IV. Le pouvoir pathogène :
Les entérobactéries caractérisées
par leur multiplication rapide et leur acquisition fréquente de la
résistance aux antibiotiques, occupent une place importante en
pathologie infectieuse humaine et représentent ainsi la plus grande
partie de l'activité du laboratoire de bactériologie
médicale. Sur le plan de la pathologie humaine, les différentes
espèces d'entérobactéries peuvent être
schématiquement classées en deux principaux groupes :
? Les bactéries pathogènes opportunistes: Les
espèces bactériennes appartenant à ce groupe font partie
de la flore commensale habituelle de l'homme et des animaux. Les infections
bactériennes ont donc généralement un point de
départ endogène et sont très fréquentes. Elles
peuvent être responsables d'infections respiratoires dues a
Klebsiella pneumoniae (hôte des voies respiratoires).
? Les bactéries pathogènes spécifiques: Ces
espèces bactériennes sont strictement pathogènes (Par
exemple: l'ingestion des espèces bactériennes appartenant aux
genres: et vont causer des gastroentérites infantiles, des
diarrhées, des fièvres septicémiques... Et concernant les
entérocoques ; Du fait de leur caractère commensal, il est
parfois difficile, dans un prélèvement superficiel, de distinguer
une infection d'une colonisation (1/3 des isolements). L'infection est plus
déterminée par le terrain que par la nature du germe
[20]. Les entérocoques sont rarement responsable de
septicémies mais représente 10 à 15% des causes
d'endocardites. Il s'agit le plus souvent d'Enterococcus faecalis. Le
risque de greffe infectieuse sur une prothèse valvulaire est deux fois
plus élevé qu'avec les autres germes responsables d'endocardites.
Dans plus d'un tiers des cas, la porte d'entrée est urinaire (infection
urinaire ou complication d'une résection de prostate)
[21].
Les infections les plus souvent causées par ces germes
sont des infections urinaires, des péritonites, des abcès
intra-abdominaux, des bactériémies nosocomiales ou des
endocardites. La porte d'entrée la plus souvent retrouvée est
digestive mais les cathéters peuvent également représenter
une source d'infection en milieu médical [22].
Chapitre I : Les BHRe Page 11
Les bactéries hautement résistantes
émergentes
V. L'épidémiologie des BHRe :
le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique en
France (HCSP) de 2013 sur les BHRe définit ces bactéries et leur
politique de prévention . Dans les BHRe nous retrouvons les
entérobactéries résistantes aux carbapénèmes
(EPC)et les entérocoques résistants aux glycopeptides
(ERG)[23] .
V.1 Les ERG:
V.1.1 Dans le monde:
Les premières souches d'Enterococcus faecium
résistantes aux glycopeptides (ERG) ont été
isolées au Royaume Unis en 1986 et en France en 1987, puis dans les
années 90 aux Etats Unis où elles sont devenues endémiques
et se placent au 3ème rang des bactéries multirésistantes
dans les unités de soins intensifs en 2003[24] .
V.1.1.1 Aux Etats Unis:
Aux Etats Unis, le rapport national « Antibiotic Resistance
Threats in the United States »
du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) de 2013
fait état de 30% de résistance aux glycopeptides pour les
entérocoques.Sur 66 000 infections nosocomiales à
entérocoque, 20 000 sont dues à des entérocoques
résistants à la vancomycine avec un taux de
létalité de 6,5% [24].
Dans descentreshospitaliers aux Etats Unis, certains auteurs
ont même noté l'isolement
à partir des hémocultures de plus de 70% d'ERV
parmi lessouches d'entérocoques isolées [25]. Le
National Healthcare Safety Network des CDC publiait en 2006-2007 des taux de
prévalence pour la résistanceà la vancomycine chez E.
faecium de 80% dans les pneumopathies acquises sous ventilation
[26].
Les recommandations du CDC pour la maitrise des ERG n'ont
été émises qu'en 1995, ce qui a été beaucoup
trop tardif pour enrayer l'épidémie déjà largement
implantée. Un autre facteur pouvant expliquer cette non maitrise est la
surconsommation de la vancomycine notamment dans l'utilisation pour le
traitement des infections à Clostridium
difficile.[27].
Aux Etats Unis et en Europe le type de résistance
prédominant est VanA alors que pour les pays asiatiques et l'Australie,
le phénotype VanB est prédominant [28].
En Amérique latine, la situation a été
très compliquée, avec des taux d'E. faecium
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Les bactéries hautement résistantes
émergentes
résistant à la vancomycine proches des 60% en 1997,
ils ont toutefois réussi à faire diminuer ce taux à 39% en
2002[31].
Figure 1: Evolution de la résistance
à la vancomycine pour les entérocoques (Etats Unis, 1989-2003)
[29].
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