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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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1.3.1 Structure coloniale de la ville et usages de modes de transport de type africain

À Abidjan, la diversification des modes de transport collectif est liée à l'application d'une politique coloniale du transport discriminatoire en faveur des colons Européens et des Libano-Syriens. La marginalisation des acteurs «autochtones et indigènes» s'est effectuée dans un contexte d'accroissement de la mobilité avec le développement du transport routier qui a longtemps été secondaire par rapport au transport ferroviaire, avant de le supplanter après l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Pour de nombreux chercheurs, la gestion dualiste des villes africaines remonte certes à l'Antiquité (phéniciens, grecs et

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romains en Afrique du Nord), mais elle est surtout liée à la colonisation européenne entre le XVIème et la première moitié du XXème siècle31. Cette vision importée et imposée de la ville par les colonisateurs, ses mécanismes de traduction sur les sociétés et les espaces, ont un impact sur le rapport du Noir à la ville. Cette conception forge une image duale de la ville, plaquée sur la diversité des situations, qui s'appuie sur plusieurs critères, notamment la réglementation, les équipements ou le statut foncier mais aussi le discours (Georg 2006). Rejetés hors de l'espace urbain, niés dans leur urbanité, les colonisés n'eurent d'autres solutions que d'inventer leur propre rapport à la ville, de construire leur propre ville.

L'idéologie coloniale française construit une ville basée sur un modèle dichotomique, défini par un espace administrativement borné, exclusif et hiérarchisé juridiquement. Dans cette optique, la composante idéologique de la ville «construite», au sens abstrait mais aussi immobilier du terme, est évidente. L'Etat colonial cherche à orienter la notion même de «ville» et le rapport à l'espace urbain, dans la logique d'un contrôle total. Cette attitude renvoie au dessein global de contrôle, qui doit être entendu en ville aussi bien en termes de contrôle de l'espace (le foncier, l'habitat, l'usage des lieux) que des populations, dans leurs contours, leurs identités ou leurs déplacements.

«Tout en refusant de considérer les Africains comme des citadins en les renvoyant aux villages, le vocabulaire exprimait la dualité des politiques urbaines, à la fois en termes de morphologie (mesures de ségrégation socio-spatiale; contraste net entre le centre et les périphéries) et de gestion (l'opposition entre la municipalité et les chefferies» (Georg 2006).

Divers mécanismes sont mobilisés pour différencier des portions de territoire à l'intérieur de la ville, circonscrire les habitants et opérer un tri parmi eux: «on a besoin de main-d'oeuvre mais non de citadins» (Goerg 2006). On peut ainsi analyser la dimension spatiale de cette construction, permettant d'ériger un périmètre comme urbain. Ceci se marque non seulement par le bornage strict de

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l'espace mais aussi par sa hiérarchisation interne, repoussant hors de la définition urbaine certaines parties de la ville ainsi construites. Une fois cet espace délimité, on peut en effet théoriquement en contrôler l'accès, faire des citadins des privilégiés mais aussi décider de l'abandon volontaire de certaines zones, laissées hors du regard ou du schéma urbain. Dans ce processus, selon (Sinou, Poinsot et al. 1989 ; Diabaté and Kodjo 1991), la nomination (discours et vocabulaire) joue un rôle important dont l'ambiguïté intrinsèque doit être soulignée.

«Aussi était-il apparu nécessaire de doter la ville d'Abidjan, capitale de colonie d'un plan d'urbanisme moderne. Le plan rendu public en 1958, prévoyait le tracé de Treichville, appelé alors Anomabo, du Plateau et de Cocody. Il se caractérisait par un quadrillage régulier, avec une trame beaucoup plus serrée à Anomabo (future Treichville) la trame du Plateau avait 50 m de côté, alors que celle de la ville africaine n'en avait que 20» (Diabaté and Kodjo 1991)

Plateau était le centre-ville et le quartier européen. Situé entre Adjamé et Treichville, quartiers africains, le quartier de Plateau était isolé du nord par les deux camps militaires (Camp Mangin et Camp Gallieni), du sud par la lagune Ebrié. Treichville et Adjamé étaient les deux zones d'habitation des populations africaines. Tel est l'objectif du Plan Du Prey de 192832, plan qui a institué la séparation entre les quartiers européens et quartiers africains. Ce plan a fixé et délimité les zones d'activité et de résidence selon un modèle colonial de ville ségréguée et lancé les jalons de la spécialisation des différentes parties de la ville d'Abidjan.

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