2.2 Emergence de spécialités des
woro-woro
L'offre alternative de transport à Yopougon, profite de
l'incompréhension des autorités officielles en charge du
transport et des difficultés de l'offre publique pour étendre ses
services. Il en est ainsi du secteur des woro-woro face à des besoins de
mobilité géographiques de plus en plus grands. En moins de trois
décennies, ce mode de transport est parvenu à constituer une part
de l'offre de transport urbain en assurant quelque (33 %) des
déplacements collectifs d'Abidjan (AGETU 2007). En effet, la
réglementation des taxis est contournée par l'exploitation
clandestine de véhicules particuliers privés comme moyens de
transport collectif. Tout en profitant de l'extension de l'habitat vers les
périphéries urbaines, des têtes de lignes de woro-woro sont
alors aménagées à proximité des gares et points de
rupture de charge pour capter les laissés-pour-compte de la desserte
régulière de service public.
83 Nous avons décrit dans les paragraphes
précédents la présence des syndicats dans le transport
comme un fait voulu et entretenu par les mairies et le district pour
écarter l'AGETU de la gestion des ressources
générées par le transport.
171
Actuellement, toutes les gares du secteur public des
transports et les pôles de convergence d'usagers (marchés,
structures sanitaires et services administratifs) sont doublés d'une
tête de ligne de transport collectif. Les usagers sont attirés
grâce à un système de desserte plus rapide, permettant des
gains de temps substantiels ou moins onéreux. Ces taxis collectifs se
subdivisent en deux catégories: les woro-woro intercommunaux, sans
couleur précise et les woro-woro communaux avec une couleur
précise selon la commune. Les Abidjanais savent par exemple que les
woro-woro jaunes sont ceux de Cocody le quartier présidentiel, les bleus
sont ceux de Yopougon la plus grande commune de Côte d'Ivoire. Toutefois,
si au niveau de ces deux types de taxis, les taxis communaux demeurent depuis
quelques années sous la tutelle de la mairie (taxe de stationnement
exclusivement payable à la mairie), les taxis intercommunaux quant
à eux, profitent toujours de l'opacité des responsabilités
qui tendent de le contrôler.
2.2.1 Le woro-woro communal pour les courtes distances
L'avenir des taxis communaux ou woro-woro communaux est un bon
révélateur des problèmes de Yopougon en matière de
transport en commun. Le woro-woro communal a opéré une
véritable révolution dans les transports de proximité, en
transformant de fond en comble les horizons du quotidien. Un déplacement
en ville ou de la ville vers la périphérie et vice-versa cesse
d'être une corvée ou un parcours du combattant. La diffusion du
woro-woro à travers l'espace abidjanais en général, et
celui de la commune de Yopougon en particulier, donne aux habitants la
possibilité d'une mobilité jamais connue par le passé. Le
woro-woro a popularisé le transport sur courtes distances. Jusque dans
les années 1970, la société abidjanaise paraissait peu
mobile dans son écrasante majorité (Diahou 1981; Bonnassieux
1987; Steck 2008).
Dans une commune comme Yopougon, en l'absence de taxis intra
muros, les déplacements étaient extrêmement limités.
Dans les quartiers, les lignes des woro-woro communaux constituent des
réseaux de rabattement et assurent une desserte plus fine de l'espace.
Ces réseaux sont les plus flexibles au niveau des dessertes. Les
dessertes se font en général à partir des gares relais ou
des espaces centraux
172
desquels divergent les lignes vers les quartiers. La
configuration de ces réseaux épouse dans les détails celle
de la voirie communale. Or, le réseau des lignes d'autobus est
tributaire de la voirie revêtue qui est insuffisante. De nombreuses voies
de circulation étroites à l'intérieur des quartiers ne
permettent pas aux bus de sortir de la voirie aménagée.
Toutefois, ces blocages infrastructurels ne sont en rien une entrave au
développement des taxis collectifs, capables d'atteindre les secteurs
les plus reculés. Cette organisation spatiale des taxis communaux
reflète l'image d'un système en phase avec son cadre
d'évolution. Les réseaux et les noeuds de ces transports calquent
ceux de la commune pour assurer une bonne complémentarité entre
les différentes composantes de l'espace (Aloko 2001) comme le montre le
tableau suivant.
173
Tableau 10 : Tableau du réseau de lignes des
woro-woro communaux
Origine
|
Destination
|
Siporex
|
Ananeraie-Maroc
|
Siporex
|
Toit Rouge
|
Siporex
|
Camp Militaire
|
Siporex
|
Kouté
|
Siporex
|
Km 17
|
Carrefour Zone industrielle
|
Micao
|
Carrefour zone industrielle
|
Zone industrielle
|
Carrefour zone industrielle
|
Prison civile
|
Gabrielle gare
|
Prison civile
|
Gabrielle gare
|
Zone industrielle
|
Gabrielle gare
|
Andokoi
|
Gabrielle gare
|
Zone industrielle-Micao
|
Gabrielle gare
|
Nouveau cartier
|
Station total (Kenya)
|
Ananeraie-Maroc
|
La poste
|
Nouveau quartier
|
La poste
|
Toit rouge
|
La poste
|
Kouté
|
La poste
|
Niangon
|
SICOGI -marché
|
Niangon
|
SICOGI- marché
|
Camp militaire
|
SICOGI-marché
|
Ananeraie
|
SICOGI-marché
|
Banco II- Port-Bouët II
|
SIDECI(Palais)
|
Béago
|
SIDCI palais
|
Niangon
|
Niangon sud (à gauche)
|
Azito
|
Niangon sud (à droite)
|
Lokoi
|
Source: nos entretiens
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