WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.1.3 Afrique du Sud: concurrence entre l'Etat et les associations d'opérateurs privés de transport

En Afrique du Sud, ce sont deux logiques qui s'affrontent dans l'organisation des transports collectifs, celle de l'Etat dont l'un des points focal est la modernisation du secteur et celle défendue par les organisations de la société civile, moins intéressées par toute idée de formalisation. Cette situation, qui n'est pas spécifique à ce pays, se traduit en Afrique du Sud selon (Lomme 2004) par la médiocre qualité du service rendu aux usagers par les transports publics. Les dessertes ne sont pas adaptées à l'évolution de la géographie urbaine133. La fréquence des rotations des offres publiques est insuffisante et les temps de trajet sont considérables. Les véhicules sont vétustes et le confort comme la sécurité des passagers se dégradent. D'un autre côté les tentatives de mettre fin au monopole des grands opérateurs hérités du régime d'apartheid se sont traduites par la montée en puissance des taxis collectifs, un secteur fortement caractérisé par des affrontements armés récurrents entre opérateurs. En outre, les trois principaux modes de transports urbains (bus, trains et taxis collectifs) sont plus concurrents que complémentaires. Aujourd'hui, le nombre de petits opérateurs s'est considérablement multiplié. Les organisations de propriétaires des taxis et minibus se sont constitués en gangs mafieux (Lombard, Bruez et al. 2004), permettant à certains transporteurs d'opérer sans licence, avec des véhicules hors normes réglementaires. Cette situation procède en Afrique du Sud de circonstances particulières. En effet, c'est sous le régime d'apartheid, dans les années 1980 surtout, que se sont multipliés les taxis collectifs tout comme les associations des transporteurs, en réaction contre l'insuffisance et l'inadéquation des moyens de transports publics mis à la disposition des populations noires reléguées à la périphérie des agglomérations urbaines. Cette situation a été envenimée par l'affrontement de forces politiques antagonistes dont les townships ont été le théâtre jusqu'au début des années 1990 Le régime d'apartheid a incontestablement contribué à exacerber les tensions et les conflits entre

133 Les dessertes des transports publics relient essentiellement les quartiers périphériques aux vieux centres-villes (même lorsqu'à Johannesburg, le centre-ville n'est plus le principal bassin d'emploi qui s'est déplacé au nord de l'agglomération) et les agglomérations sont généralement dépourvues de desserte périphérique.

248

opérateurs de taxis collectifs afin d'attiser les dissensions chez l'ennemi. Ainsi, les affiliations partisanes d'associations d'opérateurs concurrentes à l'ANC, à l'Inkatha ou au Pan-African Congress (PAC) ont aussi alimenté leur antagonisme, sans compter la collusion éventuelle de certains responsables politiques avec les belligérants en raison d'intérêts acquis dans ce secteur d'activité.

La concurrence entre l'Etat et les organisations des transporteurs134 et les oppositions meurtrières entre les organisations des transporteurs, sont autant d'éléments significatifs pour expliquer les difficultés de l'Etat sud-africain au niveau du secteur des transports publics. Le mode d'organisation du secteur des taxis collectif en Afrique du Sud se présente selon (Lomme 2004) comme un avatar de la guerre civile des années 1980 et 1990. Les tueurs à gages, qui assassinent des opérateurs et des chauffeurs de taxis et parfois leurs passagers, les organisateurs d'opérateurs ont été utilisés pour combattre l'apartheid. C'est donc en toute logique qu'ils bénéficient dans certains cas d'une légitimité historique qui fait défaut aux forces de police et qui leur vaut des sympathies dans les milieux politiques et une partie de la population. Ceci explique l'ambivalence de l'attitude des autorités à l'égard de ces organisations des transporteurs qui ont hautement criminalisé le secteur des transports. Tout comme à Abidjan et à Johannesburg, les services de l'Etat apparaissent globalement défaillants aussi à Dakar.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci