2.2.2. La sélection du
sexe des enfants chez les Asiatiques et les Européens
Cette préférence pour les garçons se
retrouve au Burundi comme ailleurs dans d'autres pays. Ceci s'observe à
partir des procédés magiques qui ont été
utilisés pour exprimer le sexe de l'enfant souhaité. Les
procédés mis en place sont liés à des croyances
minimisant le sexe féminin et rendant la fille inférieure au
garçon suite à la division du travail. Ainsi, selon ANTHONY E.J.
et KOUPERNICK C. (1970, p. 160), «il semble que les Arabes se
désolent quand une femme donne le jour à une fille. Les Juifs
orthodoxes de leur coté remercient Dieu dans leur prière de
n'être pas nés femmes.» Selon les divers proverbes de la
sagesse asiatique tirés dans une publication de l'ONU (2007, p.11),
«avoir un filsest de bonne économie et de bonne politique, et
serait aussi essentielle que se nourrir au moins une fois par jour».
Comparée à «un lever du soleil dans la demeure des
dieux», la naissance d'un garçon donne lieu à de
nombreuses célébrations. Selon la même source, pour les
filles, en revanche, les axiomes sont bien différents : en arabe,
Abu-banat (père de filles) est une insulte. De même selon
un adage indien, «élever une fille c'est arroser le jardin du
voisin.»
Le concept de préférence pour les garçons
existe sous différentes formes et dans de nombreuses cultures. Il
incombe souvent aux fils de prendre soin de ses parents vieillissants et de les
soutenir durant leurs derniers jours. Cette préférence pousse
les êtres humains à avoir recours à des
procédés magiques pour exprimer le sexe souhaité de
l'enfant à moitié. Selon SPENCER C. et al. (2006, p.187), «
dans l'Europe médiévale, les futurs parents devaient placer
un marteau sous leur lit pour les aider à concevoir un garçon ou
une paire de ciseaux pour concevoir une fille.» Les pratiques
basées sur la croyance ancienne que le sperme du testicule droit
engendre une descendance mâle alors que celui du testicule gauche
engendre des femelles étaient aussi efficaces. Selon également
SPENCER C. et al. (2006, p.187), « dansla Grèce
ancienne, les hommes devaient s'allonger sur le coté droit
pendant les rapports sexuels pour concevoir un garçon. Jusqu'au 18e
siècle, les hommes européens devaient éliminer leur
testicule gauche pour augmenter leurs chances d'avoir un héritier
mâle».
Dans certaines cultures, les efforts pour contrôler le
sexe de la descendance prennent un aspect plus sordide : l'infanticide
des filles. Plus récemment, selon SPENCER C. et al. (2006, p.187),
« l'avortement en fonction du sexe a remplacé bon nombre de
filles. L'amniocentèse et l'échographie sont devenues des
entreprises lucratives qui permettent une détermination prénatale
du sexe.» Selon la même source, les études
réalisées en Inde montrent que des centaines de milliers de
foetus seraient avortés chaque année en raison de leur sexe
féminin.
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