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La mise en demeure en matière de résiliation du bail à  usage professionnel.


par Ted-Rousseau KENNANG GUEFACK
Université de Dschang Cameroun - Master II 2016
  

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Paragraphe 2 : Le cas du refus de renouvellement du bail

Le propriétaire de l'immeuble peut refuser le renouvellement du bail en versant au preneur une indemnité d'éviction fixée d'accord parties ou par le juge. Le bailleur peut aussi dans certains cas, refuser le renouvellement sans être tenu au versement d'une indemnité au locataire. L'Acte Uniforme de 2010 prévoit en son article 127, les cas que le bailleur peut invoquer pour s'exonérer du paiement de l'indemnité. Le refus de renouvellement peut par exception être opéré sans indemnités dans deux hypothèses. La première hypothèse : S'il existe un motif grave et légitime de refuser le renouvellement comme la faute du locataire consistant à une violation de ses devoirs de locataire83. Et la seconde hypothèse est en cas de droit de reprise. Concernant particulière la première hypothèse, le bailleur peut s'opposer à tout renouvellement s'il justifie d'un motif grave et légitime à l'encontre du preneur84. Les motifs graves et légitimes'' dont peut se prévaloir le bailleur pour refuser le renouvellement se résument pour l'essentiel en un comportement gravement répréhensible du locataire. Il s'agira, d'après l'Acte Uniforme, soit de l'inexécution par le locataire d'une obligation substantielle du bail85 , soit la cessation de l'exploitation du fonds de commerce. La première hypothèse renvoie à une violation de la part du preneur locataire d'une obligation contractuelle. En nous référant aux articles 112 et suivants de l'AUDCG nouveau sur les obligations du locataire. Ces motifs graves et légitimes'' consisterons principalement au non-paiement ou paiement irrégulier des loyers 86 , ainsi qu'en la déspécialisation non autorisée87. Il pourrait également s'agir du défaut d'entretien et des dégradations des lieux

83Il ne paie pas ses loyers ; il n'entretient plus de locaux ; il a changé la destination des lieux sans autorisation du propriétaire.

84 Sauf cas de survenance d'une circonstance exceptionnelle faisant apparaitre de nouveaux motifs. Ex : Ruine de l'immeuble, promulgation d'une loi rendant caduc le motif précédemment invoqué. Par ailleurs, à tout moment de la procédure , le bailleur pourra également invoquer l'absence de l'une des conditions légales du droit au renouvellement, tel par exemple, le fait que le locataire a cessé d'exploiter le fonds de commerce dans les lieux loués, le fait que le local accessoire faisant l'objet du bail n'est plus nécessaire à l'exploitation du fonds.

85 Cette violation peut aller selon la jurisprudence jusqu'à celle de ne refuser de souscrire une police d'assurance si cela figurait au contrat. Voir. CCJA, Arrêt n°32/2008, Aff. Sté METALUX Sarl c/ CHEICK BASSE, Actualités juridiques n°60-61, note anonyme, ohadata J-08-134

86 En effet, payer le loyer est pour le preneur une obligation substantielle qui caractérise le bail. Un paiement est dit irrégulier s'il s'effectue avec retard ou entre les mains de toute personne autre que le bailleur ou son représentant désigné au contrat.

87 C'est-à-dire des travaux ou changement de destination des lieux loués sans autorisation du bailleur.

La mise en demeure en matière de rupture du bail à usage professionnel en Droit de

l'Ohada

loués par le locataire. La seconde quant à elle, consiste non seulement au défaut d'exploitation sans raison sérieuse et légitime88 mais également une exploitation non conforme ou ayant un caractère immoral. Il en sera de même des cessions et sous-locations interdites. Le preneur locataire peut lui-même s'opposer au renouvellement du bail demandé par le bailleur. L'article 105 et suivant de l'AUDCG nouveau précise clairement les obligations qui incombent au bailleur dans le cadre de l'exécution du bail. Ces obligations se résument pour l'essentiel en l'exécution des grosses réparations89 et en une garantie de bonne jouissance des lieux loués90. Ainsi, le bailleur refusant de remplir ces engagements qui sont pourtant siennes dans un contrat, il reste que le preneur peut en se basant sur cette inexécution, refuser de renouveler le bail le liant au propriétaire de l'immeuble, le bailleur. Par ailleurs, la partie ayant manqué à ses obligations peut décider de régulariser la situation litigieuse, encore que rien ne l'y empêche. Mais, que cette régularisation intervienne avant ou après le délai prévu par la mise en demeure, la partie demanderesse ne peut refuser de renouveler le bail. Si elle s'y oppose, alors l'on parlera de l'illégitimité du refus de renouvellement ou de motifs inopérants pouvant conduire à un refus non justifié. Dans pareil cas, cas seule une indemnité d'éviction sera due91.

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