WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 3

Le woro-woro, une évolution dans
la structure de fonctionnement

Pour Minztberg, une entreprise ne peut se concevoir de manière isolée. Elle est en lien permanent avec le milieu, auquel d'ailleurs il appartient. Ces liens ne sont pas statiques et rigides. Ces liens sont des échanges permanents, dans les deux sens, du milieu vers l'entreprise et de l'entreprise vers le milieu. Ces échanges sont nécessaires à l'équilibre global de l'ensemble, c'est ce qu'on appelle un système (Minztberg 1982; De Soto 1994). Il en est ainsi des taxis collectifs qui se sont organisés et adaptés progressivement face à la demande sociale de mobilité de plus en plus croissante. Que ce soit au niveau des entrepreneurs qui le portent ou même au niveau du prix de la course, on note des évolutions remarquables.

3.1. Le woro-woro, une évolution au niveau de
l'identité des acteurs

Dans l'imaginaire populaire ivoirien, «le transport est une affaire de Dioula». De plus, des travaux existent et qui justifient clairement l'ancienneté et la domination des Dioula dans le transport (Aka 1988; Kassi 2007). Ainsi, selon Aka:

«Les informations recueillies sur le terrain précisent que jadis les Dioula n'inscrivaient pas leurs enfants à l'école. Les parents eux-mêmes, transporteurs ou commerçants, ne sachant ni lire ni écrire, orientaient leurs enfants vers ces métiers. Ainsi autant les Agni par exemple sont agriculteurs, autant, les Dioula sont transporteurs ou commerçants.(p.95)» (Aka 1988).

D'autres travaux réalisés sur l'entreprise ivoirienne mettent également en évidence l'existence d'un corps social intégrant l'activité économique en fonction des appartenances socioculturelles. Ainsi, le jeu économique ne serait pas ouvert

129

et il y aurait des verrouillages ethniques dans les activités économiques. Ce sont les Maliens, les Guinéens, les Malinké et les Sénoufo ivoiriens, englobés dans les grands groupes des commerçants Dioula qui occuperaient largement le champ du commerce et du transport urbain.

«En premier lieu la présence massive des étrangers dans le secteur commercial n'empêche pas que d'actifs Ivoiriens, originaires du nord du pays et islamisés, s'adonnent avec talent et succès au commerce, tels les Dioula qui s'en sont fait une spécialité en certains endroits [...] Les préférences ethniques dans les secteurs d'activité s'établissent ainsi: les Akan se dirigent en premier lieu vers les services (39%) puis la production artisanale (37%), enfin vers le commerce (24%) les Mandé du nord s'orientent en premier vers l'artisanat (49%) loin devant les services (27 %) et le commerce (24%). Dans le groupe voltaïque les activités commerciales arrivent au premier rang (50%) devant les services (40%), loin devant l'artisanat (10%). Quant aux Mandé du sud et aux Krou leurs faibles effectifs nous dispensent des commentaires» (Faure 1992-1993).

Ces observations, aussi évidentes qu'elles puissent paraître ne sont pas à généraliser aujourd'hui au niveau des woro-woro. Sur la base des entretiens que nous avons menés, on remarque que le secteur des woro-woro notamment est un domaine d'activités ouvert où le salariat représente 60 % des investissements, alors que les commerçants en représentent 30 %, loin devant les retraités, les chômeurs et les individus vivant à l'étranger (10 %). De plus, les travaux réalisés dans ce domaine par Kassi Irène parviennent aux mêmes conclusions relatives d'un jeu économique assez ouvert. La tendance s'est inversée comme elle le démontre dans le tableau ci-après, surtout dans le secteur des «woro-woro».

130

Tableau 8: Répartition des chauffeurs par secteur d'activité et par

nationalité

 

Nationalité

Total

Ivoiriens

%

Ressortissants CEDEAO

%

autres

%

Gbaka

160

87, 4

23

12,6

 
 

183

100

Woro-woro Intra

242

83,2

40

13,7

9

3,1

291

100

Woro-woro Inter

167

78,8

44

20,8

1

0,4

212

100

Total

569

82,9

107

5,6

10

1,5

686

100

Source: tiré des travaux de (Kassi 2007) p164

«Le retrait des étrangers de ce secteur d'activité s'explique en partie par leur vulnérabilité face aux agents de contrôle. Il était observé chez ces derniers une forte propension au racket des chauffeurs non nationaux avant leur généralisation aux nationaux» (Kassi 2007) p164.

Les images qui relient trop fortement les ethnies et leur domaine de réussite économique doivent être nuancées. Le changement social affecte aussi ces terrains en faisant que la tradition n'est quasiment plus tout à fait ce qu'elle était il y a quelques dizaines d'années. Au niveau des woro-woro, la tendance au statut de propriétaire évolue plutôt en faveur des salariés. L'on note également une diversité d'origine des entrepreneurs pour les autres emplois liés à ce secteur des transports.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon