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évaluation et optimisation de la gestion des crédits de TVA dans une entreprise agro-industrielle. Cas de Nestlé Côte d’Ivoire.


par Amara DOSSO
Institut National Polytechnique Félix Houphouet-Boigny - Master des Etudes Comptables Supérieures 2016
  

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2. Les modes extraordinaires de gestion des crédits de TVA

L'imputation reste le mode de droit commun dans la gestion des crédits de TVA. L'assujetti y a recours nonobstant le montant de son crédit. Et c'est ici tout le problème : le crédit peut être très important voire permanent, tant et si bien que son épongeage par voie d'imputation relève de la chimère. Une autre démarche s'impose donc.

Les modes extraordinaires de résorption des crédits de TVA s'inscrivent dans cette logique. Les crédits constituent de fait une entorse à la neutralité économique de l'imposition. Or l'attrait d'une taxe sur la valeur ajoutée tient précisément à la compatibilité de cet impôt avec les affaires qu'en principe elle n'influence pas. Aussi, faisons-nous de la recherche absolue de la neutralité, le fondement même des modes exceptionnels de gestions des crédits de TVA. Ceux-ci sont constitués par la compensation et le remboursement.

2.1 La compensation des crédits de TVA

L'attrait du mode compensatoire pour l'Etat est évident. Celui-ci parvient, sans décaissement de sommes d'argent, à éponger le crédit de l'assujetti. Un stratagème semblable était déjà à l'oeuvre dans le report de crédit.

36 Compensation opérant toutefois dans le seul cadre de la taxe sur la valeur ajoutée.

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Il faut néanmoins dire que la compensation n'est guère propre au droit fiscal. Elle est particulièrement usitée en droit civil où elle opère comme technique d'extinction des obligations. Mais l'Etat a-t-il à proprement parler des obligations envers les particuliers ? Cette supériorité de la puissance publique, garante de l'intérêt général, rejaillit certainement sur le mode compensatoire, lui imposant une certaine physionomie. Nous nous en rendrons compte à l'examen des conditions et des incidences de cette autre modalité du droit à déduction.

2.1.1 Les conditions de la compensation

La compensation aboutit à l'émission de chèques spéciaux du trésor valables pour le paiement d'impôts de même nature que la T.V.A. ainsi que les droits de douane. Le recours à cette technique est cependant soumis à des conditions de fond, et de forme.

? Les conditions de fond

Les conditions de fond de la compensation tiennent d'une part aux personnes éligibles, à leur situation fiscale d'autre part.

- Les personnes éligibles

Modalité d'exercice du droit à déduction, la compensation est en principe ouverte à tous les redevables jouissant de ce droit. Il en résulte finalement que seuls les redevables au régime du réel peuvent avoir recours à ce mode. Mais ils devront pour cela apporter la preuve de leur situation fiscale.

- La situation fiscale de l'assujetti

Ouvert uniquement aux redevables relevant du régime du réel, le recours à la technique compensatoire est cependant l'objet de conditions discriminantes. Il apparaît donc que de tels contribuables doivent justifier d'une activité ininterrompue depuis plus de deux ans et ne faire l'objet d'aucune vérification partielle ou générale de comptabilité. Ils ne doivent par ailleurs pas être débiteurs des impôts et taxes de quelque nature qu'ils soient.

Qu'il s'agisse des impôts locaux ou nationaux, des taxes classiques voire

parafiscales, des impôts sur le revenu ou sur la dépense. Drôle de compensation, opérant uniquement pour l'avenir. Preuve s'il en était besoin

50

des prérogatives exorbitantes de droit commun reconnues à l'Etat, lequel par ailleurs soumet lesdits redevables à de drastiques conditions de forme.

? Les conditions de forme

La compensation est demandée, tous les trois mois, par le redevable qui entend recourir à ce mode extraordinaire de gestion des crédits de TVA. Dans les faits, le contribuable fera figurer le montant du crédit à compenser. Puis il remplira un formulaire conçu à cet effet et disponible dans les centres des Impôts. Les documents sont ensuite adressés à la direction des impôts. A l'appui de la demande sont jointes les pièces justificatives de la situation fiscale de l'assujetti. A défaut d'un tel document, le redevable créditeur doit, préparer et mettre à la disposition de l'administration fiscale toutes les pièces comptables établissant le crédit. La complétude du dossier permet de passer à l'examen du bien-fondé de la demande de l'assujetti. Il se pourrait que celle-ci soit rejetée, ce qui n'est pas sans incidences sur le crédit compensable.

2.1.2 Les incidences de la compensation

Les incidences de la compensation sont perceptibles en amont et en aval de la procédure.

? Les incidences en amont de la procédure

Nous nous situons à l'introduction de la demande de compensation. Cet acte n'est pas sans conséquences sur la situation de l'assujetti. Celui-ci est de fait invité à réduire voire annuler son crédit de TVA d'un montant équivalent. Par ailleurs, le crédit dont la compensation est demandée ne peut plus donner lieu à imputation ni remboursement. Pour exemple, le compte 44 permet de suivre les mouvements de TVA de l'assujetti. Ce compte se subdivise naturellement en sous-comptes destinés entre autres à matérialiser la TVA déductible du redevable ainsi que ses demandes de compensation de taxe.

Quand celles-ci ont lieu, le montant demandé doit être soustrait de la TVA déductible. L'on devra donc débiter le sous-compte Etat compensation de crédit de TVA demandée par le crédit du sous-compte Etat T.V.A. déductible. Ce travail est fait en attendant l'issue de la procédure.

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? Les incidences en aval de la procédure

Les incidences en aval de la procédure sont positives ou négatives, selon que l'issue de la demande est ou non favorable.

L'issue favorable de la demande de compensation de l'assujetti est acceptée lorsque, sur autorisation expresse du Directeur des Impôts, un ou plusieurs chèques spéciaux du Trésor sont émis par le Directeur du Trésor. Ceux-ci serviront, à due concurrence, au paiement des droits et taxes futurs de même nature que la TVA, ainsi que les droits de douanes. L'acceptation de la compensation demandée aboutit donc à l'émission de chèques spéciaux du Trésor. Ceux-ci doivent être portés au débit d'un compte de trésorerie. Mais le contribuable aura au préalable crédité le sous-compte 44. Les chèques spéciaux du Trésor serviront au règlement des droits indirects dont la TVA, ainsi que les droits de douanes. Au fur et à mesure des transactions, l'assujetti devra tout simplement créditer le compte 52, soit par le crédit du sous-compte 44 Etat TVA à décaisser, soit par le débit du compte 66 Impôts et taxes.

Malheureusement, la demande de compensation peut être rejetée. Ce

rejet de la demande de compensation peut être total ou partiel. L'assujetti en sera aussitôt notifié pour paiement de la taxe correspondante.

A tous points de vue donc, la compensation apparaît comme un mode extraordinaire de gestion des crédits de T.V.A. Elle est notamment marquée par les prérogatives exorbitantes de la puissance publique, ce qui la différencie du remboursement.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore