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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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3.2.4 Le chauffeur en second

Il joue pratiquement le même rôle que le chauffeur titulaire, mais son embauche se fait par le titulaire qui en informe le propriétaire. Malgré, l'immensité de sa tâche, il n'est pas rémunéré par le propriétaire avec qui il n'a aucun contrat. Le chauffeur en second n'a pas de salaire, même si dans certains cas rares, il reçoit

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entre 5000 et 10000 FCFA mensuellement de la part du chauffeur titulaire. Dans un secteur où les conditions de travail sont à la limite de la résistance humaine puisqu'elles impliquent une journée de conduite de l'ordre de 14 heures, les conditions de travail du chauffeur et en particulier du chauffeur en second ne sont pas sans poser des problèmes. D'où l'intervention d'un troisième chauffeur dans certains cas, appelé le «en cas de cas».

3.2.5 «Le en cas de cas»

Cette troisième catégorie de chauffeur ne roule pas régulièrement. Il n'a pas de salaire. De plus, si le contrat qui lie le chauffeur titulaire au propriétaire exige que celui-ci connaisse le chauffeur en second, «le en cas de cas», lui n'a pas cette possibilité. Il est juste sollicité pour des tâches intérimaires temporaires et s'en sort grâce au surplus de recette qu'il garde sur lui après le versement du montant que lui exige son employeur. Le point de vue de ce chauffeur dans l'encadré suivant donne à peu près une idée du «en cas de cas».

«Sur le taxi! Bon, comme souvent il y a des problèmes quand l'autre est malade, tu es obligé de chercher un second et donc souvent on est trois, voilà. Les trois ne sont pas payés. Le troisième on l'appelle «en cas de cas. Lui, il ne roule pas régulièrement comme ça. Par exemple quand je suis en train de travailler et qu'un problème m'oblige à aller en famille, je fais appel au «en cas de cas» qui vient achever ma journée et me verse la recette. Quant au chauffeur en second, il verse directement sa recette au propriétaire comme le chauffeur principal. Lui, on fait ça pour pouvoir payer ses besoins. Le premier à qui on a donné la voiture c'est lui que le propriétaire connaît. Maintenant toi tu cherches ton second et tu l'envoies chez le propriétaire. Ah! C'est avec celui là que je vais travailler. Maintenant en fonction du salaire vous vous départagés entre vous (le titulaire et le second). Le patron paye le premier et c'est lui qui doit s'arranger avec son collègue (le second). «Le en cas de cas» n'est pas dedans.» (P.N 13. 12 2012)

Les chauffeurs de woro-woro accomplissent de longues journées de travail, car leurs revenus dépendent du nombre de courses qu'ils effectuent. Pour cela, les chauffeurs dépassent souvent les vitesses autorisées sur les routes pour plus de profits immédiats et ils sont dans beaucoup de cas désignés comme responsables

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des accidents de la circulation et des embouteillages. Malgré des chiffres d'affaires importants, les revenus procurés par l'exploitation d'un taxi demeurent limités à cause du trop grand nombre d'acteurs impliqués autour d'une autorisation. Seul un comportement enfreignant les règles élémentaires de la circulation routière (dépassement des vitesses autorisées et des lignes blanches, arrêts inopinés) permet aux chauffeurs du woro-woro de réaliser un nombre quotidien de courses suffisant pour dégager des revenus. Les chauffeurs prennent peu de jours de congé et ne sont pas affiliés aux organismes de sécurité sociale. Ils dépassent les vitesses autorisées sur les routes pour plus de profits immédiats et ils sont souvent désignés comme responsables des accidents de la circulation et des embouteillages. «L'humour des Ivoiriens surnomme ces véhicules «le cercueil roulant» en raison de leur conduite imprévisible et en référence aux pratiques de « danseurs de cercueil ». Le cercueil, évolue dans tous les sens pour désigner le sorcier, responsable de la mort du défunt. Pour Claude Vidal,

«à Abidjan, les pratiques de la conduite sont autant de comportements à mettre en rapport avec la catégorie sociale des conducteurs et les conditions spécifiques de leur accès à l'automobile: un jeune chauffeur, peu scolarisé et mal payé, qui, à raison de plus de dix heures par jour, conduit une camionnette en mauvais état, n'a certainement pas en matière de sécurité les mêmes pratiques qu'un cadre d'entreprise roulant dans sa propre voiture. Les chauffeurs professionnels, en surnombre, détenteurs d'un permis plus ou moins acheté, souvent le substitut d'un diplôme scolaire demeuré hors d'atteinte, ils ne sont pas en état de refuser des conditions de travail désastreuses au sens plein du terme, Le cycle du taxi est à cet égard particulièrement significatif, En 1975, les compagnies d'assurances refusant les taxis. Le Président du Syndicat National des Transporteurs reconnaît que, durant l'année 1975 sur 2043 taxis en activité dans la capitale, 1800 ont eu des accidents 88 % d'entre eux!»(Vidal 1986)

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore