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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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3.1.1 Des transports déterminés par les transformations permanentes des contextes nationaux

Si le développement des transports alternatifs est un phénomène commun à toutes les villes-capitales du tiers monde, on ne saurait parler dans l'absolu d'une similitude concernant leur trajectoire d'évolution, même si quelque fois, on retrouve des points communs entre certaines villes. À Abidjan, s'appuyant sur la prétendue nature rurale et artisanale de ces transports, l'idéologie post-coloniale a construit un système de transport basé sur le modèle de séparation des quartiers de la ville : les bus de la SOTRA et les taxis compteurs pour la ville officielle, les gbaka et les woro-woro pour les quartiers africains. Mais l'offre de la SOTRA qui était destinée à jouer ce rôle ; acheminer la main d'oeuvre, et notamment les fonctionnaires dans les administrations et à des tarifs préférentiels les élèves, les étudiants et les corps habillés est vite entrée dans des difficultés. Les conditions de déplacement se sont dégradées, même si aujourd'hui, l'on tente avec les bus express notamment, d'offrir des conditions relativement acceptables de mobilité. C'est ainsi que les transports autrefois combattus, se sont progressivement répandus sur les itinéraires de l'offre de l'Etat. En 1977, ce sont d'abord les Gbaka qui ont été autorisés à ravitailler les différents marchés de la ville d'Abidjan. Au même moment, les taxis collectifs ont retrouvé une nouvelle vigueur dans le périmètre urbain de Koumassi-Port-Bouët-Marcory en forte expansion démographique. Aussitôt, au cours des années 1980, dans les communes d'Abidjan, des services sont créés pour suivre les activités des taxis collectifs jugés utiles pour leur rôle fiscal. Dans le courant des années 1990, sous la pression de la crise socio-économique et des luttes de positionnement consécutives aux réformes de la décentralisation, des bretelles de rues sont aménagées, pour développer l'activité des taxis collectifs qui finissent par adopter des couleurs au niveau de chaque commune. La tentative d'éradication des ces transports dits informels semble alors achopper sur une difficulté structurelle. Aujourd'hui, presque 50 ans après l'adoption de la SOTRA comme mode de transport exclusif, on remarque que l'éradication des gbaka et des woro-woro relève d'une entreprise herculéenne.

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De façon générale, ce sont l'accélération de la croissance urbaine, les mutations sociales et économiques des populations urbaines articulées au déficit des transports de l'offre des Etats qui remettent en question la conception post-coloniale des systèmes de transport. Elles en démontrent la fragilité évidente mais aussi l'inefficacité et le caractère inadéquat des modèles de transport de type occidental. Ainsi, l'analyse de la trajectoire d'évolution des offres alternatives de mobilité aboutit à Abidjan au constat d'une offre de transport en émergence. Toutefois, bien que utiles aux populations, ces transports souffrent encore de certaines formes de préjugés et de traitement qui les placent dans une situation d'incertitude concernant leur avenir. En effet, malgré l'évolution de la ville et les insuffisances avérées de l'offre publique formelle, le district et le gouvernement continuent toujours de menacer officiellement les woro-woro, notamment la variante intercommunale d'interdiction en référence à l'arrêté municipal de 1977104. De plus, de leur côté, les mairies pourtant considérées comme la tutelle institutionnelle des taxis collectifs et notamment des taxis communaux, ne songent toujours pas à leur apporter des aires réelles de stationnement. De façon générale à Abidjan, les taxis collectifs continuent comme du temps de leur première apparition en 1950, de squatter les espaces publics vacants au grand bénéfice des syndicats ou chefs de station autoproclamés. Faute d'interlocuteur fixe, ce sont ces entrepreneurs privés qui s'octroient le pouvoir de contrôle des transports alternatifs.

À Dakar, un certain nombre d'études aboutissent au même constat. Seulement, qu'à Abidjan, les mesures d'acceptation des transports alternatifs ont évolué entre tolérance et autorisation partielle105, au niveau de Dakar, l'Etat a plutôt opté pour la transformation de la qualité de l'offre des transports alternatifs en en faisant évoluer la catégorie des propriétaires. En effet, selon (Kane 1997; Lombard,

104 La SOTRA, parallèlement à une stratégie de diversification de son offre en direction des marchés urbains (taxis-bagages), obtient, des responsables de la ville d'Abidjan, la promulgation, le 02 mai 1977, d'un arrêté interdisant la partie la plus urbanisée de la ville aux gbaka et woro-woro. Actuellement, c'est cet arrêté que brandit le district d'Abidjan pour prélever des taxes de transport aux woro-woro.

105Seuls quelques gbaka ont d'abord été autorisés par la Ville d'Abidjan à desservir certains marchés de la ville en 1977.

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Sakho et al. 2004), l'acceptation des transports alternatifs au Sénégal s'est faite par l'implication directe de l'Etat qui a cherché à moderniser l'activité. Cela a consisté à promouvoir un service de transport collectif privé performant qui puisse partager l'espace, en bonne intelligence, avec la SOTRAC.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard