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Dynamique migratoire et processus d'acquisition des terres pour l'installation des refugies


par Chatelain AVORE
Institut des relations internationales - Master 2023
  

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PARAGRAPHE 2 Le droit foncier coutumier camerounais

Les droits fonciers coutumiers font référence à des systèmes de valeurs et de représentations, de règles, de permis et d'interdits, pour l'essentiel non écrits, adossés aux institutions traditionnelles, organisant l'accès et l'usage des terres pour les hommes et les femmes au sein des différentes communautés (A) et des modalités d'accès à la terre dans le système coutumier camerounais(B).

A. Représentation de la terre et modes d'organisation des patrimoines fonciers au sein des communautés

Qu'elle soit désignée, « Lesdi » en Fulfulde ou « Nou » en Gbaya, la terre, patrimoine matériel et immatériel, détermine l'appartenance communautaire et lignagère, tout en favorisant la mobilisation sociale, économique, et culturelle des hommes et des femmes. La terre semble être au centre des conditions humaines à Gado-Badzéré. À partir des données collectées, on peut identifier trois fonctions de la terre :

ü Fonction politique : Pour les dirigeants communautaires, la terre est un symbole d'autorité, la terre représente la zone dans laquelle ils exercent le pouvoir de marquer.

ü Fonction socioculturelle et économique : La terre est la richesse la plus importante que les ancêtres laissent à leurs descendants. C'est en quelque sorte un outil de différenciation et de classement social entre hommes, femmes, enfants du village et même étrangers. En tant que ressource de production pour l'agriculture et l'élevage, la terre permet aux acteurs communautaires de construire une autonomie par la sécurité alimentaire et l'indépendance économique vis-à-vis de la consommation et de la commercialisation des produits issus des activités de production.

En général, les terres communautaires sont divisées en deux catégories : les terres familiales et les terres commune.

La terre familiale est une terre qui a été autrefois conquise « au droit d'une machette ou d'une hache », généralement par le fondateur de la première famille. Par son labeur, il « délimite » un espace, dont l'aménagement marquera la propriété, inaliénable d'un tiers de la communauté. Ceci n'est explicitement documenté nulle part, mais fonctionne comme un indicateur clair de la présence d'un tiers dans l'espace et donc de la propriété d'un tiers. Ces terres sont gérées par des propriétaires familiaux, et peuvent être délimitées par des générations.

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Elles ne sont transmises que dans la lignée familiale. Dans les communautés Peuhle (éleveurs), elles étaient indivisibles, mais progressivement dans les communautés Gbayas (agriculteurs), elles ont été délimitées.

La terre commune, en revanche, est une terre qui, dans les villages, n'appartient manifestement à aucune famille. Elles font partie du patrimoine communautaire. Ces terres sont essentiellement sans ressources ou non développées par des membres individuels de la communauté. Le chef du village est le gestionnaire principal de ces terres. Ils forment des terres de réserve, qui sont utilisées par les fils et filles du village, sous la diligence du chef, pour créer ou agrandir leur ferme. Les ressources qui les contiennent sont une propriété commune et peuvent être utilisées par tous les membres de la communauté. La communauté se réserve le droit de ne pas autoriser toutes les personnes réputées étrangères à utiliser ces espaces. Les deux types de terres définissent le type d'usager, l'approche et la nature des droits coutumiers reconnus.

B. Les modalités d'accès à la terre dans le système coutumier camerounais

Dans le cadre du régime foncier coutumier, le concept de tradition est souvent mal compris. Au contraire, les propriétaires fonciers comptent sur leur longévité. Dans la pratique, le régime foncier coutumier reste « courant » et est déterminé par ce que les communautés existantes considèrent comme acceptable. Ainsi, le régime foncier coutumier est un régime flexible qui répond aux conditions changeantes telles que la liberté d'accès des réfugiés et est restreinte pour les mêmes raisons. Cela peut avoir du sens pour les proches, les réfugiés ou d'autres groupes qui ont traditionnellement obtenu l'accès, avec le consentement tacite de la communauté d'accueil. Actuellement, une autorisation officielle est généralement requise et l'accès peut être limité ou soumis à une allocation de "donation".

Ainsi, dans le système coutumier, le mode d'accès à la terre était principalement hérité du droit des premiers occupants d'utiliser une hache ou une pioche. D'autres formes comprennent les dons, les prêts, la vente après déclaration d'abandon du droit coutumier et les locations. Ces ressources sont principalement destinées à être distribuées aux membres de la communauté tandis que d'autres, comme les personnes en déplacement, sont régies par les principes d'hospitalité et de solidarité. Donc, aucune personne déplacée ne peut revendiquer des droits sur une parcelle de terrain pour la construction de logements, des terres arables et la propriété de biens obtenus à partir des ressources communautaires. C'est la résidence communautaire ou l'appartenance à la communauté qui donne accès à ces ressources. En outre,

l'administration territoriale reconnaissant le pouvoir coutumier comme légitime et même légal63, les chefs traditionnels représentent le pouvoir traditionnel, tout en étant des auxiliaires de l'administration. Ceci laisse penser que les coutumes foncières selon lesquelles ils administrent le secteur foncier, ont force de Loi.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci