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Dynamique migratoire et processus d'acquisition des terres pour l'installation des refugies


par Chatelain AVORE
Institut des relations internationales - Master 2023
  

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A. Implication des communautés hôtes dans le processus d'attribution des terres

Après quelques violences dues à la première vague de réfugiés centrafricains à l'est, certaines autorités traditionnelles du village voisin de Garoua-boulai ont refusé d'accueillir la vague de 2013. En conséquence, l'autorité traditionnelle de Gado a dû accepter de lui donner par écrit. Ce soutien était davantage motivé par l'engagement du HCR envers les avantages ou les opportunités de l'existence des réfugiés dans la construction d'infrastructures sociales (santé, éducation, eau potable, etc.).

Malheureusement, ce consentement a été donné sans consultation appropriée avec une communauté plus large et des femmes âgées qui ont utilisé des terres précédemment abandonnées. Ces derniers savaient seulement qu'ils quittaient le pays pour une bonne raison sans compensation car la loi ne considérait pas la friche comme un développement. Dans l'Extrême-Nord, force est de constater qu'une des autorités traditionnelles hésitait à quitter les terres qui avaient largement bénéficié de la culture du coton et du mil en raison de la présence des autorités administratives et des autorités traditionnelles hiérarchiquement supérieures.

À Gawar, les auditions populaires ont été privilégiées par rapport aux auditions de célébrités car elles sont considérées comme des représentants du peuple. Cependant, lors de petites discussions avec des personnes directement affectées par la communauté, ils ont exprimé leur mécontentement face à la perte de terres. Enfin, elle s'est laissé convaincre en faisant prendre conscience des opportunités qu'offre la présence des réfugiés en termes d'infrastructures sociales (eau, électricité) et de travail. Cependant, il est dommage qu'une telle promesse n'ait pas été mentionnée dans des documents tels que des notes de service et des cahiers des charges. Lors de la collecte des données, des individus rencontrés au sein de la population hôte se sont plaints de la lenteur de la réalisation de certaines promesses (eau et électricité) faites par le HCR lors de la mise en place du camp.

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Les conflits sont moins fréquents dans le contexte de richesse foncière relative, comme dans l'Est du Cameroun. Dans les situations où les terres fertiles sont rares, comme dans l'Extrême-Nord du Cameroun, le consentement de la population hôte est présenté comme un facteur fondamental à considérer et le principe d'innocuité (Do no harm)72 doit être revisité et démontré par l'organisation afin de construire une infrastructure d'accueil pour les réfugiés.

Dans le manuel des urgences du HCR, la consultation et la participation des communautés est encouragée, en particulier au moment de la mise en place des camps et de la préparation de leur fermeture. Il est par exemple dit dans le Camp strategy guidance (planned settlements, HCR) qu'il faudrait considérer la consultation de plusieurs parties prenantes lors de la mise en place d'un camp telles que : les agences de gestion des camps, les autorités nationales, divers représentants des réfugiés et communautés hôtes incluant les Hommes, les garçons et les filles, (santé, eau, hygiène et assainissement, sécurité, logistique, éducation, protection) et de l'agences de Nations Unies, ou les ONG, les experts techniques, y compris ceux en gestion des terres et en droits coutumiers.

Le but de la consultation est, entre autres, lié à la décision sur l'emplacement et l'installation du stockage afin d'obtenir des informations précises sur les facteurs énumérés dans le tableau 1. Compte tenu des impacts environnementaux et sociaux potentiels de la construction du camp, aucun consentement libre et éclairé des résidents (CLIP) n'est requis pour transférer le terrain. Le HCR, qui assiste les pays dans la prise en charge des réfugiés, se réfère aux procédures et lois établies par le pays d'accueil. Cependant, le Cameroun n'est pas clairement conscient des droits coutumiers de la communauté et ne prévoit pas le mécanisme de consultation dans l'attribution des terres aux projets.

