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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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1.2 Les Malinkés: une présence historique
dans le transport

Au niveau historique, plusieurs faits rendent compréhensible la présence des Malinkés dans le transport. Il s'agit des appellations liées au matériel roulant et de noms renvoyant à certaines catégories spécifiques d'entrepreneurs. En outre, certains travaux réalisés sur l'entreprise ivoirienne ont mis en évidence l'existence d'un corps social intégrant l'activité économique en fonction des appartenances socioculturelles. Ainsi pour (Dembélé 2002), ce sont les Maliens, les Guinéens, les Malinké et les Sénoufo ivoiriens, englobés dans le grand groupe des commerçants Dioula qui occupent largement le champ du commerce et du transport urbain.

«Le corps social est alors constitué selon une structure socioéconomique nationale intégrant des compétences appartenant à divers groupes socioculturels: le paysan autochtone, le Mossi manoeuvre, le Dioula commerçant, transporteur, artisan, le Libanais [...] Le champ nouveau des services urbains et ruraux présente une infinité des rôles occupés par les groupes ethniques spécifiques à chaque secteur d'activité économique correspond un groupe socioculturel ivoirien» (Dembélé 2002).

1.2.1 La culture malinké très visible dans le secteur

Parler de culture Malinké dans le secteur du transport collectif, c'est aussi faire référence à l'usage d'un vocabulaire propre à ce secteur d'activité et dont les référents renvoient au paysage culturel Malinké. Ainsi, dans certains cas, il s'agit des appellations liées au matériel de travail et dans d'autres, des noms qui font référence à la profession. Au nombre de ces appellations, on note le terme «woro-woro» de «dioula» ou de «dioulatchè», de «massa», etc. En outre, certains transporteurs n'hésitent pas à afficher leur appartenance confrérique.et l'un des moyens les plus utilisés est l'inscription ostensible de signes et d'images religieux dans les véhicules tel « Alhamdoulilahi » qui signifie si Dieu le veut.

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1.2.2 Le terme «woro-woro»

Le mot «woro-woro» est une création néo-traditionnelle qui vient d'une des langues de la Côte d'Ivoire, le Malinké. Woro-woro signifie à l'origine «30, 30», par imitation phonétique du coût du trajet «30 f». Par image, ce terme a désigné les véhicules qui concurrençaient les taxis compteurs, création de l'administration coloniale. À l'origine c'étaient des Malinké qui exploitaient ces véhicules. Ceci s'explique par le fait que les plus grands groupes des tout premiers migrants Africains arrivés à Abidjan et ayant investi dans le transport étaient des Malinké (Aka 1988; Kassi 2007). Au début, les woro-woro étaient utilisés pour la desserte du quartier africain Treichville marchés (Antoine, Dubresson et al. 1987). Mais peu à peu, par nécessité, ils ont été utilisés par l'ensemble de la population de la ville d'Abidjan.

Pour les interviewés des années 1960 à 1970, le woro-woro ou taxi ville était un mode de déplacement à part entière. Le woro-woro est alors conçu comme un complément à la marche, permettant à la fois de soulager les marcheurs et d'accroître leur vitesse de déplacement. Le passage du terme «de portage» à «woro-woro» marque un changement sémantique et son utilisation implique également un glissement progressif d'une pratique à une autre. En outre, le terme woro-woro apparaît beaucoup plus large que celui «de portage», puisqu'il désigne l'utilisation d'une voiture en commun, et pas seulement entre un individu porteur et ses bagages, comme le suppose le terme de portage et la pratique. De plus, l'une et l'autre pratique n'ont pas les mêmes implications en termes matériels et de gain de temps. En revanche le portage et le taxi collectif woro-woro se ressemblent sémantiquement puisque les deux termes évoquent l'usage d'un moyen de déplacement sur un trajet donné. Mode de transport éminemment informel et spontané au départ, le woro-woro va progressivement s'organiser et s'institutionnalisé grâce à une multitude d'acteurs qui le portent.

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