3.1.2. Le jeu du fils
unique
Etant donné que le jeu est un instrument qui permet
à l'individu de se divertir et de se détendre, il aide l'enfant
à développer en particulier son intelligence, son aptitude
physique, son affectivité et, de façon générale,
toute la personnalité est impliquée. Un enfant qui joue acquiert
des connaissances sociales comme le souligne TAP P. (1985,
p.57) :« Le jouet est le support d'apprentissages sociaux
multiples tout autant que le catalyseur des conduites de communication et de
fantasmes. Par lui, l'enfant s'approprie, intériorise les rôles
adultes, les modalités d'interaction entre les personnes, les
systèmes de règles instituées, les normes et les
valeurs.»Le rôle d'un jeu est de permettre la socialisation de
l'enfant et l'adaptation aux règles que celui-ci doit respecter pour
gagner la vie.
Concernant le cas du fils unique, ses compagnons sont les
filles et ses parents dans sa famille. Comme il ne parvient pas à jouer
avec ses parents, il doit jouer avec ses soeurs, c'est avec elles qu'il
établit des relations de tout genre. Or, dans les yeux de l'enfant, il
existe des jeux destinés aux filles et d'autres aux garçons. Le
fils unique est alors obligé de s'adapter aux jeux féminins et
ceux-ci peuvent comme conséquences modifier le genre masculin dufils.
Plus il joue avec ses soeurs, plus il a tendance à avoir le genre
féminin. Ainsi dit TAP P. (1985, p.57) :« Le jouet serait
ainsi un moule, un instrument de conformité, grâce auquel
s'opérerait, entre autre, la prise en compte des modèles de
comportements appropriés à chaque sexe.» Donc, les jeux
offrent à l'enfant les modèles de vivre. Les petites filles y
apprennent à être des femmes, les garçons à
être des hommes.
Le jeu facilite également l'ouverture au monde
extérieur. Etant donné qu'il joue avec ses soeurs, les jeux
féminins ne lui font pas totalement plaisir. Par conséquent, ce
fils éprouve une solitude pendant que ses soeurs jouent. Egalement, ses
soeurs l'ignorent du fait qu'il n'est pas adapté à leurs jeux.
Quelquefois, le fils unique est obligé de quitter sa propre famille
pour chercher les autres garçons afin de jouer avec eux.
3.1.3. Le fils unique et sa
fratrie
Le fils unique possède une fratrie qui est
constituée par les filles. Ces filles forment ensemble la fratrie du
garçon. Connaissant le rôle de la fratrie, ces filles facilitent
la socialisation du fils. Comme le souligne POROT M. (1979, p.
203), «la fonction essentielle des frères et soeurs est
donc de permettre la meilleurs socialisation possible de l'enfant. Cette
adaptation sociale sera obtenue par le passage de la rivalité à
l'amitié et à la coopération. Ces deux dernières
attitudes sont le terme habituel des relations entre frères et soeurs
ayant subi une évolution normale.»
Dans notre cas où la fratrie du fils unique est
constituée des filles, la rivalité naît de la part du
mépris que le fils affiche à l'égard de ses soeurs et de
la jalousie que les filles affichent à leur frère. Nous savons
avec POROT M. (1979, p. 221) que « (...) qu'il est bon ton pour les
garçons de mépriser les filles, êtres inférieurs,
tout en cherchant à leur plaire, et pour les filles de tenir les
garçons pour des brutes malpropres, tout en admirant et en jalousant
secrètement leur force.» Le fils unique se voit
intéressant au niveau de sa fratrie à cause de la satisfaction
immédiate de ses besoins ou tout simplement de l'amour profond des
parents. Mais, lorsqu'il termine une série de filles, la fille
ainée peut se sentir à la fois supérieure et
inférieure, et le garçon peut aussi éprouver un sentiment
d'infériorité. C'est ce qu'affirme POROT M. (1979, p.221) de
cette manière : « Une fille aînée, peut se
sentir à la fois supérieure parce qu'ainée, et
inférieure parce que fille. Un garçon peut développer un
sentiment d'infériorité réel du fait des remarques acides
et sans pitié de sa chipie de soeur.»
Selon le rang dans la famille, lorsqu'un garçon unique
précède plusieurs filles, il est satisfait de lui-même. Au
contraire, lorsqu'il est le benjamin, il risque d'être mou et
dévirilisé. Comme l'indique POROT M. (1979, p.221), «il
y a des familles où un garçon unique précède
plusieurs soeurs ; il est souvent satisfait de lui-même, parfois
insupportable car adulé sans cesse. Celui qui termine une série
de filles risque au contraire d'être mou, amorphe,
dévirilisé, faute d'avoir pu bénéficier de la
rivalité tonique et vivifiante d'un ou de plusieurs frères.
» Il est bon alors, dans une telle famille, que le garçon
unique soit l'aîné de la famille pour qu'il puisse être
satisfait. Les relations du fils avec ses soeurs préparent, dans une
certaine mesure, les futures relations sociales des hommes avec les femmes. La
vie quotidienne auprès de ses soeurs donnera au fils unique à la
fois une certaine aisance avec la femme qu'il épousera et du respect
pour elle. Le rôle primordial de la fratrie reste, en
général, la socialisation des enfants.
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