèmes rencontrés par le fils
unique dans sa famille ?
-Quels sont les mauvais comportements résultant de son
unicité ?
v Quelles précautions faut-il envisager dans une
telle famille pour éviter le préjugéfondé sur
la discrimination des sexes?
-Quelles sont les mesures proposées aux
parents pour éviter le préjugé fondé sur la
discrimination des sexes?
-Que doivent faire les parents pour réussir à
l'éducation de leurs enfants en général et du fils unique
en particulier ?
-Quels sont les conseils donnés au fils unique pour
qu'il puisse bien préparer sa vie future?
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