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La place du fils unique dans une famille comptant une progéniture à  majorité féminine. étude menée auprès des parents de la commune Mbuye.


par Cyriaque CIZEROCIMANA
Université du Burundi - Licence 2015
  

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CHAPITREIV:PROBLEMATIQUE ET CONSIDERATIONS
METHODOLOGIQUES

Dans toute étude, le chercheur doit donner à son travail une orientation et des objectifs précis. Toute recherche qui se veut scientifique devrait apporter des solutions à un problème constaté.Dans le souci d'atteindre nos ambitions, nous avons défini et éclairci la position du problème à l'étude pour pouvoir y apporter des solutions adéquates. L'objet du présent chapitre comporte le descriptif de la problématique, de la méthodologie utilisée et du travail de terrain.

4.1. Problématique de la recherche

Généralement, la famille est considérée comme le premier milieu de développement affectif de l'être humain et des relations entre les parents, les enfants et le milieu environnant. Dans les conditions normales, le fondement d'un foyer se fait entre un mari et une femme qui s'entendent dans le but de permettre l'épanouissement de la famille. L'interposition des nouveaux êtres (enfants) qui sont le fruit de l'union de ces derniers est nécessaire, parce que cette interposition assure la stabilité du couple dans le ménage.

Au Burundi, le bien suprême pour une famille reste l'enfant. Les Burundais pensent que la richesse se trouve dans le fait d'avoir un enfant car, pour eux, la mission de l'enfant est celle de l'aide économique ou financière et sociale. Et aussi, les parents trouvent fierté, prestige et orgueil dans le fait d'avoir beaucoup d'enfants. Les Burundais considèrent l'enfant comme trésor. Ainsi, voici les propos de BIGANGARA J.B. (1986, p.92) à ce sujet:«L'enfant est un don donné dans l'intimité de l'amour conjugal, il est conçu dans le sein maternel. Ce don est le trésor, le plus précieux mais aussi délicat ; il faut veiller sur lui, car, s'il est perdu personne ne peut le rétablir.» Pour les Burundais, la progéniture masculine et féminine nombreuse procure la joie au couple.

Parmi les attentes familiales telles que l'attente procréatrice et l'attente sociale, cette première reste la principale motivation du mariage. Selon NAVAS J. et ses collaborateurs (1977, p.23), la fécondité est « la valeur fondamentale de la cellule familiale. L'enfant apparaît comme la pierre angulaire de tout l'édifice familial burundais. Le motif profond qui pousse les burundais à s'unir est avant toute chose le besoin de fonder un foyer et d'avoir des enfants. » Dans la culture burundaise, le mariage implique le fait d'avoir des enfants à la fois des fils et filles. L'homme et la femme sans enfant paraissent sans importance aux yeux des burundais.

Cependant, on observe des couples qui ont mis au monde seulement des garçons, d'autres des filles ou même d'autres couples qui n'ont qu'un seul enfant ou pas d'enfant. La progéniture peut être à majorité masculine avec une seule fille ou à majorité féminine avec un seul fils dans une famille. Ce déséquilibre dans la progéniture pousse les parents à avoir une attitude particulière à leurs enfants. Dans toutes les familles, les parents devraient veiller à ce que chaque enfant obtienne sa part d'affection en quantité suffisante et égale. Qu'en est-il alors lorsqu'il s'agit d'un seul fils et de plusieurs filles? On comprend certainement que les attitudes deviennent particulières et cela ne manque sûrement pas d'influences sur le fils unique et sur les filles, en général sur toute la famille.

Au Burundi, notre société étant patriarcale, la fille appelée à fonder un foyer ailleurs est considérée comme étrangère à la famille d'origine, le droit à la propriété foncière appartient à l'homme seul car la vocation successorale est patrilinéaire et consacre la primauté à la masculinité. Voici ce qu'affirme HAVUGIYAREMYE C. (1999, p.46) : « Le patriarcat est la forme d'organisation familiale fondée sur la parenté par les mâles et sur la puissance paternelle. Dans une telle famille, les moeurs sont patriarcales, l'autorité du père est illimitée et sa parole est souveraine. La tradition veut que la femme soit soumise à l'autorité du mari et seul le garçon considéré comme pouvant assurer la descendance familiale, qui commande et dirige. Bref, son autorité est le pivot des relations au sein du groupe familial.» Cette puissance que la tradition patriarcale confère à l'homme lui permet de prendre toutes les décisions au détriment de la femme.

