Les enseignants donnent des évaluations aux
élèves. Par une évaluation, l'enseignant mesure les
performances ou les comportements de l'élève par rapport
à
73 Perrenous, P. (1999). Apprendre à
l'école à travers des projets : pourquoi ? comment ?
Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation
Université de Genève.
74 Fiasse, C. & Nader-Grobois, N. (2016). De
la perception à l'estime de soi. Belgique : De Boeck
Supérieur.
43
des objectifs demandés ; l'évaluation permet aux
élèves et aux enseignants de faire le point sur les nouvelles
connaissances acquises par les élèves. (Reuter, Cohen-Azria,
Daunay, Delcambre & Lahanier-Reuter 013)75.
L'évaluation est bénéfique pour les
élèves qui reçoivent des bonnes notes, cependant,
d'après chouinard (2002)76, les évaluations «
conduisent un nombre considérable d'élèves à
ressentir des émotions négatives et à s'engager dans des
comportements d'autodépréciation ». Chouinard explique ceci
: l'enseignant joue un rôle important sur la perception qu'ont les
élèves concernant l'objectif d'une évaluation. Si
l'évaluation est perçue comme un moyen de comparaison avec les
autres élèves ou comme une punition, alors la perception des
conceptions de soi des élèves tendra à devenir
négative. Au contraire si l'évaluation est perçue comme un
moyen d'améliorer son apprentissage et de progresser vers un objectif,
alors l'élève sera encouragé et engagé, il voudra
préserver, palier ses difficultés pour atteindre un objectif.
L'enseignant doit expliquer aux élèves les
bénéfices de l'évaluation, et les rassurer. Les
élèves ne doivent pas ressentir une pression, ils doivent
ressentir de l'envie.
Pour cela, Chouinard insiste sur la notion d'erreur.
L'élève ne doit pas avoir peur de l'erreur, ni dans les
activités faites en classe, ni dans les évaluations. L'erreur
doit être perçue positivement par l'élève, elle
permet d'apprendre et de progresser. L'erreur ne doit pas être
perçue comme « un indicateur d'un manque de capacité
annonciateur de l'échec ». C'est pour cette raison que l'enseignant
ne doit pas toujours noter les évaluations pour éviter que
l'élève associe erreur et échec. Plus un
élève perçoit l'erreur positivement, plus il
s'auto-évaluera positivement.
Enfin, pour éviter la baisse d'estime de soi des
élèves, une autre façon d'évaluer, autre que par
les notes, se met en place. Il s'agit de l'évaluation par
compétence. L'évaluation par compétence donne l'envie
à l'élève de travailler pour
75 Reuter, Y., Cohen-Azria, C., Daunay, B.,
Delcambre, I., Lahanier-Reuter, D.
(2013). Dictionnaire des concepts fondamentaux des
didactiques. Belgique : Louvain-la-Neuve.
76 Chouinard, R. (2002). Évaluer sans
décourager. Département de psychopédagogie et
d'andragogie, Université de Montréal, Centre de recherche et
d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES).
44
construire des compétences et non pas pour avoir une
bonne note. D'après Tanguy (2020)77, travailler par
compétence permet « d'expliciter les objectifs et les
démarches : donner du sens », « sortir du côté
vexatoire et parfois angoissant de la note, c'est un système qui
évite de confondre être jugé-être
évalué », « créer une cohésion
d'équipe ».
Pour conclure ce chapitre, nous comprenons ceci :
l'enseignant, par sa posture, son langage, ses activités
proposées et ses évaluations, a la capacité d'influencer
l'estime de soi et la motivation de ses élèves, et par
conséquence influencer leurs apprentissages scolaires.
77 Tanguy, F. (2020). Cours dispensés dans
le cadre du module didactique générale, master 2
MEEF.
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PROBLÉMATIQUE
Avant d'écrire ce mémoire, nous nous demandions
si un rapport existait entre certaines réactions des
élèves en classe, comme par exemple le fait que certains
élèves pensent ne pas pouvoir réussir une
évaluation avant même d'avoir lu le sujet de l'évaluation,
et l'estime de soi.
