WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dynamique migratoire et processus d'acquisition des terres pour l'installation des refugies


par Chatelain AVORE
Institut des relations internationales - Master 2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion

Dans ce chapitre, il était question pour nous d'analyser les logiques d'installations des réfugiés dans la localité de Gado-Badzéré, et les normes édictées par l'Etat du Cameroun dans l'encadrement des refugies règlementant les questions foncières. Après plusieurs recherches sur le terrain auprès des personnes ressources et la recherche via les documents, nous avons observé un vide juridique ou du moins, un flou sur les modalités d'accès au foncier par les réfugiés dans un contexte où les ressources foncières sont considérées, comme des ressources communautaires sous la gestion du responsable communautaire. C'est ce qui justifie une diversité de pratiques sur le terrain pour l'accès à la terre par les réfugiés, y compris pour les camps et sites d'installation et leur insécurité foncière.

47

63 Décret N° 77/245 du 15 Juillet 1977 portant organisation des Chefferies Traditionnelles

DUXIEME PARTIE : PRATIQUES DE L'ATTRIBUTION ET DE LA SÉLECTION DES SITES DE RÉFUGIÉS SUR LE TERRAIN

48

La deuxième partie de ce mémoire est constituée de deux chapitres (3 et 4). L'un met un accent sur le processus de sélection des sites pouvant abriter les réfugiés, l'autre, présente les différents modes d'acquisition des terres par les réfugiés au de-là des camps.

Le chapitre 3 analyse le processus de sélection des sites qui sous-tendent l'usage des terres avant l'arrivée des réfugiés et les critères de sélection dudit site pour l'installation des réfugiés. Ensuite, les mécanismes d'acquisition des terres pour l'installation des camps pour abriter les réfugiés ce qui fait allusion à l'implication des communautés hôtes dans le processus d'attribution des terres et la compensation pour les pertes relatives aux mises en valeur des terres.

Le chapitre 4, quant à lui, fait une analyse sur les différents modes d'acquisition des terres par les réfugiés au-delà des camps. En effet, dans ce chapitre, nous allons identifier les différents modes d'accès aux terres par les réfugiés et pour finir énumérer quelques impacts lies à leurs installations et des recommandations.

CHAPITRE III : LES MÉCANISMES DE SÉLECTION ET D'ACQUISITION DES TERRES POUR INSTALLER ET ABRITER LES RÉFUGIÉS

49

Introduction

Ce chapitre propose de décorer le processus de sélection et d'acquisition des terres pour l'installation des réfugiés. Dans un premier temps, nous passerons en revu le processus de sélection des sites et nous y analyserons deux axes : l'usage des terres avant l'arrivée des réfugiés, les acteurs et les critères de sélection des sites pour abriter les réfugiés (Section 1). Dans un deuxième temps, nous nous attarderons sur le processus d'acquisition des terres pour installer les camps de réfugiés. Pour cela, nous allons présenter l'implication des communautés hôtes dans le processus d'attribution des terres et la compensation pour les pertes relatives aux mises en valeur et aux terres (Section 2).

SECTION 1 : PROCESSUS DE SÉLECTION DES SITES POUR L'INSTALLATION DES REFUGIÉS

Les principales parties prenantes au processus de sélection sont les autorités administratives (Préfet et Sous-préfet) qui sollicitent les autorités traditionnelles, suite à une demande préalable du HCR. L'État, à travers ces autorités, identifie et propose un site au HCR qui s'assure de sa viabilité selon les normes sphères Abris et Habitations. Les Standards minimums Sphère en matière d'abris et d'habitat constituent une expression pratique du droit à un logement décent dans les contextes humanitaires. Dans cette partie, l'on fera d'abord un aperçu sur ce à quoi servait les terres avant l'arrivée des réfugiés (paragraphe 1) et en suite faire un état sur le Processus de sélection du site devant abriter un camp de réfugiés (paragraphe2).

PARAGRAPHE 1 : Usage des terres avant l'arrivée des refugiés

Parler de l'usage des terres avant l'arrivée des réfugiés revient d'abord à décrire la zone d'etude (A) et ensuite faire une analyse cadrée sur ce à quoi servait les terres avant l'arrivée des réfugiés (B).

A. Description de la zone d'étude

Dans le cadre de cette étude, une zone a été sélectionnée pour observer les processus d'attribution des terres pour l'installation des camps de réfugiés, l'accès à la terre par les réfugiés au-delà des camps et des sites d'installation. Il s'agit de la zone de Gado-Badzéré à l'Est.

Gado-Badzéré est une localité située à 35 Kilomètres de Garoua-Boulaï, département du Lom et Djerem, région de l'Est du Cameroun, située sur le corridor Bangui Douala, point de contact entre le Cameroun et la RCA, est ainsi devenue l'un des lieux privilégiés d'accueil des réfugiés provenant de la RCA alors confrontée à une importante insécurité liée à l'action de coupeurs de route et des groupes rebelles.

Ouvert le 1er mars 2014, le camp de Gado-Badzéré comptait 17 959 réfugiés au mois d'octobre de la même année. En 2016, ce chiffre s'élevait à 22 876 pour s'établir en fin 2017 à 24 365 pour 7778 ménages de 3 individus en moyenne. Les femmes représentaient 53% de cet effectif et les jeunes de moins de 18 ans, 59%. Le profil ethnolinguistique du camp est étroitement associé aux incidences des crises politiques en RCA qui ont souvent affecté de manière spécifique certaines « communautés ». Aussi en avril 2017, 93% des réfugiés présents dans le camp revendiquaient une appartenance peule et 2,5% une appartenance haoussa. Plus de 9 réfugiés sur 10 étaient de confession musulmane. Le gros du contingent de ces réfugiés (67%) provenait des préfectures centrafricaines de Nana-Mambéré et d'Ombella-Mpoko. La première est une préfecture contiguë au département du Lom-et-Djerem tandis que la seconde se situe vers le centre de la RCA. Le camp est constitué de tentes (en bâches blanches) fournies par les ONG et quelquefois recouvertes de chaume. Géré par l'ONG Première Urgence International, le camp subdivisé en deux secteurs : Gado 1 et Gado 2.64

50

64 Enquêtes, HCR, 2014 ; 2015

51

Juin 2021 photo Google Earth

Photo 2: Vue du Camp de Gado-Badzéré

En 2003, à la suite du coup d'État perpétré par François Bozizé et de l'intensification du banditisme rural, on a enregistré un premier afflux d'environ 3000 personnes aux frontières camerounaises, dont à Garoua-Boulaï. Il s'agissait d'individus identifiés comme des Peulhs Mbororo et leur arrivée conduisit, quelquefois, à des regroupements affinitaires. Par regroupement affinitaire, il faut entendre une association de personnes basée sur des intérêts communs. Dans le cas d'espèce, les arrivants se sont regroupés en fonction de leur identité culturelle.65

Ces personnes se sont d'abord dirigées vers les espaces ruraux situés autour de centres urbains. Une proportion moins importante s'est orientée directement vers les centres urbains comme Garoua-Boulaï, là où des connaissances, des parents étaient susceptibles de faciliter leur installation et où la sécurité était garantie. L'espace urbain représentait également à leurs yeux, un cadre propice à des occupations professionnelles mêmes précaires. Les premiers dispositifs institutionnels prirent place dans la ville aux fins d'accueil et de prise en charge de ces déplacés.

65Minfegue, « S'engager quand on est réfugié centrafricain à Garoua-Boulai (Cameroun). » Carnets de géographes, 2019.

52

La crise de 2013 en RCA fut marquée par une arrivée plus importante de réfugiés, nécessitant une infrastructure humanitaire de forte capacité. Le fait caractéristique de ce redéploiement humanitaire fut la création du camp de réfugiés de Gado-Badzéré en 2014, situé à environ 30 kilomètres de Garoua-Boulaï66.

Au 30 Novembre 2019, la population du site de Gado s'élevait à 25602 réfugiés centrafricains, soit 7975 ménages à prédominance peuhl (92,9%) et musulmans (98,8%). Ouvert le 1er Mars 2014, le site a actuellement une superficie de 55 hectares. Selon le HCR (document profile du site), la majorité des réfugiés est agro-pasteurs, mais la plupart d'entre eux n'a pas un accès facile aux terres et/ou aux pâturages aux environs du site.

Selon des données HCR de Janvier 2019, la région de l'Est compterait 174 076 réfugiés centrafricains, dont 113 718 réfugiés hors site et demandeurs d'asile (soit 65%).

B. Usage des terres à Gado-Badzéré avant l'arrivée des refugiés

Dans le camp de Gado-Badzéré, région de l'Est, l'espace identifié était « vide » selon les autorités administratives et communales locales rencontrées. En revanche, pour les autorités traditionnelles rencontrées au cours de la collecte des données, une partie était constituée des jachères (sols non utilisés) des vieilles femmes et l'autre partie tenait lieu de marché à bétail qui a été délocalisé. Etant donné qu'il n'y avait pas de mise en valeur évidente et encore moins un titre foncier sur ces terres, l'administration foncière déconcentrée les considère comme faisant partie du domaine national libre de toute occupation. Pourtant, la jachère revêt plusieurs valeurs (voir encadré 3) qui devraient lui valoir une meilleure considération que celle introduite par les colonisateurs (terres vacantes sans maîtres) à travers l'ordonnance impériale de la couronne allemande du 15 Juillet 189667et reprises par le droit statutaire en vigueur

66 Ibid.

67Cette ordonnance, qui définissait la politique foncière allemande au Cameroun, a été prise après le transfert, par les Rois Douala Ndumbé Lobè Bell et Akwa Dika Mpondo, de la souveraineté, la législation et l'administration des territoires camerounais aux firmes commerciales allemandes Woermann et, Jantzenet Thormählenà l'issue du traité Germano-Douala signé le 12 Juillet 1884.

Encadré 1 : Les valeurs de la jachère

53

La jachère occupe une place importante dans le foncier rural et la gestion

foncière. En effet, selon Maiga (1998), les raisons pour lesquelles les agriculteurs

abandonnent la jachère sont :

V' Agro-écologie : la jachère vise à restituer naturellement les éléments nutritifs du sol. Par conséquent, le problème est de créer les conditions d'une

restauration des sols pour augmenter leur fertilité, afin d'augmenter leur

productivité dans le futur ;

V' Troupeaux : jachère pour fournir du fourrage au bétail ;

V' Économique : les jachères fournissent les produits récoltés (bois, fruits, herbes médicinales, etc.) ;

V' Socio-culturel : les terres en jachère constituent un fonds de réserve foncière pour les agriculteurs à utiliser plus tard (dans ce cas, les femmes âgées et leurs descendants).

C'est donc une grave erreur de penser que la friche est inexploitée et dépourvue de

toute occupation.

Il faudrait souligner que la superficie exacte des camps est méconnue par presque tous les acteurs (autorités traditionnelles, communales et administratives). La superficie initiale de Gado serait d'environ 32 hectares selon l'administration foncière départementale et le profil actuel du site laisse entrevoir une extension de 23 hectares pour se fixer à 55 hectares.

A l'Extrême- Nord par exemple, c'était un espace agricole utilisé par des hommes et des femmes des communautés de différents cantons pour la culture du coton, du mil rouge, du mil de contresaison et pour des cultures ligneuses. « Certaines personnes avaient d'ailleurs déjà

54

commencé les semis au moment de l'acquisition »68. Une étude précédente de Brangeon et Bolivard (2017) l'avait déjà relevé en ces termes : « le site a été construit sur des terres cultivables, précédemment utilisées par les communautés avoisinantes pour cultiver le sorgho. De plus, les alentours du camp étaient autrefois des zones de pâturages importantes ». L'espace appartiendrait au canton de Gawar, mais était utilisé par les membres de la communauté de Gadala (y compris le Lawan de Gadala, chef coutumier) qui dépend du canton Matakam Sud.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote