3.2.2. L'enfant unique et ses
conséquences
L'enfant unique désigne le seul enfant né dans
une famille. Qu'il soit garçon ou fille, l'absence de frères et
soeurs engendre quelques conséquences pour un enfant. L'enfant unique
est un enfant privé de relations fraternelles et par conséquent,
son intégration sociale devient difficile ; car le rôle de la
fratrie est d'élargir le champ d'interactions et d'échanges dans
la famille et préparer l'enfant à affronter encore d'autres
relations avec le monde extérieur. Les relations qu'un enfant tisse avec
ses frères et soeurs lui aident à élaborer des attitudes
de sociabilité qui lui permettront plus tard de s'adapter dans la
société.
Traditionnellement, dans la société burundaise,
presque toutes les initiations se faisaient entre frères et soeurs.
L'absence de ceux-ci rendra l'enfant déséquilibré comme le
souligne NDIMURUKUNDO N. cité par NKESHIMANA G. (2005, p. 113) de cette
manière: «S'il n'y avait pas de fratrie, tous les enfants
burundais seraient des déséquilibrés.» Donc,
l'enfant, pour mieux se développer, a besoin d'être entouré
par d'autres enfants en particulier ses frères et ses soeurs.
La fratrie met en place la rivalité fraternelle qui est
un fait important dans la vie d'un enfant. En effet, les petites injustices,
les multiples renoncements, les légères vexations qui se font au
contact des frères et soeurs seront l'origine de la rivalité
fraternelle. Ainsi, par le passage de la rivalité à
l'amitié et à la coopération, l'enfant évolue vers
une meilleure adaptation sociale. L'absence d'autres enfants rencontrée
chez l'enfant unique prive celui-ci de l'expérience de découvrir
la haine survenant lors de la naissance d'un autre enfant et qui se
transformera plus tard en amour. C'est ce qu'affirme WINNICOTT D.W. (1978, p.
156) en ces mots : « En fait, les parents devraient se sentir
soulagés d'entendre, à la naissance d'un nouvel enfant,
l'expression directe d'un recule conscient et même d'une haine violente.
Cette haine se transformera peu à peu en amour lorsque le nouveau
bébé deviendra un être humain avec lequel on peut jouer et
de qui on peut être fier.» Une grande difficulté est
l'expression de la haine pour l'enfant unique.
L'égocentrisme de l'enfant doit ensuite céder
progressivement la place à une charité pour satisfaire aux
exigences de la vie en société. Au contraire, l'enfant unique
reste égoïste car il manque quelqu'un avec qui il va partager
l'amour. Ainsi, POROT M. (1979, p. 226) nous décrit la situation d'un
enfant unique en ces mots : « C'est un isolé, c'est un
enfant couvé parce qu'il est le plus souvent un enfant
égoïste et l'idéal parental qu'il intériorisera ne
pourra être qu'un idéal d'égoïste.»
La fonction essentielle des frères et soeurs reste la
socialisation, une adaptation sociale obtenue par le passage de la
rivalité à l'amitié et à la coopération.
Cette socialisation n'aura lieu qu'à la présence de la fratrie,
car l'enfant unique est un isolé, un égoïste. Il reste
solitaire et rien ne lui permet de développer un esprit communautaire,
le sens de la réalité sociale forgé au feu de la
rivalité fraternelle.
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