Comme le soulignent Dryden Peterson et Hobir, les communautés qui jouent un rôle important dans l'intégration des réfugiés par le biais d'institutions sociales et culturelles sont souvent censées s'engager auprès des acteurs politiques du pays d'accueil, en restant à l'écart des discussions sur les solutions permanentes. Néanmoins, ils jouent un rôle important en

72Ne pas nuire : Dans certains contextes, une intervention humanitaire, en matière d'abris, peut entraîner l'expulsion de groupes vulnérables. Dans d'autres, faire valoir la sécurité de l'occupation foncière peut accroître le risque d'expulsion pour les groupes vulnérables. Une approche raisonnable et Prudente permettra d'identifier les risques en matière de sécurité d'occupation encourus par les différents groupes. Dans certains cas, lorsque ces risques sont trop importants, il est préférable de ne rien faire du tout (Normes sphères abris et habitats).

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garantissant l'accès aux moyens de subsistance des réfugiés. Il est donc important de les impliquer dans la recherche d'une solution durable pour les réfugiés73. .

En fait, les Directives volontaires de la FAO promeuvent la consultation et la participation comme l'un des principes généraux pour la mise en oeuvre d'une bonne gestion des terres, déclarant qu'il faut tenir compte de leur soutien et de leurs contributions. Elle tient compte du déséquilibre des pouvoirs entre les différentes parties et assure la participation active, libre, efficace, utile et éclairée des individus ou des groupes au processus décisionnel.74

B. Compensations pour les pertes relatives aux mises en valeur des terres et sort de la terre après le départ des réfugiés

Dans les deux cas enquêtés, la perte de terrain n'a pas été indemnisée par la municipalité. A Gado-Badzéré, aucun développement en vertu de la loi foncière camerounaise n'a été observé au moment de l'acquisition des terres. Le Maire de Garoua-boulai a également souligné que la sélection des sites avait été faite avec ce critère à l'esprit pour éviter des conflits juridiques dans des situations imprévues telles que l'arrivée de réfugiés. Cependant, selon une interview, certaines parties du pays étaient des friches pour les femmes âgées.

Dans le village de Gado-Badzéré, des discussions avec la communauté ont révélé que l'attribution des installations qui fonctionnent actuellement comme centres de transit pour les réfugiés n'est pas soumise à une consultation préalable avec la communauté d'accueil. En fait, le terrain, autrefois utilisé par Jauro (le chef du district), représente une perte énorme pour lui. Il y cultive du mil, avec une production annuelle atteignant 25 sacs de 100 kilogrammes et du coton avec un potentiel de rendement de 450 000 FCFA/ an en moyenne75 (cette perte n'a pas été compensée).

Le HCR ne compense pas l'acquisition de terres et considère l'infrastructure établie comme une compensation pour la communauté d'accueil. De plus, tous les projets sont conçus et mis en oeuvre en gardant à l'esprit les ratios des bénéficiaires suivants : 70% pour les réfugiés et 30% pour les communautés d'accueil76. Cette politique du HCR vise à empêcher que les réfugiés soient perçus comme ceux qui viennent conquérir la terre, et non comme ceux qui en

73 Dryden-Peterson et Hovil, local integration as a durable solution: Refugees, host population and education in uganda. New issues in refugees research, PDES Working Paper N°93, 2003.

74 Idem.

75 Enquête de terrain juin 2021

76 Idem

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profitent. Mais la question demeure. Les personnes ayant perdu des terres ciblent-elles la part de 30 % allouée à la communauté d'accueil ?

Les communautés qui ne pouvaient pas obtenir de compensation pour le terrain sans un certificat formel de propriété de l'espace réclamaient des avantages en nature tels que l'eau potable, le grenier, l'accès à l'électrification. Lors de l'examen de l'impact, il est considéré en termes d'économie et de services du pays ou de la région d'accueil, plutôt que des divers individus ou groupes dans le pays d'accueil77. Il en va de même pour les compensations ci-dessus (infrastructures construites par le HCR). Cependant, gardez à l'esprit que la communauté d'accueil n'est pas uniforme.