Nous avons alors entrepris des recherches théoriques
sur l'estime de soi, l'apprentissage scolaire et le rôle des enseignants,
afin d'observer un lien possible entre ces trois éléments.
Rappelons notre question de départ guidant nos
recherches : l'estime de soi des élèves peut-elle, d'une
part, influer sur leurs apprentissages scolaires, et, d'autre part, être
influencée par l'enseignant ? Suite à nos recherches
théoriques, nous reformulons notre question de départ afin de la
préciser : l'estime de soi des élèves,
composée des concepts de soi dans le domaine scolaire, peut-elle d'une
part, influer sur leur motivation et leurs apprentissages scolaires, et d'autre
part, être influencée par la posture et la nature des
activités proposées par l'enseignant ?
Pour répondre à cette question, nous reprenons
nos deux hypothèses générales :
- Hypothèse générale 1
: l'estime de soi des élèves influe sur leurs
apprentissages scolaires.
- Hypothèse générale 2
: l'enseignant influence l'estime de soi des élèves
à travers sa posture et la nature des activités proposées
aux élèves.
Nous avons découvert, dans nos recherches
théoriques, que l'estime que soi globale est influencée par
différents domaines des concepts de soi. Nous avons alors
réalisé l'importance des concepts de soi scolaires. Rappelons
qu'un élève peut percevoir positivement ses concepts de soi dans
le domaine scolaire, mais il peut toutefois avoir une estime de soi globale
basse si sa perception des concepts de soi dans les autres domaines
s'avère être négative. Au contraire, un élève
peut percevoir négativement ses concepts de soi dans le domaine
scolaire, mais il peut toutefois avoir
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une estime de soi globale haute si sa perception des concepts
de soi dans les autres domaines s'avère être positive : c'est
possible si l'élève apporte peu d'importance au domaine
scolaire.
Nous décidons donc d'intégrer la notion des
concepts de soi scolaires dans nos hypothèses opérationnelles
précisant nos hypothèses générales :
Hypothèse opérationnelle 1 :
une haute estime de soi globale et une vision positive des concepts de
soi dans le domaine scolaire favorisent la motivation des élèves,
et par conséquent, améliorent leurs apprentissages scolaires.
Hypothèse opérationnelle 2 :
une haute estime de soi et une vision négative des concepts de soi dans
le domaine scolaire desservent la motivation des élèves, et par
conséquent, altèrent leurs apprentissages scolaires.
Hypothèse opérationnelle 3 :
une faible estime de soi globale et une vision positive des concepts de soi
dans le domaine scolaire favorisent la motivation des élèves, et
par conséquent, améliorent leurs apprentissages scolaires.
Hypothèse opérationnelle 4 :
une faible estime de soi globale et une vision négative des concepts de
soi dans le domaine scolaire desservent la motivation des élèves,
et par conséquence, altèrent leur apprentissage scolaire.
Hypothèse opérationnelle 5 :
en adoptant une posture bienveillante et en proposant des activités
favorisant l'autonomie des élèves, l'enseignant améliore
l'estime de soi des élèves.
Ces hypothèses nous amènent à penser
ceci : l'enseignant pourrait renforcer l'estime de soi des élèves
afin d'améliorer leurs apprentissages scolaires.
Pour valider ou invalider ces hypothèses et
répondre à notre question de recherche, nous réalisons,
dans un premier temps, un questionnaire pour les élèves. Ce
questionnaire vise à mesurer l'estime de soi globale des
élèves, leurs conceptions de soi dans le domaine scolaire, et
leur niveau scolaire. Ce questionnaire vise également à
repérer le ressenti des élèves sur l'influence des
enseignants sur leur estime de soi. Dans un deuxième temps, nous
analyserons, à l'aide d'un projet pédagogique mis en place durant
l'année de stage, les effets d'une posture
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bienveillante de l'enseignant et d'une séquence
favorisant l'autonomie des élèves sur l'estime de soi des
élèves. Grâce à ces protocoles, nous pourrons
mesurer et mettre en lien l'estime de soi globale des élèves,
leurs conceptions de soi dans le domaine scolaire, leurs apprentissages
scolaires et le rôle de l'enseignant dans l'estime de soi des
élèves via sa posture et la nature des activités
proposées.