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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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2.1.2 Des offres de l'Etat qui basculent d'un extrême à un

autre

La deuxième raison de la naissance des transports alternatifs se rapporte à la situation des offres publiques formelles dans les villes-capitales. En effet, après un timide démarrage pendant les périodes des indépendances, les modèles de transport public se sont emballés dans la plupart des Etats en développement au cours de la période 1970-1980. Selon les différents schémas adoptés, on note une variété de modèles de transports urbains. Sur ce plan, les situations des transports urbains des agglomérations de Dakar et de Brazzaville apparaissent tout à fait similaires à celle de la ville d'Abidjan. D'abord, parce que dans ces trois capitales, on retrouve la même prétention au monopole de l'offre de l'Etat. Ensuite, les réponses apportées relèvent de principes identiques.

En effet, dans ces trois villes-capitales, les offres de transport urbain étaient caractérisées au départ par une option de monopole de sociétés publiques, mais avec le temps, elles ont toutes glissé vers un schéma de cohabitation, puis d'alternance, voire même de domination totale des offres dites informelles. À Abidjan, si la SOTRA subsiste toujours, on remarque toutefois que le secteur des transports urbains est largement dominé par le secteur privé dit informel qui représente environ plus de 65% du marché des offres de transports collectifs de la ville (AGETU 2007), (voir graphique suivant).

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Graphique 3 : Part des différents modes de transport à Yopougon

(Abidjan)

Source: AGETU-DEP/Service Etudes et Prospective, 2007

À mesure que l'économie des villes se dégrade sous les effets de la crise, les gbaka et les woro-woro pour Abidjan, les «foula-foula» et les «taxis 100-100» à Brazzaville, les «cars rapides» ou autres «ndiaga ndiaye» de Dakar qui avaient été interdits précédemment réapparaissent, se multiplient et se généralisent pour se positionner comme un transport de substitution sous l'égide des autorités officielles qui tentent de les organiser. À défaut de pouvoir apporter des réponses adéquates à la demande sociale de mobilité, les autorités publiques tolèrent les initiatives locales de mobilités, autrefois combattues.

En près de cinquante ans, la SOTRA (1960) à Abidjan, la RTS à Dakar (1962) et la RMTB (1963) à Brazzaville sont passées d'une situation de pure forme d'exclusion des modes hérités de la période coloniale à une situation de

99 Étude régionale sur l'organisation, le financement et la rentabilité des micro-entreprises de transport urbain en Afrique subsaharienne Tome IV: Le cas de Harare.

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cohabitation ou de domination des modes dits informels. On observe la même situation à Harare, au Zimbabwe avec la Zimbabwe United Passenger Company (ZUPCO). En effet, selon une étude de la Banque mondiale99, du temps de son monopole légal (avant 1988), la ZUPCO rentabilisait bien son contrat dans son périmètre de franchise. Mais après, elle a été fortement concurrencée par les nombreuses unités du secteur informel (les emergency taxis et les commuter buses), qui l'ont jetée dans une période de déclin (BM 2001). Pour ce qui est des villes comme Lima au Pérou, Cotonou au Bénin selon (Haeringer 1986; Noukpo and Agossou 2004), on parlera d'acceptation totale de l'initiative privée assortie d'une volonté de régulation de l'Etat à travers une affectation des itinéraires par une coopération/négociation. À Kinshasa au Congo, il y prévaut une situation de complémentarité de fait entre public et privé quand, à Santiago au Chili, on tend vers une situation de privatisation complète des transports urbains (Haeringer 1986).

À partir des exemples de ces quelques villes, on peut retenir que dans pratiquement toutes les villes-capitales, la nécessité urgente de mettre en place un système de transport public pour permettre le déplacement des populations, s'est manifestée souvent très tôt avec les indépendances. Les États s'étaient employés à créer des régies et sociétés paraétatiques de grands bus selon la définition moderne mais surtout occidentale du transport public. Mais le piège classique de la croissance démographique couplé à l'étalement urbain incontrôlé a fini par faire plonger la quasi-totalité de ces entreprises publiques de transport dans une léthargie totale. Nombre de sociétés formelles qui ont connu des moments de gloire ont disparu. C'est dans ces circonstances que le secteur dit informel traditionnel qui existait déjà, mais combattu ou négligé dès les indépendances par les autorités, prend de l'ampleur en complément ou en concurrent ou même en remplacement des services structurés formels. Aujourd'hui, ces modes de transport sont des réalités communes à toutes les villes-capitales du tiers-monde.

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Mais, la discrimination à ce niveau repose souvent sur la nature des moyens utilisés (véhicules motorisés, deux roues motorisées, transports non motorisés). La mesure du phénomène montre également des différences entre les villes, qu'il s'agisse de l'emprise spatiale du phénomène (transport urbain ou périurbain dans les métropoles d'Afrique, d'Amérique latine, en Asie du Sud-est) ou surtout des populations qui l'initient et le développent. C'est sur ce dernier point que nous déclinons notre analyse comparative dans le paragraphe suivant pour comprendre les similitudes et les différences entre les différents groupes d'entrepreneurs qui sont au coeur de la dynamique d'émergence de ces modes de transport dans les pays en développement. Sur ce plan, la place des Malinkés en Côte d'Ivoire et des Mourides du Sénégal, dans ces transports offre des perspectives d'analyse intéressantes pour comprendre l'apport des facteurs socio-culturels dans l'émergence des réponses alternatives de mobilité.

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