2.3. La structure
patriarcale
Le patriarcat est une organisation familiale et sociale
basée sur l'autorité du père. Il est un système
social dans lequel l'homme, en tant que père, est dépositaire de
l'autorité au sein de la famille ou plus largement au sein du clan.
Ainsi, le statut social du père diffère de celui de la
mère dans une société patriarcale.
2.3.1. Le statut social du
père
En tant que système de structure et de relations
sociales, le patriarcat fait que le travail soit subdivisé entre les
hommes et les femmes. Le pouvoir est détenu par le père au sein
d'une famille. Tout le trésor familial est aux mains du père car
il est le chef de la famille. C'est lui qui détient la parole dans
toutes les cérémonies familiales. Certaines expressions montrent
sa puissance par rapport aux autres membres de la famille. Par exemple, on dit
que « Inkokokazi ntibika isake iriho» pour dire que la
femme ne peut pas prendre la parole en présence de son mari.
Le père de la famille est aussi souverain, celui qui
assure la sécurité et le développement familial. Ainsi,
les Burundais disent que « Urugo rutagira umugabo
ntakitarukengera», pour dire que seuls les hommes luttent contre le
mépris et garantissentl'honneur à la famille. Dans la
société patriarcale, les enfants, fils et filles, ne
reçoivent pas la même éducation. L'éducation des
fils est surtout à la charge du père, qui les prépare
à être des hommes honnêtes, courageux, fidèles, les
hommes de conseil, de parole, qui savent acquérir honnêtement des
richesses. L'éducation des filles est assurée par la mère
qui les prépare surtout à respecter leurs futurs maris. A ce
moment-là, à partir des travaux de chacun des parents, le fils
s'identifie à son père, la fille à sa mère.
2.3.2. Le statut social de la
mère
Certaines pratiques liées à la tradition
patriarcale discriminent la femme au Burundi comme ailleurs. Considérant
la réalité burundaise, quelques exemples montrent combien la
femme est victime des préjugés sociaux entretenus par le
système patriarcal. Ainsi, selon le dicton burundais, on dit que la
fille ne siffle pas, car c'est porter malheur à son père. Il est
interdit aux hommes de coucher avec leurs femmes la veille de la pêche,
de la culture des abeilles car ils n'y réussiraient pas. D'autres
expressions dévalorisantes sont utilisées dans le but de salir
l'identité de la femme. Quand on dit, par exemple, «umugore
ntabanga», pour dire qu'on ne peut entretenir un secret avec une
femme. La société patriarcale a mis en place tout un ensemble
d'attributs sociaux qui favorisent l'homme en discriminant la femme. Pour
assurer le respect de la femme envers l'homme par exemple, selon le dicton
burundais, la culture interdit à la femme burundaise d'appeler le mari
par son nom, de le fixer du regard, d'utiliser certains instruments comme
Inanga, Intahe qui signifient respectivement la cithare, la baguette
des notables qui symbolisent la puissance de l'homme en famille.
Cette discrimination faite aux femmes se retrouve aussi dans
d'autres pays du système patriarcal. En effet, une étude
réalisée au Kenya (1998, p.24) indique que «les
femmes sont des mineures tout au long de leur vie, elles changent de tuteur en
passant de leurs pères à leurs maris et elles sont des
perpétuelles déshéritées.» Les femmes ont
été discriminées depuis longtemps même si elles
cherchent à s'émanciper aujourd'hui. Selon MILL J.S.(1975,p15),
«s'il y a un mot de vrai dans l'histoire, les femmes ont
été de tout temps sur presque toute la surface du globe d'humbles
compagnes, des jouets, des captives, des servantes, des bêtes en somme
sauf dans quelques sociétés heureuses et très
civilisées où elles sont littéralement réduites
à l'état d'esclaves même dans les pays où elles sont
le mieux traitées, les lois leur sont en général
défavorables sur presque toutes les questions qui les concernent au plus
haut point.» Selon la division des tâches, les hommes se
considèrent comme les seuls responsables des biens familiaux mais en
réalité les femmes contribuent beaucoup au développement
de l'économie familiale.
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