2.4. La valeur et le
rôle de l'enfant dans la famille
Dans la littérature burundaise, on entend chanter et
dire les berceuses et les mots en s'adressant à une femme qui a mis au
monde.D'abord l'enfant est considéré comme une source d'honneur
à la famille. Ensuite, c'est lui qui donne le statut définitif de
la mère et qui la fait respecter. Il est enfin celui qui
héritera, après la mort de ses parents, la richesse familiale.
2.4.1. L'enfant comme source
d'honneur à la famille
L'enfant est une source de joie dans la famille. Son absence
peut parfois être à l'origine de mésententes entre les
conjoints et toutes leurs familles en général. Ainsi, BIGANGARA
J. B. (1986, p.143) explique les conséquences de cette absence :
«L'enfant offre un plaisir pour la famille, tandis que son absence
constitue une pomme de discorde, voire même l'origine de la dislocation
de la famille.» L'enfant est en outre porteur du bonheur familial car
celui-ci crée un climat de gaité dans la famille. C'est pour
cette raison qu'un couple sans enfant paraît comme un couple malheureux,
sans joie. Mais la valeur que les Burundais traditionnels accordaient à
l'enfant était sociale et économique. S'ils souhaitaient
beaucoup d'enfants, c'est parce qu'ils savaient que ceux-ci les aideraient une
fois devenus adultes et ils voulaient être honorés par les autres
parce que le nombre élevé d'enfants était parmi les
facteurs de prestige. C'est ce qui a été affirmé par
BIGANGARA J.B. (1986, p.92) quand il écrit
ceci : «L'enfant est un don donné dans
l'intimité de l'amour conjugal, il est conçu dans le sein
maternel. Ce don est le trésor, le plus précieux mais aussi
délicat.» Un homme heureux était celui qui avait
beaucoup d'enfants et plusieurs vaches. Pour NOTHOMB D. cité par
NIYIBIZI S. (2003, p.12), «les hommes ne sont pas vraiment dignes
d'honneur et de respect que dans la mesure de l'abondance de
progéniture.» Le nombre d'enfants dans la famille burundaise
est un aspect qui préoccupait beaucoup de gens car on attachait trop
d'honneur à une famille nombreuse qu'à une famille
réduite.
Malgré les changements observés tant au niveau
de la mentalité des gens qu'au niveau de l'économie, l'enfant
garde une place de choix dans la famille burundaise. Par ailleurs, les enfants
sont objets de prestige et d'orgueil pour les parents. Pour ERNY P. (1968,
p.84) « être sans enfant, c'est comme être nu, sans
défense ni prestige.» Traditionnellement comme aujourd'hui, le
but primordial de se marier, pour les Burundais, reste la procréation.
Les Burundais considèrent que le riche sans descendance travaille pour
les autres, et celui qui travaille pour les autres n'a pas d'honneur.
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