Depuis la tradition à nos jours la place accordée à l'un des sexes n'est pas égale à celle qui est accordée à l'autre sexe. L'attitude sexiste des parents liée à la structure patriarcale de la société, fait que le sexe masculin a une certaine supériorité par rapport au sexe féminin. Par conséquent, les excès de tendresse ou de sévérité sont deux attitudes extrêmes que les parents peuvent afficher à l'égard de leurs enfants et qui auront une part extrêmement considérable dans le développement affectif des enfants.

Ceci est affirmé par MUCCHIELLI R. qui indique que « l'enfant gâté au même titre que l'enfant martyr, quoique dans une situation diamétralement opposée aura plus tard un moi anormal, insuffisant ou perturbé, générateur d'une existence malheureuse.» La satisfaction immédiate dès que la demande de l'enfant est faite, autrement-dit l'absence totale de frustration et également le fait de se soumettre au caprice de l'enfant sont eux aussi considérés comme des facteurs pathogènes aussi graves que la frustration excessive ; donc, il faut nécessairement une certaine frustration parce qu'elle fournit une certaine force à l'enfant dans la prise de conscience du réel et dans l'acquisition de l'autonomie, du sens de responsabilité et de la confiance en soi . De ce fait, il devient difficile d'acquérir son autonomie et d'être responsable. Il ne bénéficie dans ce cas d'aucune expérience et ce manque d'initiative se fera sentir plus tard.

De plus, cette considération différente entre fils et filles engendre relativement une certaine mésentente entre ceux-ci. Lorsque le fils est bien traité par rapport aux filles, ces dernières auront une jalousie envers celui-ci et par conséquent elles vont l'ignorer de leur groupe. Autrement-dit, une autre sorte de mésentente peut être remarquée au niveau des relations entre les parents et leurs filles. En effet,les parents ayant un fils unique affichent un comportement d'hyperprotection vis-à-vis de ce dernier, ils le protègent contre tout danger, toute contrariété et le défendent lorsqu'il se dispute avec ses soeurs.

Cependant, même si ce fils est entouré de beaucoup de soins et d'attention, des problèmes s'observent dans sa vie. D'une part, une sorte de solitude s'observe dans ses comportements parce qu'il se voit unique du fait qu'il n'a pas de frères. Voilà que quelque chose de très important dans sa vie affective lui manque : les relations fraternelles. D'autre part, le fils unique est gâté, ce qui aura comme conséquences le manque de responsabilité et le manque d'autonomie dans sa vie future.

Après cette problématique d'être fils unique, notre préoccupation était de connaître la place qu'occupe le fils unique au sein de sa famille et les conséquences rencontrées par celui-ci en tenant compte des attitudes qu'adoptent les parents actuels ayant un fils unique. De ce fait découle la question problématique de recherche: « Quelle est la place du fils unique dans une famille comptant une progéniture à majorité féminine ? »

De cette question problématique générale, nous avons dégagé les questions spécifiques suivantes :

v Quelles sont les relations unissant les parents, les filles et le fils unique ?

-Qu'est-ce qui est à l'origine de lamésententeentre les parents et leurs filles dans une telle famille ?

-Pourquoi y a-t-il une affection profonde entre les parents et leur fils unique ?

-Qu'est-ce qui est à l'origine des relations d'entente entre le fils unique et ses soeurs ?

- Qu'est-ce qui est à l'origine des relations de mésentente entre le fils unique et ses soeurs ?

-Qu'est-ce qui fait que les relations soient bien organisées au sein d'une famille ?

v Quels sont les traitements affectifs réservés au fils unique contrairement aux filles ?

-Comment les parents traitent-ils leur fils unique ?

-Comment les filles traitent-elles leur frère ?

-Comment le fils se sent-il suite aux traitements qu'il subit ?

v Quelles sont les conséquences pour le fils unique et pour sa famille ?

-Quels sont les problèmes rencontrés par le fils unique dans sa famille ?

-Quels sont les mauvais comportements résultant de son unicité ?

v Quelles précautions faut-il envisager dans une telle famille pour éviter le préjugéfondé sur la discrimination des sexes?

-Quelles sont les mesures proposées aux parents pour éviter le préjugé fondé sur la discrimination des sexes?

-Que doivent faire les parents pour réussir à l'éducation de leurs enfants en général et du fils unique en particulier ?

-Quels sont les conseils donnés au fils unique pour qu'il puisse bien préparer sa vie future?

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote