WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.1.4 À Dakar: emboitement d'intérêts entre Etat, mairies et organisations des transporteurs privés

À Dakar, dans la capitale sénégalaise, les ndiaye ndiaga et les cars rapides doivent leur prééminence actuelle à la politique de l'État initiée dans les années 1990 suite à la défaillance de la SOTRAC. Mais avec l'accentuation du processus de

134 Les organisations et les opérateurs de taxis collectifs ne sont pas seulement en concurrence les uns contre les autres, ils le sont aussi avec les transports formels, dessertes d'autobus et transports ferroviaires, auxquels ils s'attaquent de temps à autre: au point que certaines compagnies d'autobus ont renoncé à desservir certains townships en dépit de leurs obligations de service (c'est notamment le cas de la compagnie PUTCO à laquelle les opérateurs de taxis collectifs interdisent l'accès au township de Diepsloot, situé au nord de Johannesburg).

249

décentralisation administrative et politique, le contrôle de ces transports fait l'objet de tiraillements entre l'Etat, les collectivités locales et les organisations des transporteurs. Cette situation se traduit au niveau de l'organisation des transports urbains de Dakar par:

- Une absence totale de contrôle pour l'entrée dans l'activité

- Une multiplication des taxis urbains (anciennement à compteur horométrique)

- Une officialisation des taxis clandestins et de banlieues

- Un renouvellement en interne des minibus

- Un fort contrôle en interne qui passe par l'obligation d'adhérer à un garage135. Désormais, toute réforme des transports urbains à Dakar ne peut se faire sans les organisations des opérateurs des transports alternatifs qui se sont imposés du fait du tâtonnement de l'Etat et des collectivités dans l'application de la réglementation.

Au total, le processus de décentralisation à l'oeuvre à Abidjan, à Johannesburg et à Dakar a pour objectif de renforcer les pouvoirs locaux. Cependant, le transfert de compétences aux collectivités décentralisées ne s'est accompagné, ni à Abidjan, ni à Dakar, d'un transfert de ressources proportionnel. Aussi bien en Côte d'Ivoire qu'au Sénégal, les gouvernements centraux lâchent difficilement leurs prérogatives alors qu'ils se désengagent financièrement et leurs propres régies de transports sont défaillantes. Si bien que les autorités locales ont à assumer des charges croissantes en matière de transports sans en avoir les compétences. Elles fonctionnent sur des budgets prévisionnels, mais ne sont pas toujours en mesure de récupérer les fonds que l'Etat est censé leur rétrocéder (Ori 1997; Lombard, Bruez et al. 2004). Elles sont en conséquence amenées à contractualiser des accords avec des intervenants aussi diversifiés que des organisations de

135 Au Sénégal, un garage est un lieu de concentration de véhicules et de chauffeurs qui ont déposé la clientèle et attendent, à tour de rôle, de repartir pour la banlieue. Avec le développement du réseau privé de transport, entre la banlieue et le centre de Dakar, prend une forme renversée de « patte d'oie» qui subsiste encore aujourd'hui. Les bouts de lignes, au Plateau et à Sandaga, deviennent des terminaux utilisés le soir par les travailleurs pour rentrer chez eux. Ils prennent les noms des rues dans lequel ils sont installés: garage 164 Jean Jaurès, garage Tolbiac, garage Faidherbe

250

transporteurs, des autorités coutumières pour continuer d'entretenir leurs territoires. En Afrique du Sud par contre, la situation est totalement différente. La nouvelle constitution136 de l'Afrique du Sud a conféré des prérogatives élargies aux municipalités qui les affranchissent de la tutelle des gouvernements national et provincial. Si bien qu'en En Afrique du Sud, en matière d'organisation des transports collectifs, le partage des rôles est bien assumé entre les trois sphères de l'Etat (national, provincial et local). Ce qui revient à dire que le gouvernement local, l'équivalent de la mairie à en Côte d'Ivoire et au Sénégal, est doté d'une pleine capacité d'administration et de gestion financière et qu'il entretient en tant sphère autonome une relation égalitaire avec les deux autres niveaux de décision. En revanche, la difficulté en Afrique du Sud réside dans l'application des décisions sur le terrain. Les pouvoirs de sanction, de réglementation et de réforme sont conférés à l'Etat en tant que garant de la satisfaction de l'intérêt général. Mais, l'Etat ne veille pas toujours à ce que les règles du jeu soient respectées. Les associations de transporteurs privés sont très criminalisées et réfractaires à la modernisation du secteur des transports public en Afrique du Sud. Et c'est sur ce point que la Côte d'Ivoire, le Sénégal et l'Afrique du Sud présentent des similitudes.

136 Selon la constitution de 1996 le pouvoir public est reparti entre trois sphères de gouvernement de même rang: le gouvernement national, les gouvernements provinciaux, les gouvernements locaux.

251

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand