· Hypothèses opérationnelles 1/2 et 3/4
Nous rappelons notre hypothèse opérationnelle 1
« Une haute estime de soi globale et une vision positive des concepts de
soi dans le domaine scolaire favorisent la motivation des élèves,
et par conséquent, améliorent leurs apprentissages scolaires.
» et notre hypothèse opérationnelle 2 « Une haute
estime de soi et une vision négative des concepts de soi dans le domaine
scolaire desservent la motivation des élèves, et par
conséquent, altèrent leurs apprentissages scolaires. ». En
comparant les résultats en lien avec ces deux hypothèses, nous
nous concentrons sur l'effet de la vision des concepts de soi dans le domaine
scolaire sur l'apprentissage scolaire car dans ces deux hypothèses, les
élèves ont une estime de soi haute.
Nous nous intéressons aux participants A (haute estime
et vision positive des concepts de soi scolaires) et B (haute estime et vision
négative des concepts de soi scolaires) dans la figure 13. Nous partons
du principe que si les participants A et B ont les mêmes résultats
à la question 12 de notre questionnaire, alors nos hypothèses
opérationnelles 1 et 2 sont fausses : cela voudrait dire que la vision
des concepts de soi scolaires n'a aucun effet sur l'apprentissage scolaire. Or,
dans la partie résultats,
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nous avons observé des résultats
différents. Nous pouvons écrire que nos hypothèses
opérationnelles 1 et 2 ne sont pas fausses : les résultats des
participants A et B diffèrent.
Peut-on, cependant, valider entièrement les
hypothèses opérationnelles 1 et 2 ? Nous pouvons valider notre
hypothèse opérationnelle 1, car 100 % des élèves
obtiennent le même résultat : une haute estime de soi globale et
une vision positive des concepts de soi dans le domaine scolaire favorisent la
motivation des élèves, et par conséquent,
améliorent leurs apprentissages scolaires.
Pouvons-nous, cependant, réellement valider notre
hypothèse opérationnelle 2 ? Nous pouvons écrire qu'une
vision des concepts de soi scolaires négative ou positive peut
influencer l'apprentissage scolaire, car pour les participants A, nos
résultats affirment qu'aucun élève n'améliore pas
son apprentissage scolaire, contre un tiers des participants B. Nous ne pouvons
pas nous arrêter à cette donnée, nous devons la
préciser. La majorité des participants B sont
motivés, et par conséquent, leurs apprentissages scolaires
s'améliorent. On ne peut donc pas écrire qu'une haute estime de
soi et une vision négative des concepts de soi dans le domaine scolaire
desservent la motivation des élèves, et par conséquent,
altèrent leurs apprentissages scolaires : ce n'est pas le cas pour
tous les élèves. Nous pouvons cependant
écrire qu'une haute estime de soi et une vision négative des
concepts de soi dans le domaine scolaire peut desservir la
motivation des élèves, et par conséquent, altérer
leurs apprentissages scolaires. Nous validons, alors, partiellement notre
hypothèse opérationnelle 2.
Nous retrouvons les mêmes tendances pour les
résultats (figure 13) de nos hypothèses opérationnelles 3
« Une faible estime de soi globale et une vision positive des concepts de
soi dans le domaine scolaire favorisent la motivation des élèves,
et par conséquent, améliorent leurs apprentissages scolaires
» et 4 « Une faible estime de soi globale et une vision
négative des concepts de soi dans le domaine scolaire desservent la
motivation des élèves, et par conséquent, altèrent
leurs apprentissages scolaires. ». Nous appliquons alors le même
raisonnement pour nos hypothèses opérationnelles 3 et 4 que pour
nos hypothèses opérationnelles 1 et 2. Nous validons
l'hypothèse opérationnelle 3 : une faible estime de soi globale
et une vision positive
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des concepts de soi dans le domaine scolaire favorisent la
motivation des élèves, et par conséquent,
améliorent leurs apprentissages scolaires. Nous validons partiellement
l'hypothèse opérationnelle 4, car dans la phrase, nous
préférons remplacer « desservent » par «
peut desservir ».
La validation ou la validation partielle de nos
hypothèses opérationnelles 1, 2, 3 et 4 sont en accord avec nos
recherches théoriques. Nous rappelons que, selon Viau
(2004)80, la motivation de l'élève influence son
apprentissage, et une des sources de motivation de l'élève est
« La perception qu'il a de sa compétence à accomplir
». Nous pouvons écrire, à l'aide de nos
résultats, ceci : plus un élève à une perception de
sa compétence à accomplir positive, autrement dit une vision
positive des concepts de soi dans le domaine scolaire, plus il sera
motivé et plus son apprentissage scolaire s'améliorera.
Nous pouvons également nous appuyer sur les recherches
de Martinot (2011)81. Rappelons-le, selon Martinot, plus un
élève a une organisation en mémoire des concepts de soi de
réussite scolaire accessible, plus il sera performant et motivé
pour effectuer des efforts, afin de progresser dans son apprentissage scolaire.
Au contraire, si cette organisation en mémoire des conceptions de soi de
réussite scolaire est moins accessible, autrement dit que
l'élève n'a pas souvenir de ses réussites dans le milieu
scolaire, alors il fera moins d'efforts. C'est exactement ce que nous avons
observé dans nos résultats et dans nos validations de nos
hypothèses.
