3.1.1 Le salariat, premier moyen d'investissement
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Le facteur capital pose toujours un problème aux
entrepreneurs dans ce secteur. Le tableau suivant indique l'importance des
salariés dans le secteur des woro-woro à Abidjan.
Tableau 9: proportion des woro-woro en fonction du
statut socio-professionnel du propriétaire
Origine
Professionnelle
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Nombre
de woro-woro
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Proportion %
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Salariés
Commerçants Autres
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30 60 %
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15 30 %
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5 10 %
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Source: Nos entretiens
Le salariat constitue le premier moyen de financement de la
création de l'entreprise. Le secteur dit informel tire ses ressources du
secteur moderne auquel il reste subordonné(Metougue 2004). C'est la
masse des salaires payés dans le secteur formel qui est la source
principale de la demande adressée aux activités dites
informelles. Le souci de préserver son emploi empêche les
fonctionnaires et les salariés (majoritaires dans ce type
d'activité) de risquer une mise en disponibilité, un congé
sans solde ou un départ volontaire pour création d'entreprise et
maintient cette catégorie d'entrepreneur dans le secteur dit informel.
De plus, la frontière entre le secteur formel et le secteur dit informel
manque de visibilité dans certains domaines, comme celui du transport
urbain notamment. Le secteur dit informel apparaît ainsi comme un ballon
d'essai, un processus d'apprentissage. Le promoteur qui résiste aux
soubresauts de ce «monde invisible», peut prétendre se montrer
le moment venu au grand jour, notamment s'il bénéficie des aides
de l'Etat (prêt bancaire). Les conducteurs propriétaires de
woro-woro, déclarent travailler dans l'informel pour réunir le
montant nécessaire pour remplir les formalités
administratives.
«Le woro-woro rapporte de l'argent autant que le taxi
compteur mais les frais d'immatriculation sont exorbitants. En plus, nous
payons aujourd'hui presque les mêmes charges que les transporteurs
réguliers». Rassure Goué P. un conducteur de woro-woro
interrogé (12.04.2009)
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Beaucoup de «déflatés» qui ont voulu
s'investir dans les prestations de service ou le commerce, ont dû
affronter une kyrielle de formalités dont ils n'avaient pas
nécessairement l'habitude. Mettre un taxi en circulation exige la
constitution des documents suivants: patente, assurance, vignette, carte grise,
visite technique, carte de stationnement, formulaire de ligne (donné par
les syndicats de transporteurs).Or, la confection de ces divers documents est
du ressort de plusieurs administrations et la connaissance des services mis
à contribution ici n'est pas à la portée du premier venu.
Aussi, la tendance évolue-t-elle vers le statut d'employer pour le plus
grand nombre d'entrepreneurs qui s'y emploient dans une perspective de lutte
pour la survie.
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