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La mise en demeure en matière de résiliation du bail à  usage professionnel.


par Ted-Rousseau KENNANG GUEFACK
Université de Dschang Cameroun - Master II 2016
  

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2 - Les effets attachés à la nullité de la mise en demeure irrégulière

La particularité de chaque sanction juridique est qu'elle est amenée à produire des effets juridiques précis. La nullité, sanction par excellence des actes juridiques irréguliers, frappant un acte de mise de demeure dans le cadre d'une procédure de résiliation du bail à usage professionnel, conduira inéluctablement à une annulation rétroactive de cet acte. Ainsi, dès l'instant où le juge prononce la nullité, l'acte de mise en demeure disparaît rétroactivement: il est censé n'avoir jamais existé. Il n'existe plus ni dans le passé, ni dans l'avenir. Tout doit être remis dans l'état antérieur qui existait avant l'élaboration de l'acte mitigée. Dans son jugement du 2 septembre 2005, le TPI de Bafoussam a décidé qu'« en raison de la nullité de l'exploit susvisé, tout se passe comme s'il n'y a jamais eu de mise en demeure préalable telle qu'exigée par l'article 101 de l'Acte uniforme susvisé ». Cette annulation rétroactive de l'acte de mise en demeure aura pour but d'invalider la procédure de résiliation puisqu'une mise en demeure irrégulière équivaut à une absence de mise en demeure comme l'a clairement admis le TGI du Mfoundi145.

B- L'irrecevabilité de l'action en résiliation

La "recevabilité" est la qualité que doit présenter la demande dont un plaideur saisit

144 Article 101 de l'AUDCG de 1997

145 « La mise en demeure qui ne respecte pas les exigences de l'article 101(devenu article 133) de l'AUDCG n'est pas valable ; dans ce cas le tribunal constate l'absence de mise en demeure et déboute le bailleur de son action en résiliation judiciaire du bail ». cf. note n°103 suscité.

La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

l'Ohada

une juridiction pour que le juge en soit régulièrement amené à statuer. Si la demande ne réunit pas l'ensemble des conditions fixées par la Loi, la demande est dite "irrecevable" : le juge va la rejeter sans qu'il puisse examiner si elle est ou non bien fondée146. Ainsi et en dépit du principe de la liberté d'agir, la recevabilité de toute action en justice visant la rupture du bail à usage professionnel comme d'ailleurs toute autre action en droit processuel est subordonnée au respect de différentes exigences cumulatives qui s'imposent. Par exemple la capacité, la qualité ou même l'intérêt. Le non-respect des formalités imposées pour aboutir à un jugement valable est très souvent peu toléré. Et sur ce point, le législateur Ohada a prévue à l'article 133 de l'AUDCG un certain formalisme que doit revêtir la procédure de résiliation du bail. En l'occurrence, l'exigence de la mise en demeure en bonne et due forme. La jurisprudence s'attache très fortement au strict respect de ce formalisme sous peine d'irrecevabilité. La Cour d'Appel du littoral a dans une affaire déclaré irrecevable une mise en demeure qui correspondait plus en une sommation147.

En réalité, la sanction de la nullité qui frappe l'acte de mise en demeure n'en rejaillit pas moins sur la recevabilité de l'action en résiliation du bail à usage professionnel. La nullité entrainant l'anéantissement de la mise en demeure, bascule, du coup, les parties dans la situation d'une instance en résiliation initiée sans mise en demeure préalable. Or, cette irrégularité est sanctionnée par une fin de non-recevoir tenant à l'irrecevabilité de l'action. Un jugement du tribunal de première Instance de Bafoussam du 16 septembre 2005 a bien campé ce débat en énonçant que : « la mise en demeure préalable avec reproduction sous peine de nullité des termes de l'article 101 (devenu l'article 133) de l'AUDCG est une condition indispensable à toute résiliation d'un bail commercial ; Mais attendu qu'en l'espèce, la sommation de payer et de libérer du 17 Mars 2003 servie au défendeur et tenant lieu de dite mise en demeure ne satisfait pas aux exigences légales prescrites par l'article susvisé en ce qu'elle ne reproduit aucunement les termes de ce texte ; Qu'il échait par conséquent de déclarer cette sommation nulle et partant irrecevable en l'état l'action de la demanderesse ». Le TPI de Bafoussam a d'ailleurs réitéré cette solution de l'irrecevabilité dans un jugement rendu le 16 septembre 2005 dans laquelle le juge décida que : « en l'absence d'une mise en

146 Braudo (S.), Dictionnaire juridique, 2016.

147 CA. Littoral, arrêt n°152/CC du 04 Juillet 2011, Aff. MR. JEUNGA Jean c/ Dame DIBA Georgette, Juridis périodique n°97, Janvier-mars 2014, p. 44-45.

La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

l'Ohada

demeure préalable, la demande de résiliation d'un contrat de bail commercial formée par le bailleur doit être déclarée irrecevable»148.

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