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La place du fils unique dans une famille comptant une progéniture à  majorité féminine. étude menée auprès des parents de la commune Mbuye.


par Cyriaque CIZEROCIMANA
Université du Burundi - Licence 2015
  

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2.4.2. L'enfant et le statut définitif de la mère

Une fonction importante de l'enfant est que celui-ci donne un statut définitif à la mère. C'est pour cela d'ailleurs que le premier enfant est impatiemment attendu. Au Burundi, l'une des attentes d'un couple conjugal était la procréation. A ce sujet ERNY P. (1968, p.84) explique ce qui suit : « Une femme enceinte est une femme heureuse. La naissance du premier enfant est un événement capital plus important que l'établissement de la vie conjugale.» La femme est considérée grâce à sa fécondité. Lorsqu'une femme est sans enfant, elle n'est pas considérée dans la société burundaise. ERNY P. (1968, p.84) décrit la situation d'une femme africaine stérile en ces termes : « Elle deviendra jalouse du bonheur des autres et sera bientôt perçue comme un être malfaisant.» Dans le Burundi traditionnel, la femme stérile n'a aucune raison d'être chez son mari. La stérilité constitue presque toujours un cas de divorce. Donc, avoir un enfant pour la femme burundaise garantit son installation dans la famille de son mari. Pour ROZIER R. (1975, p.93) «la femme tant qu'elle n'a pas encore procrée est considérée comme quelque chose de peu d'importance, ou plutôt d'inachevée. Par la suite, plus elle a des enfants, plus son importance sociale croîtra.» Grâce à l'enfant qui naît, la femme réalise pleinement son intégration sociale au sein de sa belle-famille.

Dans le Burundi traditionnel, non seulement l'enfant intègre officiellement la mère dans la société, mais aussi et surtout la femme acquiert le droit à l'honneur réservé à d'autres mères. La femme est honorée à partir de sa descendance. C'est pourquoi dans les différentes berceuses, la mère évoque souvent des sentiments de profonde reconnaissance envers l'enfant qui l'a hissée au rang des mères. Selon RODEGEM F.M. (1973, p.176), en berçant son bébé, la femme burundaise dira: « Hora se ndakwinginge, wanshize mu bavyeyi, kera narabatinya» qui signifie «Calme-toi, toi qui m'a hissée au rang des mères, jadis j'avais peur de les approcher». Toutefois, l'intégration devient plus réelle lorsque la femme met au monde des enfants de sexe masculin. Le motif de cette assurance est que lorsqu'elle a des fils, ces derniers prendront le nom de la famille et la mère qui est liée fortement à sa progéniture est véritablement intégrée dans sa belle-famille.

2.4.3. L'héritage de la richesse familiale

Le rôle de l'enfant ne se limite pas à la seule source d'honneur à la famille et au statut définitif de la mère, il sert également comme héritier de la famille. Dans la société burundaise, personne ne souhaite qu'après sa mort ses richesses tombent dans les mains d'autres enfants que ceux de sa descendance. Cela explique pourquoi les filles ne sont pas considérées comme des enfants de leur propre famille mais de la famille de leur mari. Le sexe masculin est beaucoup apprécié par les Burundais. Selon NAVAS J. et al. (1977, p.52), « le garçon unique héritera de la propriété familiale et pourra engendrer des garçons et filles que son père n'a pas eu, assurant ainsi la continuité de la lignée». Ces auteurs trouvent que certains parents préfèrent une famille pauvre avec un enfant mâle qu'à une famille riche avec des filles seulement.

D'après SABIMBONA S. (1989, p.32), on distingue deux types d'héritiers: «Traditionnellement, il existe deux catégories d'héritiers : les héritiers légitimes et les héritiers irréguliers. Les héritiers légitimes sont ceux qui sont unis au défunt par un lien de parenté légitime. Les héritiers irréguliers sont des successeurs qui ne sont pas unis au défunt par un lien de parenté.» En analysant ces deux catégories d'héritiers, nous constatons que les fils constituent les héritiers légitimes. Ce système de succession émane de la tradition patriarcale qui attribue au garçon uniquement le droit à la succession en minimisant la valeur de la fille. Comme le souligne le PNUD (1999, p.21) l'homme et la femme burundais n'ont pas les mêmes droits : « Juridiquement, sous certains aspects, les femmes burundaises ne jouissent pas pleinement des mêmes droits que les hommes.» Par exemple, les filles burundaises ne sont pas envoyées à l'école au même rythme que les garçons; car certains parents pensent que même si les filles fréquentent l'école, il n'y aura pas d'intérêt pour eux. Par conséquent, les droits d'accéder aux différentes fonctions publiques ou privées deviennent limités. La vocation successorale est patrilinéaire et consacre le privilège de la masculinité. En définitive, c'est la structure sociale qui est à la base de cette inégalité. Ainsi, le patriarcat favorise le sexe masculin.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus