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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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1.1.3 L'intermédiation et le courtage présents dans le commerce se retrouvent dans le transport

Aussi bien dans le commerce que dans le transport, on remarque une importante implication des intermédiaires. En Afrique et notamment en Côte d'Ivoire, dans les activités sociales et économiques, on note une importante implication d'individus «intermédiaires». Les activités liées au développement des transports ne sont pas en reste. Dans ce secteur, on note un fleurissement d'intermédiaires souvent informels. La logique consiste pour ces courtiers à se transformer en protecteurs, ou en guides qui vont même parfois dans les méandres de l'administration avec lesquelles ils ont des relations d'une étendue variable.

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communautaire. Mais parler de relations, c'est selon (Merclé 2004) restituer aux comportements individuels la complexité des systèmes de relations sociales dans lesquels ils prennent sens, auxquels ils donnent sens. Les relations à caractère familiales ou de dépendance sont les premiers recours possible dans la constitution de la main-d'oeuvre dans les modes de transport alternatif. Le lien contractuel verbal est fort et garantit un droit au maintien, si les termes du contrat sont respectés. Les liens de parenté entre entrepreneurs limitent également les renvois systématiques. Le transport a été et reste encore un secteur de placement social (SSATP 2001). Les différents acteurs y amènent souvent leurs parents proches pour l'apprentissage d'un métier qui culmine avec celui de chauffeur, d'apprenti ou de chargeur.

Dans un contexte économique où les institutions chargées de l'emploi formel sont mises à rude épreuve, les relations de parenté sont donc mises à contribution afin de satisfaire ce besoin. Aussi, les membres de la cellule familiale constituent-ils une réserve de main-d'oeuvre indispensable pour le responsable chargé de recruter du personnel ou pour celui qui achète un véhicule de transport. Ce choix porté sur les membres de la famille est également fonction des valeurs traditionnelles. En effet, la société africaine s'est depuis toujours distinguée par son attachement à la structure familiale. Le marché du travail est en même temps un marché de relations sociales. Ainsi dans les relations de travail, les rapports sociaux lignagers prennent parfois le pas sur les règlements officiels. Le recrutement d'un grand nombre d'entrepreneurs du secteur des woro-woro est caractéristique des droits et obligations en vigueur dans la société africaine (Hernandez 1995). On peut donc en déduire avec Tbou Sané que «l'informel», s'il constitue une réponse de survie, semble correspondre assez bien aux valeurs socio-culturelles africaines.

La réussite ainsi que l'ascension des activités dites informelles ne tiennent point du miracle, mais découlent d'une organisation socio-économique où la solidarité et la confiance sont les maîtres-mots (Sané 1993). Le développement des initiatives alternatives de mobilité n'apparaît donc pas comme un phénomène nouveau et isolé. C'est une transposition de pratiques commerciales, économiques

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et culturelles des Africains à l'automobile. Elles prennent des noms divers dans les Etats et se sont développées de manière significative en rapport avec le développement progressif des grandes villes comme l'indique le tableau suivant

Tableau 4: Quelques modes de transports en Afrique

Pays

Appellation locale

Bénin

Zemidjan (prends-moi vite, transport rapide et porte à porte)

Kenya

les emergency taxis (taxis collectifs d'au plus 7 places), puis les commuter buses (bus de liaison, en majorité des minibus

Congo Brazza

foula-foula (qui va vite, se faufile, on ne peut pas l'attraper)

Cameroun

Bendskin (penche-toi pour mieux t'accrocher au véhicule ; danse traditionnelle de l'Ouest du Cameroun)

Kenya

Boda-boda (border to border)

Niger

Kabu-kabu (haoussa)

Nigeria

Okada

Ouganda

Boda-boda (border to border)

Sénégal

Ndiaye ndiaga (mouride), car rapides

Togo

Oléyia (Ewé) = est-ce que tu vas?

Côte d'Ivoire

Woro-woro (manlike) (30f, 30 f)

Source: Adapté des travaux de (Diaz Olvera, Plat et al. 2007)

Actuellement, dans la ville d'Abidjan et notamment à Yopougon, le secteur des transports alternatifs est essentiellement entre les mains de néo-citadins et natifs de souche qui se sont en réapproprié un certain nombre d'enseignements socioculturels de leur terroir pour sortir de la marginalité dans laquelle les confine la «ville formelle». Mais qui sont les animateurs de ces transports? Au-delà du parallèle entre le déficit des moyens formels de mobilité et la naissance de réponses alternatives de mobilité, un autre fait que notre approche historique nous a révélé est le rôle des Malinké dans la trajectoire historique de ces transports.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote