3.3.3 «C'est un mouvement de quartier»
«C'est un mouvement de quartier, juste entre nous jeunes.
On a lancé le mouvement en 2010. Sinon ce n'est pas une gare en tant que
telle. On travaille avec la chefferie» Gbané, chargeur,
03.07.2012
Le développement des woro-woro concerne
également les attitudes de prise d'initiative de certains groupes de
personnes qui reproduisent les comportements qui ont connu du succès
ailleurs. Le comportement mis en relief ici relève d'une attitude
d'opportuniste autant que d'engagement des jeunes en faveur des parents
confrontés objectivement à un problème de mobilité.
Les soirs, les habitants du quartier (Lokoi-village), une fois arrivés
au carrefour Lokoi96 sont obligés de faire le reste du
trajet, long d'environ un kilomètre à pied. La voie est
jonchée de ravins, de broussailles, de petits hangars qui font souvent
le lit aux bandits qui
96 Le carrefour Lokoi est le point de rupture de
charge des gbaka et des woro-woro intercommunaux.
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agressent quotidiennement les habitants du quartier qui
rentrent tard. Pour les jeunes du quartier, seule une liaison en
véhicule est susceptible de leur permettre d'éviter de tels
désagréments, surtout que c'est selon eux de cette même
façon que les jeunes du quartier voisin d'Académie ont
procédé lorsque les habitations de leur village étaient
confrontées à ces mêmes problèmes
d'insécurité.
Réponse possible à plusieurs questionnements
relatifs aux problèmes de l'insuffisance d'offre de transport
étatique, de l'excroissance spatio-démographique, de la crise
socio-économique et institutionnelle, etc., les pratiques alternatives
de mobilité s'observent au plan local, national et à
l'échelle mondiale. Toutefois, ces pratiques alternatives se trouvent au
coeur d'une multiplicité d'initiatives, qui ne se réfèrent
pas toutes aux mêmes échelles de compétences et aux
mêmes contextes nationaux. À cet effet, la dernière partie
de ce travail est consacrée à l'analyse comparative des
différentes réponses données à l'insuffisance des
offres publique de transport urbain dans les Etats d'Afrique et ailleurs dans
le monde.
198
DISCUSSION
199
Cette dernière partie soumet au lecteur les
résultats obtenus ainsi que leur interprétation en liaison avec
les données de la littérature d'autres pays pris comme des
exemples. Nous étudions le transport alternatif et il y a n'a eu dans
les autres pays. Quels alors sont les points de convergence et de divergence
dans les réponses au déficit de transport à Abidjan en
Côte d'Ivoire et dans des capitales comme Cotonou au Bénin, Dakar
au Sénégal, Durban en Afrique du Sud, Harare au Zimbabwe,
Casablanca au Maroc, Istanbul en Turquie, Brazzaville au Congo, Hanoi et
Hô Chi Minh-Ville au Vietnam? Que dit-on sur les transports alternatifs
dans la littérature scientifique de ces capitales? Parce qu'il y a en
eu. Ensuite, quand on compare la dynamique d'émergence des transports
alternatifs du genre dans ces capitales qui ont connu ce type de
développement anarchique, est-ce que c'est la même chose avec les
woro-woro de Yopougon (Abidjan)? Qu'est-ce qui fait la
spécificité du cas ivoirien? Les réponses à ces
interrogations sont contenues dans les points suivants autour desquels nous
faisons cette comparaison:
1. Comparaison des réponses au déficit de
transport. Nous nous intéressons aux différences et aux
similitudes dans les réponses apportées à l'insuffisance
des offres publiques formelles dans les villes capitales. Comment ces
transports naissent? Qui sont les groupes d'acteurs qui sont impliqués
dans ces types de transport? Ici à Abidjan, ce sont des
communautés spécifiques (les Malinké) qui ont largement
investi le secteur. Est-ce que c'est pareil ailleurs?
2. Le second élément de comparaison concerne la
trajectoire d'évolution de ces transports. Comment ces offres
alternatives mutent? Nous nous intéressons ici aux similitudes et aux
différences entre les contextes dans lesquels ces transports
évoluent. Est-ce que, ce que j'ai pu observer à Yopougon est
semblable à ce qu'on a pu observer ailleurs?
200
3. Dans ce dernier point de comparaison,
l'accent est mis sur les différentes
formes d'organisation de réponses apportées
à l'insuffisance des offres de transport public. Quels sont les points
de ressemblance et de différence dans les modes d'organisation de ces
transports dans les villes capitales? Qu'est-ce qui fait la
spécificité du cas ivoirien?
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