Comme le souligne Chambers, les populations hôtes les plus pauvres peuvent être des perdants cachés dans les zones rurales qui acceptent des réfugiés, en particulier dans les zones où les terres sont rares et la main-d'oeuvre relativement abondante. Les hôtes pauvres peuvent perdre la concurrence pour la nourriture, la main-d'oeuvre et les ressources communes. Les hôtes vulnérables n'ont pas les mêmes opportunités que les réfugiés qui peuvent envoyer leurs proches les plus vulnérables dans des camps et des installations de réfugiés pour obtenir de l'aide78. Les hôtes, n'ont pas la même possibilité d'obtenir de la nourriture gratuitement que les réfugiés. Ils n'ont généralement pas de filet de sécurité. Ils ne peuvent pas se rendre dans des camps ou des colonies pour obtenir de la nourriture, des outils ou des semences.

Conclusion

Arrivé au terme de ce chapitre, l'objectif était d'analyser le processus de sélection et d'acquisition des terres pour l'installation d'un camp pouvant abriter les réfugiés (dans la marge Est de la région de L'Est Cameroun). Il ressort qu'avant l'arrivée et la sélection des camps, l'espace identifié était vide, c'était des sols en jachères et d'autres partie étaient réservées ou tenaient lieux de marché de bétail, qui avait en effet été délocalisé par manque de titre foncier. Cependant, ces lieux (marchés de bétails) étaient considérés comme faisant partie du domaine national libre de toute occupation, proposé au HCR par l'Etat. Ces terres, devraient en principes répondre à certains critères que nous avons énumérés : le niveau d'éloignement

77Chambers R, Hidden Losers? The Impact of Rural Refugees and Refugee programs on Poorer Hosts, 1986. 78 Ibid.

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de la frontière avec les pays d'origine, la sécurité, la viabilité, l'accessibilité et le degré d'hospitalité des Communautés hôtes.

CHAPITRE IV : DIFFERENTS MODES D'ACQUISITION DES TERRES PAR LES RÉFUGIÉS AU DE-LÀ DES CAMPS ET RECOMMANDATIONS

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Introduction

De façon générale, l'acquisition d'une terre recouvre de multiples formes. Elle renvoie au fait de devenir propriétaire d'un bien moyennant une contrepartie, entre personne vivante. Elle peut découler d'un contrat de vente ou de donation, un échange etc. Dans le cadre de ce chapitre, nous allons analyser les différents modes ou procédés par lesquels les réfugiés ont accès aux terres dans et en dehors des camps pour leur installation (Section 1). Pour cela, nous allons analyser les normes et pratiquent d'accès aux terres par les réfugiés, les facteurs qui entravent à leur installation et quelques recommandations pour la prise en compte du droit foncier, des refugies et des communautés d'accueils (Section 2).

SECTION 1 : LES DIFFÉRENTS MODES D'ACCÈS AUX TERRES PAR LES RÉFUGIÉS AU DE-LÀ DES CAMPS ET QUELQUES IMPACTS LIÉS À LEURS INSTALLATION

Au de-là des camps, les réfugiés sont le plus souvent confrontés à certains litiges fonciers avec la population hôte. Néanmoins, ils parviennent à accéder aux terres selon certains modes bien déterminés, pour satisfaire leurs besoins agricoles, ou faire de l'élevage. D'autres y accèdent pour se loger. Dans cette section, il sera important pour nous de présenter au préalable les différents modes par lesquels les réfugiés ont accès aux terres à Gado-Badzéré (paragraphe 1) et de montrer les impacts sociaux et économiques liés à l'installation des réfugiés à Gado-Badzéré (paragraphe 2).

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite