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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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2.1.2 Conflits entre la mairie et l'AGETU

Les rapports conflictuels entre les mairies d'Abidjan et l'AGETU à propos du contrôle des taxis collectifs ne sont pas nouveaux. Ils commencent en 2005, lorsque l'AGETU créée par décret en 2000 décide de prendre les devants de la gestion du transport (taxes et redevances provenant de la délivrance et du contrôle des titres, agréments et autorisations) et la subvention publique de l'Etat conformément à ses prérogatives. Une polémique naît entre les collectivités et cette agence au sujet du niveau de la répartition de ce budget. Alors que les collectivités l'estiment à 1,5 milliards FCFA, l'AGETU le chiffre à 706 millions de FCFA soit 3% du budget77 de la ville d'Abidjan. Un tel écart conduit cette structure à s'estimer légitimement victime d'une lecture politique dans l'affaire «les redevances: les communes, délestées d'une importante source de devises78». Les appréhensions des maires ne sont pas aisées à réduire dans la mesure où,

«...le transfert des ressources au profit de l'AGETU entraînerait un manque à gagner important: 160 000 francs CFA par an par taxi compteur pour la ville d'Abidjan, 40000 francs par an par taxi communal pour les communes d'Abidjan» (Zoro 2002).

77 In Fraternité-Matin n°12176 du dimanche 11 et du samedi 12 juin 2005

78 Rapport de présentation du projet de decreet portant transfert et répartition de compétences aux collectivités territoriales en matière de transport.

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Ainsi, d'une année à l'autre, l'indépendance de l'AGETU semble loin d'être acquise. En dénonçant la réduction de l'allocation financière de l'agence, un de ses responsables tire la sonnette d'alarme:

«...il ne s'agit pas de créer des structures qui fonctionnent sur papier, encore faut-il leur donner les moyens financiers nécessaires à la bonne conduite des missions qui leur sont assignées [...] Il y a un désordre quand on regarde la physionomie de l'ensemble de la voirie d'Abidjan. Les raisons de ce désordre se situent à plusieurs niveaux de responsabilités. C'est surtout un désordre qui provient de l'organisation institutionnelle et du manque d'organisation. Les autorisations, ce qu'on appelle le droit d'exercer sur le terrain, se géraient à divers endroits [...] Quand déjà avec un seul secteur, il y a plusieurs intervenants, cela devient complexe. Car, il n'y a pas de coordination à l'entrée du marché. C'est le premier niveau de problème. Il sera réglé avec l'avènement de l'AGETU qui compte en son sein toutes les compétences. L'AGETU a une vision cohérente du secteur, contrairement à plusieurs administrations qui le géraient par le passé». M. A, responsable chargé des ressources humaines à l'AGETU (03-02-2009).

Ce dépit qui illustre des chevauchements dans l'exécution des compétences, prend actuellement une autre forme. Dans la continuité de la bataille des prérogatives, L'AGETU semble décider à rendre la régie annoncée inopérante, surtout qu'elle affirme que son système ne s'accommode pas des lourdeurs d'une régie79. Quant aux collectivités, elles s'accrochent à leurs prérogatives et ressources et n'acceptent pas qu'une structure transversale organise les transports dans l'ensemble de l'agglomération abidjanaise. Pour résoudre ce conflit et renforcer l'autorité de l'AGETU, le recours à la loi est adopté. L'annexe fiscale de la loi de finance 2004 stipule qu'il

«est institué auprès de l'Agence de Transports urbains (AGETU), une taxe d'inscription et une redevance d'autorisation annuelle lors de la délivrance et du contrôle des titres de transport urbain [...] Dans le ressort territorial de l'AGETU, les redevances d'autorisation se substituent à la taxe sur les taxis et à la taxe sur l'exploitation d'embarcations prélevées par les communes, ainsi qu'à la taxe sur les taxis interurbains, intercommunaux ou ceux dotés d'un compteur prélevées par le district d'Abidjan80».

79 Zoro, Directeur Général de l'AGETU, in Fraternité-Matin n°12176 des dimanche 11 et samedi 12 juin 2005, p.3

80 In Fraternité-Matin n°12176 des dimanche 11 et samedi 12 juin 2005

81 Idem

82 Idem

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Une clé de répartition des redevances est même arrêtée. Elle donne 40% aux collectivités territoriales et 60% à l'AGETU. Mais cette répartition suscite la colère des collectivités locales. Celles-ci s'appuient sur des dispositions légales et engagent une bataille juridique essayant en vain de se ménager les transporteurs par la promesse d'une exemption de visite technique. Estimant que la précédente répartition ne prend pas suffisamment en compte les contraintes budgétaires des communes et du district d'Abidjan81, l'annexe fiscale de la loi des finances 2005 contrarie ce dénouement. Celle-ci inverse la clé de répartition des redevances transport. Elle attend reverser 60% des redevances aux collectivités territoriales et 40% à l'AGETU en adjoignant à l'agence une régie pour la gestion des redevances d'autorisation de transport. Ce renversement de situation qui confine désormais l'AGETU dans le rôle de guichet d'enregistrement la rend tributaire des politiques de transport des communes dont le souhait est de reprendre la gestion complète des redevances82.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote