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La mise en demeure en matière de résiliation du bail à  usage professionnel.


par Ted-Rousseau KENNANG GUEFACK
Université de Dschang Cameroun - Master II 2016
  

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B- L'extension de l'exigence à la résiliation de plein droit

La résiliation de plein droit est-elle subordonnée à une mise en demeure préalable ? La question mérite d'être posée, d'autant plus que l'AUDCG dans sa version d'origine n'imposait expressément ce formalisme que dans deux (02) hypothèses34. L'ancien texte était donc silencieux quant à la nécessité de la mise en demeure en cas de résiliation de plein droit. Ce silence n'était que la conséquence logique du fait que, comme on l'a vu, ce type de résiliation n'était pas réglementé par l'Acte uniforme de 1997 sur le droit commercial général.

En outre, la clause résolutoire est expresse et sanctionne les cas d'inexécution d'une des obligations prévues au contrat. Cette clause vise à la fois en ce qui concerne le locataire le défaut de paiement du loyer et le non-respect des diverses obligations mises à sa charge telles que prévu à l'article 133 de l'acte uniforme relatif au droit commercial général35. En raison de l'automatisme et de la rigueur de la clause résolutoire de plein droit, la jurisprudence a toujours considéré qu'elle doit être expressément stipulée par les parties et ne peut jouer que pour sanctionner l'inexécution d'une obligation inscrite au contrat de bail36. Ainsi, rien n'interdit donc aux parties ayant prévu une clause résolutoire dans leur contrat, de stipuler que sa mise en oeuvre sera subordonnée au respect de la mise en demeure. Dans une affaire tranchée par la Cour d'Appel du littoral37, les parties avaient dans leur contrat en l'article 18 stipulé que la « résiliation de plein droit dudit contrat pour défaut de paiement est subordonnée à une mise en demeure restée infructueuse » et c'est l'absence de cette formalité que les juges de l'espèce reprochaient au premier juge de n'avoir pas sanctionnée. Une inquiétude demeure tout de même. Dans le cas où les parties auraient prévu une clause résolutoire sans toutefois stipuler expressément que sa mise en oeuvre est soumise à

34D'une part, en cas de refus de renouvellement fondé sur un motif grave et légitime reproché à l'une des parties, notamment l'inexécution d'une obligation substantielle ou la cessation de l'exploitation du fonds de commerce ( L'article 95( devenu l'article 126), in fine de ce texte posait ainsi que : « Ce motif ne peut être invoqué que si les faits se sont poursuivis ou renouvelés plus de deux mois après une mise en demeure du bailleur, par signification d'huissier de justice ou notification par tout moyen permettant d'établir la réception effective par le destinataire, d'avoir à les faire cesser. ». D'autre part, en cas de résiliation judiciaire. L'article 101 (devenu l'article 133) alinéa 2 prévoyait que : « A défaut de paiement du loyer ou en cas d'inexécution d'une clause du bail, le bailleur pourra demander à la juridiction compétente la résiliation du bail et l'expulsion du preneur, et de tous occupants de son chef, après avoir fait délivrer, par acte extrajudiciaire, une mise en demeure d'avoir à respecter les clauses et conditions du bail ».

35GATSI (J.), Pratique des baux commerciaux dans l'espace OHADA, op.cit. p.184.

36 Ce qui a changé avec la réforme de l'Acte uniforme du 15 décembre 2010 relatif au droit commercial général.

37 C.A. Littoral, arrêt n°100/CC du 07 Juin 2010, affaire La SOIDIC Sarl c/ Moukoury Ekongolo Martin, Juris périodique n°89, Janvier-Février-Mars 2012 ; note : KEM CHEKEM Bruno M.

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La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

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l'accomplissement d'une mise en demeure, devrait-on obligatoirement la respecter ? Une réponse affirmative s'impose car la réglementation des baux commerciaux désormais professionnels telle que prévue par l'AUDCG montre clairement que l'esprit général du législateur Ohada est, d'empêcher que le locataire la partie défaillante ne soit brutalement et trop sévèrement sanctionnée. La formalité de mise en demeure poursuivant justement cette finalité, on voit mal comment on pourrait s'en passer.

En théorie générale des obligations, la clause résolutoire de plein droit permet aux parties à un contrat synallagmatique, sauf disposition légale contraire, de « convenir expressément qu'à défaut d'exécution le contrat sera résolu de plein droit (...) »38. Cette clause ne peut jouer qu'à la date de la notification au défaillant des manquements constatés. La notification dont il est question est celle de la mise en demeure, qui depuis la réforme de 2010, est imposée même lorsque la résiliation opère de plein droit. La mise en demeure désigne « l'acte par lequel le créancier a manifesté sa volonté d'exiger l'exécution des prestations qui sont dues et, à défaut, de tirer les conséquences légales de l'inexécution des obligations ». Elle constitue, selon le Doyen CARBONNIER, « une réclamation destinée à mettre le débiteur en son tort en lui ôtant tout prétexte tiré d'une négligence ou tolérance de son créancier ». La particularité du mécanisme prévu par l'article 133 du nouvel Acte uniforme est que désormais l'exigence de mise en demeure préalable s'est emparée d'un champ beaucoup plus large. Elle a été étendue à la résiliation de plein droit. Le préalable de la mise en demeure a désormais vocation à s'appliquer lorsque la juridiction saisie prononce la résiliation du bail concomitamment à l'insertion d'une clause résolutoire. Cependant, toutes les notifications faites par la partie demanderesse ne valent pas mise en demeure, même si cet objet est atteint. Ainsi, n'ont pas été jugés valant mise en demeure requise par l'article 133 de l'AUDCG, celle adressée un dimanche ou l'exploit de congé servi au preneur39. Plus loin, on sait à quel point la clause résolutoire, qui permet à une partie de mettre fin au contrat après une mise en demeure, s'est implanté dans divers secteurs de la vie économique. Dans un souci de protection des droits du débiteur de l'obligation et pour lui permettre donc de s'exécuter dans

38Mais nous ne devons pas au risque de nous tromper se fier au vocable « résiliation de plein droit » pour affirmer que le juge n'intervient pas lors de cette phase. En réalité, la raison tiens au fait que c'est au juge que reviens le soin de prononcer la résiliation du bail que celle soit avec ou sans clause résolutoire

39 l'« exploit de congé » servi au preneur n'est pas une mise en demeure valable ; la procédure d'expulsion subséquente est entachée d'une nullité formelle et le jugement entrepris doit être infirmé en ce qu'il a, sur la base de l'article 1728 du Code civil, prononcé la résiliation du bail et ordonné l'expulsion du preneur ; la réintégration du preneur doit être ordonnée (CA Abidjan (Côte d'Ivoire), 4ech. civ. & com., n° 670, 2-6- 2006 : M. M. B. A. c./ Ayants- droit de Feu El Hadji V. D., obs. J. Issa- Sayegh, Ohadata J- 11-28) ;

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le délai qui lui est imparti, il est nécessaire qu'il soit informé précisément des griefs qui lui sont reprochés. La clause ne pourra jouer si le commandement notifié au preneur ne lui permet pas d'être en mesure de déterminer à quelles conditions du bail il aurait contrevenu et quelles obligations contractuelles il doit exécuter. Ainsi, même une faute grave d'une des parties consistant en l'inexécution de l'une de ses obligations ne suffit pas à entraîner la résiliation de plein droit du bail professionnel. Encore faut-il qu'il n'ait pas régularisé après l'envoi d'une mise en demeure le sommant de se conformer aux stipulations du bail.

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