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La mise en demeure en matière de résiliation du bail à  usage professionnel.


par Ted-Rousseau KENNANG GUEFACK
Université de Dschang Cameroun - Master II 2016
  

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PREMIÈRE PARTIE :

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La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

l'Ohada

La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

l'Ohada

La mise en demeure est une exigence posée par le législateur communautaire de l'Ohada et préalable à toute intention de mettre un terme au contrat de bail. C'est dans le souci de favoriser la coopération entre le bailleur et le preneur qui constitue l'un des éléments clé de toute relation contractuelle, que le législateur communautaire par le biais de l'article 133 alinéa 2 de l'Acte uniforme portant droit commercial général25 a imposé une mise en demeure perçue ici comme une dernière chance pour la partie défaillante à ses obligations, à devoir les exécuter. Parmi les différents types de préavis auxquels une partie défaillante peut être assujettie, la mise en demeure constitue certes, en pratique, le mode le plus courant de rappel à l'ordre. En droit Ohada du bail professionnel, et avec la réforme subie par l'acte uniforme sur le droit commercial général en 2010, nous remarquerons déjà que la mise en demeure procède d'un champ d'application très vaste qui témoigne de l'importance de cette mention (CHAPITRE I). À côté du champ d'application de la mise en demeure qui semble déjà présenter bien d'intérêt, s'entrevoit sa mise en oeuvre (CHAPITRE II).

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25Dans la version de 1997, on le retrouvait à l'article 101 alinéas 2

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La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

LE CHAMP D'APPLICATION DE LA MISE EN

CHAPITRE I :

DEMEURE

l'Ohada

L'idée du champ d'application de la mise en demeure est conséquente à l'évolution que cette exigence a subie en droit Ohada. Il est question plus nettement de s'interroger sur l'étendue de la mise en demeure. De l'analyse que nous pouvons faire, nous constaterons que cette formalité est présente dans presque toutes les situations d'inexécution d'une obligation par l'une des parties. Mais une analyse plus profonde peut faire ressortir une autre approche qui est de bord plus porteuse d'intérêt. Il s'agit d'étudier le champ d'application de la mise en demeure tenant en la forme de la rupture (SECTION 1) et autrement, mais cette fois en prenant en compte la nature du motif de la rupture (SECTION 2).

SECTION 1: LE CHAMP D'APPLICATION DE LA MISE EN DEMEURE

TENANT EN LA FORME DE LA RUPTURE

La compréhension du champ d'application perçu sous l'angle de la forme de la rupture semble porteuse d'un grand intérêt, dans cette mesure où le constat est fait de ce que l'exigence de la mise en demeure est établie dans presque toutes les hypothèses de rupture du lien contractuel entre les parties. Ainsi le bail peut être rompu soit par le biais de la résiliation (paragraphe 1), ou même par le refus de renouveler le bail (paragraphe 2).

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La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

l'Ohada

Paragraphe 1- La mise en demeure dans la procédure de résiliation du bail à usage

professionnel

Dès lors qu'un contrat de bail à usage professionnel26 entend être résilié par l'une des deux parties pour inexécution de l'autre, un certain nombre de formalités prévu par l'acte uniforme du 15 Décembre 2010 relatif au droit commercial général doivent être respectées Aussi, le législateur communautaire a-t-il maintenu un mécanisme classique de l'instance en résiliation du bail, à savoir la mise en demeure préalable de la partie défaillante d'avoir à respecter les clauses du contrat dans un certain délai. Aux termes de l'article 133 alinéa 2 du nouvel Acte uniforme : « la demande en justice aux fins de résiliation du bail doit être précédée d'une mise en demeure d'avoir à respecter la ou les clauses ou conditions violées. La mise en demeure est faite par acte d'huissier ou notifiée par tout moyen permettant d'établir sa réception effective par le destinataire... ». Ainsi, toute action en résiliation en l'absence de clause résolutoire doit être précédée d'une mise en demeure (A). En outre, le nouvel acte uniforme a consacré l'extension de cette formalité même à la résiliation de plein droit (B).

A- La résiliation en l'absence de toute clause résolutoire

Il ressort de l'article 13327 de L'acte uniforme du 15 Décembre 2010 relatif au droit commercial général, que lorsque le locataire n'exécute pas les obligations mises à sa charge dans le bail28, le bailleur a la possibilité, après mise en demeure29de saisir le juge d'une action en résiliation du bail professionnel30. L'inverse est aussi possible, c'est-à-dire que le locataire

26Le bail professionnel que le législateur OHADA a désigné au début par défaut sous le vocable de bail commercial, fut à l'origine un contrat garantissant le fonds de commerce parce que seul était couvert par lui, les personnes ayant la qualité de commerçant et exerçant sur un fonds de commerce.

27 Anciennement article 101 sous la version de 1997.

28 Par exemple refuse de payer ses loyers malgré une mise en demeure. V .Tribunal régional hors classe de Dakar, jugement civil n° 2003 du 03 décembre 2003, Mamadou Fall c/Mamadou Ly. Ohadata J-04-226. V. Tribunal de Première Instance de Douala Bonanjo, 08/07/2003, Ordonnance de contentieux d'exécution n° 756, Tchoube Joseph c/ Abgai Okoji, Ohadata j-04-451 ;

29 La mise en demeure préalable doit répondre aux exigences de l'acte uniforme. Notamment elle doit reproduire sous peine de nullité, les termes de l'article 133 de l'acte uniforme portant organisation du droit commercial général. Pour une application, TPI de Nkongsamba, jugement n° 04/civ. du 21 novembre 2001 : aff : Mbatchou Ambroise c/ Benyomo Paulin Désiré. Juris périodique n° 51, Juillet-Août, Septembre 2002, p. 46, Ohadata J-03159, obs. F. TEPPI KOLOKO.

30GATSI (J.), Pratique des baux commerciaux dans l'espace OHADA, 2è éd, PRESSES UNIVERSITAIRE LIBRE, 2008 , P.182.

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l'Ohada

qui entend résilier le contrat de bail le liant au bailleur pour inexécution31 de ses obligations par le bailleur devra aussi procéder par la voie de la mise en demeure. C'est dire donc que la résiliation ne peut aboutir devant le juge si aucune mise en demeure n'a été servie à la partie défaillante. L'article 13432 de l'acte uniforme érige d'ailleurs cette formalité en une mention d'ordre public. Il reviendra donc au juge d'apprécier souverainement la validité de l'acte servi à la partie défaillante afin d'éviter toute assimilation incontrôlée33. Une demande en résiliation judicaire fondée sur les dispositions de l'article 133 de l'acte uniforme relatif au droit commercial général de 2010 nécessite une mise en demeure préalable. À cet égard, l'acte uniforme prévoit la procédure à suivre à défaut d'exécution des obligations contractuelles par l'une des deux parties. D'abord, le législateur impose au bailleur d'adresser une mise en demeure au preneur défaillant laquelle mise en demeure rappelle les obligations à respecter et est assortie d'un délai d'un mois. Elle est soumise à un formalisme prévue à l'article 133 de l'acte uniforme suscité. Ensuite, pourra suivre la procédure de résiliation proprement dite. De ce fait, l'on ne saurait dissocier la mise en demeure de la procédure de résiliation du bail professionnel. D'ailleurs la procédure de résiliation ne sera régulière que lorsque par acte extrajudiciaire reproduisant les termes de l'article 133 de l'acte uniforme portant sur le droit commercial général, un commandement d'avoir à exécuter les obligations faisant défaut aura été servi à la partie fautive. La mise en demeure qui suspend la procédure de résiliation pendant un mois est l'oeuvre dans la majorité des États membres de l'Ohada, des huissiers de justice qui y mettent matériellement les dispositions de l'alinéa 2 de l'article 133 sous peine de nullité ainsi libellé : « ...A défaut de paiement du loyer ou en cas d'inexécution d'une clause du bail, le bailleur pourra demander à la juridiction compétente la résiliation du bail et l'expulsion du preneur et tous occupants de son chef, après avoir fait délivrer, par acte extra judiciaire, une mise en demeure d'avoir à respecter les clauses et conditions du bail. ». En réalité cette mise en demeure peut même interrompre la procédure si le preneur respectait les conditions par la régularisation de sa situation ou si le bailleur revenait à de meilleurs sentiments de tolérance par l'accord d'une grâce conventionnelle.

31 Pour le bailleur l'inexécution peut tenir en un défaut d'exécution des travaux jugés « grosses réparations », en un trouble de jouissance...

32 L'article 134 dispose : «Sont d'ordre public les dispositions des articles 101, 102, 103, 107, 110, 111, 117, 123, 124, 125, 126, 127, 130 et 133 du présent Acte uniforme ».

33 La sommation de payer et de libérer les lieux adressée par le bailleur au preneur ne saurait être assimilée à la mise en demeure que l'acte uniforme impose au bailleur de respecter avant toute résiliation du bail à usage Professionnel. Cf. C.A. de l'ouest, arrêt n°11/civ, du 09 octobre 2002, affaire KOUDOUM Ambroise c/ FONKOUE Charlemar, ohadataJ-04-227 ;

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille