3.1.2 La violence comme ressource d'action
«syndicale»
L'un des constats à noter dans le secteur des
transports est que la structuration de cette offre s'effectue dans un contexte
particulier de mobilisation de violence sociale et de contre-violence des
appareils répressifs de l'État comme le témoigne cet
article tiré de la presse locale et intitulé:
«Danger».
Les «gnambro» sont désormais les
maîtres des gares routières. Chauffeurs, propriétaires de
camions et passagers, tous subissent leur loi [...] Maîtres
incontestés, les gnambro n'hésitent pas à mettre au pas
tous ceux qui refusent d'obéir à leur loi. Pneus
dégonflés, chauffeurs privés de chargement, passager
tabassé...la liste des préjudices subis par les usagers est
longue. Parfois, ces agressions se terminent par des bagarres entre groupes de
«gnambro» [...] Le métier fait recette. 2000 à 3000 f
par jour. Voire plus souvent. Le phénomène s'étend
désormais à toutes les communes d'Abidjan. Parce qu'il est
juteux. Ainsi, il n'est plus rare de voir des minis gares se créer
à Cocody, Yopougon, Adjamé. En somme partout. Car,
l'investissement pour s'installer se résume à la force des
muscles. Pas des pensées. Mais des recettes.» Frat Mat
du jeudi 13 septembre 2012, p4
Outre la violence utilisée par les entrepreneurs
syndicats du transport pour s'approprier la gestion des espaces publics,
d'autres formes de violences physiques et symboliques rythment aussi le secteur
des transports (Diop and Faye 1997). En effet, soit pour le contrôle d'un
site, soit par simple refus d'un chauffeur de payer un ticket syndical, les
chargeurs ou les syndicats utilisent souvent recours la violence pour s'imposer
comme l'indique cet extrait d'un journal local.
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«Milice des syndicats»
«Les «gros bras» n'hésitent pas à
ôter la vie quand les chauffeurs refusent de payer leurs tickets dont les
prix varient entre 500 et1000 FCFA. Cela est fonction des lignes de gares des
woro-woro ou des gbaka». Le jour plus du mardi 06
décembre 2011, p 5
L'auteur des propos suivants montre bien comment la violence
devient inéluctable dans le secteur des transports dans un contexte
d'affaiblissement du pouvoir régalien de l'Etat.
«Au moment où on créait cette gare,
c'était une petite parcelle où garaient les taxis
«choto» et il y avait quelques taxis compteurs qui venaient garer
là, c'était une tête de stationnement. Nous, on a
trouvé que le coin était stratégique par rapport à
la côte. Donc ceux qui étaient là, les taxis qui avaient
aménagé un petit coin, il fallait lutter pour pouvoir les faire
dégager là, il fallait lutter par la force, il fallait employer
certains moyens pour s'approprier la gare» (Y. B 14-92011)
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