· Hypothèses opérationnelles 1/3 et 2/4
Nous comparons, à présent, les résultats
entre nos hypothèses opérationnelles 2 et 4. En comparant ces
résultats (figure 13), nous nous concentrons sur l'effet de l'estime de
soi globale (haute ou basse) sur l'apprentissage scolaire, car dans ces deux
hypothèses, les élèves ont tous une vision des concepts de
soi scolaires négative. Nous partons du principe que si les participants
B (haute estime de soi
80 Viau, R. (2004). La motivation : condition
de plaisir d'apprendre et d'enseigner en contexte scolaire, 3e
congrès des chercheurs en éducation Bruxelles. Québec :
université de Sherbrooke.
81 Martinot, D. (2001). Connaissance de soi et
estime de soi : ingrédients pour la réussite scolaire. Revue
des sciences de l'éducation, 27 (3), 483-502.
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globale) et D (basse estime de soi globale) obtiennent des
résultats différents à la question 12 de notre
questionnaire, alors l'estime de soi globale influence l'apprentissage
scolaire. Or, nous avons observé les mêmes résultats pour
les participants B et D, à savoir environ 1/3 des élèves
dont l'apprentissage scolaire ne s'améliore pas et environ 2/3 des
élèves dont l'apprentissage scolaire s'améliore. Nous
pouvons emmètre la même conclusion lorsque nous comparons nos
hypothèses opérationnelles 1 et 3 : les résultats ne sont
pas différents entre les participants A (haute estime de soi et vision
positive des concepts de soi scolaires) et C (basse estime de soi et vison
positive des concepts de soi scolaires) : environ la totalité des
élèves sont motivés et améliorent leurs
apprentissages scolaires. Nous pouvons alors écrire, d'après la
comparaison de nos résultats, que l'estime de soi globale n'influence
pas l'apprentissage scolaire des élèves.
Appuyons-nous sur nos recherches théoriques. Rappelons
que l'estime de soi globale ne rassemble pas seulement le domaine scolaire.
Selon Fiasse et Nader-Grobois (2016)82 , si un élève
en échec scolaire se désintéresse du système
scolaire, alors son estime de soi ne sera plus associée au milieu
scolaire. L'élève portera davantage d'importance à un
autre domaine, comme par exemple le domaine social, et inversement. Nous
pouvons alors penser ceci, avec nos résultats :
-Les élèves avec une vision négative des
concepts de soi scolaires et une estime de soi haute, ne portent pas
d'importance au milieu scolaire, mais apportent davantage d'importance dans
d'autres domaines. Ils ont une vision positive des concepts de soi dans ces
autres domaines, comme par exemple le domaine social, et par conséquent,
leur estime de soi globale reste haute. Leur estime de soi est haute, mais
leurs apprentissages scolaires ne s'améliorent pas, car leur vision des
concepts de soi scolaires est négative.
- Les élèves avec une vision positive des
concepts de soi scolaire et une estime de soi basse portent de l'importance au
milieu scolaire. Il se peut qu'ils aient une vision des concepts de soi dans
d'autres domaines (comme par exemple le domaine social) négative. Leur
estime de soi globale est basse, mais leurs apprentissages scolaires
s'améliorent, car ils ont une vision des concepts de soi scolaires
positive.
82 Fiasse, C. & Nader-Grobois, N. (2016). De
la perception à l'estime de soi. Belgique : De Boeck
Supérieur.
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Vérifions ceci à l'aide des résultats du
tableau 3. Nous partons du principe que si l'estime de soi globale influence
l'apprentissage scolaire, alors les élèves avec une haute estime
de soi auraient tous une moyenne générale haute ; et que les
élèves avec une basse estime de soi globale auraient tous une
moyenne générale basse. Or, nous n'observons pas ces
résultats. Nous observons que c'est la vision des concepts de soi dans
le domaine scolaire qui influence la moyenne générale des
élèves. Les élèves avec une vision positive des
concepts de soi dans le domaine scolaire ont une moyenne générale
plus haute que les élèves avec une vision négative des
concepts de soi dans le domaine scolaire.
Relevons un autre détail, pour finir. Nous observons
une légère différence entre les figures 11 et 12 : les
élèves avec une haute estime de soi ont plus souvent une vision
positive des concepts de soi scolaires que les élèves avec une
basse estime de soi. Rappelons que selon Hater, des domaines spécifiques
de la conception de soi prédominent par rapport à d'autres
domaines lors de l'adolescence et participent davantage à l'estime de
soi globale, le domaine scolaire en fait partie (Cannard, 2019)83.
Nos participants sont des adolescents. Nous pouvons donc écrire que la
vision des concepts de soi dans le domaine scolaire des participants, peut
influencer leur estime de soi globale, car le domaine scolaire est un domaine
important lors de l'adolescence. Une vision des concepts de soi scolaires
positive favoriserait une haute estime de soi globale.
Á l'aide de tous ces éléments, nous
pouvons à présent valider ou invalider notre hypothèse
générale 1 « l'estime de soi des élèves influe
sur leurs apprentissages scolaires ». Nous ne validons pas
entièrement cette hypothèse, car ce n'est pas l'estime de soi
globale des élèves qui influe sur leurs apprentissages scolaires,
mais leur vision des concepts de soi dans le domaine scolaire. Cependant, la
vision des concepts de soi dans le domaine scolaire peut influencer l'estime de
soi globale alors nous validons partiellement notre hypothèse.
83 Cannard, C. (2019). Le développement de
l'adolescent. Belgique : De Boeck Supérieur.