1.2.2 Développement métacognitif
La métacognition se développe durant
l'adolescence. Qu'est-ce que la métacognition ? Elle se traduit par le
fait de penser sur nos pensées (Flavell, 1985)19. Nous
comprenons que la métacognition rend possible la représentation
de soi à soi-
même et
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l'utilisation des connaissances que nous possédons.
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Les adolescents
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réfléchissent sur leurs points faibles et sur
leurs points forts (Guellaï et Esseily, 2018)20. La
métacognition permet également de réfléchir sur nos
émotions et sur nos interactions avec d'autres personnes.
Nous nous sommes posés cette question : l'enseignant
pourrait-il travailler sur la métacognition des élèves
afin d'influer sur leur estime de soi ? Nous nous intéresserons à
cette possibilité dans notre troisième chapitre.
1.3 Références et repères sociaux des
adolescents
Les adolescents requièrent des repères,
autrement dit des personnes les aidant à s'orienter, de la
reconnaissance et de l'organisation pour se développer. Les adultes
entourant un adolescent doivent apprendre à écouter ses demandes,
mais ils doivent également établir des limites, des règles
(Cannard, 2019)21.
1.3.1 Parents
L'adolescent cherche sa propre identité, il souhaite se
différencier de ses parents, or les parents continuent de jouer un
rôle primordial dans le développement de l'adolescent (Coslin,
2006)22. L'adolescent veut devenir autonome, c'est-à-dire
d'après Steinberg (1990)23, être capable de «
penser, ressentir, prendre des décisions et agir de son propre chef
», mais il souhaite également que ses parents veillent sur lui.
Cette quête d'autonomie peut engendrer des conflits entre l'adolescent et
les
19 Flavel, J. H. (1985). Cognitive
development. Etats-Unis : Prentice-Hall.
20 Guellaï, B. & Esseily, R. (2018).
Psychologie du développement. Paris : Armand Colin.
21 Cannard, C. (2019). Le développement de
l'adolescent. Belgique : De Boeck Supérieur.
22 Coslin, P. G. (2002). Psychologie de
l'adolescent. Paris : Armand Colins.
23 Steinberg, L. (1990). Autonomy, conflict, and
harmony in the family relationship. In S. S. Feldman & G. R.
Elliott (Eds.), At the threshold: The developing adolescent (p.
255-276). Etats-Unis : Harvard University Press.
16
parents, mais ces conflits sont nécessaires dans le
processus d'acquisition de l'autonomie.
Selon Cannard (2019)24, le style éducatif
utilisé par les parents a des incidences différentes sur
l'adolescent. Cannard classe quatre styles éducatifs parentaux (figure
1)
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Degré d'affirmation du contrôle
élevé faible
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Degrés de sensibilité aux besoins de
l'ado
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Elevé Faible
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Autoritaire/démocratique Indulgent/permissif
Autoritariste/autocratique
Indifférent/désengagé
|
Figure 1 : Classification des quatre styles
éducatifs parentaux
.
Le premier est le style autocratique, les parents demeurent
stricts, exigeants et peu sensibles aux besoins de l'adolescent. Le
deuxième est le style permissif, les parents n'imposent pas de limite
claire et sont très sensibles aux besoins de l'adolescent. Le
troisième est le style désengagé, les parents sont
indifférents aux limites et aux besoins de l'adolescent. Enfin, le
dernier est le style démocratique, les parents communiquent avec
l'adolescent en étant très sensibles à ses besoins et aux
limites à lui imposer. Ces différents styles éducatifs
engendrent des comportements différents chez les adolescents, ils ne
bénéficient pas tous des mêmes repères. Un
adolescent avec des parents de style désengagé ne
bénéficie d'aucun soutien de leur part : il est davantage
susceptible d'adopter un comportement antisocial ou dépressif. Au
contraire, un adolescent avec des parents de style démocratique est
davantage susceptible de développer son intersubjectivité
réflexive.
De plus, les repères d'un adolescent peuvent être
modifiés suite à un changement familial : divorce
(séparation des parents), recomposition familiale (demi-
24 Cannard, C. (2019). Le développement de
l'adolescent. Belgique : De Boeck Supérieur.
17
frère, demi-soeur, beaux-parents),
monoparentalité (un seul parent). Suite à ces
événements de plus en plus fréquents de nos jours,
l'adolescent peut ressentir un sentiment de détresse, d'abandon ou
encore d'anxiété s'il n'accepte pas la situation (Coslin,
2006)25.
Enfin, il est également important de mentionner l'effet
de l'utilisation du numérique dans les familles. Les smartphones, la
télévision, les ordinateurs font aujourd'hui partie de notre
quotidien. L'utilisation passive et excessive du numérique, engendre une
perte d'interactions humaines et une perte d'attention (Desmurget,
2019)26. Selon Desmurget, lorsqu'une personne utilise son smartphone
durant une conversation, son attention diminue et elle répond par des
phrases courtes. C'est le même phénomène avec une
télévision allumée lors d'un repas. Les adolescents ont
besoin d'attention, ils ont besoin de communiquer avec leurs parents. Plus les
parents utilisent passivement les outils numériques, plus l'adolescent
se sent délaissé.
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