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Dynamique migratoire et processus d'acquisition des terres pour l'installation des refugies


par Chatelain AVORE
Institut des relations internationales - Master 2023
  

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A. Les impacts socio-économiques et environnementaux

Contraints de fuir la violence dans leur pays d'origine, les réfugiés sont des personnes vulnérables qui nécessitent une attention particulière. Après avoir tout abandonné, ils font face à d'énormes difficultés pour survivre et doivent parfois lutter contre des communautés d'accueil réticentes, notamment dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles. Si ce n'est pas de leur faute, on ne peut cacher le fait que cette augmentation démographique a souvent un impact sur les communautés d'accueil, une conséquence que les organisations humanitaires tentent de « compenser » par des infrastructures sociales. Les communautés d'accueil des deux sites étudiés ont admis avoir bénéficié d'un certain nombre d'infrastructures en raison de la présence de réfugiés. Ces communautés démontrent également une bonne coexistence avec les réfugiés.

Cependant, des impacts négatifs sont observables à plusieurs niveaux : foncier, sécuritaire, alimentaire, social et environnemental. Malheureusement, la question sécuritaire (agressions) constitue un défi. Quelques acteurs interviewés estiment que certains réfugiés participent également à l'insécurité qui sévit dans la région de l'Est83. Cette insécurité, conjuguée aux conflits agricoles, empêche les agriculteurs de mener sereinement leurs activités agricoles dans les champs plus ou moins reculés. En conséquence, la sécurité alimentaire de la zone d'etude est menacée. Selon la Commune, Garoua-Boulaï est devenue dépendante de la Centrafrique pour l'approvisionnement en manioc, qui est l'aliment de base dans la région.

Une conséquence significative du camp de Gado-Badzéré, selon Brangeon et Bolivard, concerne la réduction de la superficie des terres arables et des pâturages disponibles dans la zone. En effet, l'emplacement même du camp (choisi par le gouvernement) pose un problème,

83 Agressions, coupeurs de route.

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car il a été construit sur des terres cultivables précédemment utilisées par les communautés avoisinantes pour cultiver le sorgho84.

De plus, autour du camp se trouvaient autrefois d'importantes zones de pâturage. De même, plusieurs personnes interrogées ont indiqué que les anciens utilisateurs des terres étaient confrontés à une réduction des rendements et, par conséquent, à certains cas d'insécurité alimentaire. Cela conduira à un exode vers les campagnes des jeunes membres des familles concernées, qui ne disposent de ces parcelles que comme moyen de subsistance. Ceux qui avaient utilisé les terres cédées au camp de réfugiés de Gado ont été contraints de les louer ailleurs en raison de la rareté des terres fertiles et de l'augmentation naturelle de la population associée à l'arrivée de personnes vulnérables (réfugiés. Le Département du Mayo Tsanaga compterait en effet 4 950 réfugiés hors camp85.

Le déplacement à long terme a imposé un fardeau imprévu aux communautés d'accueil. Cela se manifeste de différentes manières. Face au déplacement prolongé, les services d'hébergement sont en effet devenus des occupations sans aucune forme d'aménagement ni de location. Cette situation conduit à la détérioration des relations sociales entre la communauté d'accueil et les personnes en situation de déplacement, surtout que certains déplacés reçoivent de l'aide humanitaire alors que les familles, qui les ont accueillis et ont partagé leurs ressources au départ, n'ont pas vu leurs revenus augmenter86.

La norme Sphère traite de l'impact environnemental des résidences des réfugiés et les met en évidence comme des actions importantes à travers le standard 7 sur les abris, les établissements humains et la durabilité environnementale : évaluation et gestion globales de l'environnement. La restauration et l'amélioration de la valeur écologique des abris et des habitats. Malheureusement, les questions environnementales, traditionnellement considérées comme le travail des acteurs du développement, ont encore peu retenu l'attention des acteurs humanitaires. Dans le contexte de la gestion des crises, l'environnement est encore largement perçu comme une préoccupation coûteuse et peu prioritaire qui nécessite des compétences techniques non disponibles pour les organisations humanitaires. Cependant, le blocage est

84Brangeon S. et Bolivard E., L'impact environnemental du camp de réfugiés de Minawao : L'impact environnemental de la crise migratoire à l'Extrême-Nord du Cameroun et la prise en compte de l'environnement par les acteurs humanitaires, URD, 2017

85OIM, Cameroun, Extrême-Nord : Rapport sur les déplacements, Round 20, du 25 Novembre au 06 Décembre 2019.

86NRC, Déplacement forcé et accès au logement, à la terre et à la propriété : Cas de l'Extrême-Nord du Cameroun, 2018.

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avant tout dû à des problèmes culturels dans le secteur qui recréent la crise d'une même pratique.

Les acteurs humanitaires ont mis sur place des actions pour réduire l'impact environnementale, celles-ci s'ancrent davantage dans une approche « réparatrice » qu'«anticipative »87. Selon l'arrêté N°0070/MINEP du 22 Avril 2005 modifié par l'Arrêté N°00001/MINEPDED du 8 Février 2016 fixant les catégories d'opérations dont la réalisation est soumise à la réalisation d'une Evaluation Environnementale Stratégique ou d'une Etude d'Impact Environnementale Social, l'installation du camp de Gado-Badzéré aurait dû être soumise à une Etude d'Impact Environnemental. Car, l'installation de recasement des populations (Article 4-II-B-5) fait partie des projets qui doivent être soumis à une Etude d'Impact détaillée88., si cette étude avait été réalisée au préalable, Il aurait été opportun de communiquer les résultats à la population hôte dans le but de permettre à ces populations hôtes, de donner leur consentement et d'apporter des contributions dans la quête des solutions durables afin d'installation et l'intégration plus facilement les réfugiés.

B. La question d'intégration des réfugiés dans la localité de Gado

Dans la perception locale, les réfugiés sont des invités qui retourneront dans leur pays d'origine une fois la situation serait stabilisée. Cependant, le temps moyen pendant laquelle les gens se trouvent en situation de déplacement n'a cessé d'augmenter au fil des ans. La « normalisation » peut prendre des dizaines d'années et, dans certains cas, rester élusive de manière non définitive. Il est démontré que des personnes ayant vécu loin de leurs pays pendant de plusieurs années auront beaucoup plus difficultés à avoir accès à la terre à leur retour. L'intégration locale est donc parfois la seule voie d'issue pour certains réfugiés. Dans la région de l'Est Cameroun, la population de réfugiés est plus importante que la population d'accueil. Il y a des centaines de villages d'installation des réfugiés à l'Est Ceci constitue une occupation de terres importante.

De plus, une faible proportion de réfugiés vivant dans des camps (le reste des cas) choisit souvent de s'intégrer dans le pays d'accueil. Selon les chiffres du HCR au 31 décembre 2019, 3 309 réfugiés centrafricains ont été pris en charge par le HCR et les gouvernements du

87Brangeon S. et Bolivard E., L'impact environnemental du camp de réfugiés de Minawao : L'impact environnemental de la crise migratoire à l'Extrême-Nord du Cameroun et la prise en compte de l'environnement par les acteurs humanitaires, URD, 2007.

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Cameroun et de la RCA, retournant volontairement dans la sécurité et la dignité, prévu pour 4 000 en 2019. Il représente 82 % des réfugiés humains.

Selon le principe du retour volontaire, les pays d'accueil, notamment le Cameroun, sont intéressés à favoriser l'intégration régionale des réfugiés non-rapatriés, ces derniers ayant souvent besoin de terres comme la majorité vit en milieu rural. La réforme agraire doit donc en tenir compte. Par conséquent, il est important de définir des lignes directrices claires pour la mise en oeuvre de l'intégration locale. Celles-ci doivent souligner la nécessité d'impliquer correctement les habitants du pays d'accueil dans la discussion sur le potentiel d'intégration locale afin d'assurer un large consensus. En outre, le droit au logement des réfugiés consiste à garantir un logement sûr afin que les réfugiés puissent vivre sans crainte d'expulsion. Cependant, cette certitude ne signifie pas nécessairement la persistance ou le titre de propriété.

SECTION 2 : RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN COMPTE DU DROIT FONCIER DES REFUGIES ET DES COMMUNAUTES D'ACCUEIL

L'Etat du Cameroun a des obligations à l'endroit des deux groupes d'acteurs : personnes déplacées (réfugiés) et communautés d'accueil. De ce fait, il est important que des mesures soient prises pour que les deux parties jouissent simultanément de leurs droits fonciers, d'où les recommandations suivantes : du gouvernement en faveur des refugié et des communautés hôtes (paragraphe 1) et du HCR, en faveur des autres acteurs humanitaires (pargraphe2).

PARAGRAPHE 1 : Au Gouvernement, en faveur des réfugiés et des communautés hôtes Nous allons dans un premier temps analyser les obligations du gouvernement en faveur des réfugiés(A) et dans un deuxième temps au gouvernement en faveur des communautés hôtes(B).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery