2.3.1 Le woro-woro intercommunal: un transport qui
«arrange tout le monde»
Pour la plupart du temps, ce sont des travailleurs
retraités ou en activité ou même débauchés
qui profitent de leur temps libre et de la corruption des agents commis pour le
contrôle, pour prendre des passagers à bord de leur
véhicule. Un fonctionnaire de l'administration ivoirienne faisant
souvent de son véhicule personnel un woro-woro intercommunal, nous a
confié ceci :
«Le matin, je retrouve des jeunes près d'une
station, dans mon quartier qui m'aident à trouver des passagers à
bord de mon véhicule pour le Plateau où je travaille. À la
descente, je fais la même chose et c'est plus facile, puisque c'est mieux
organisé là-bas (au Plateau). Après avoir donné
pour ceux qui me permettent de charger, je gagne quelque chose pour l'achat de
mon carburant. 2000 f à l'aller, 2000 f, au retour, ça m'aide
beaucoup!». (B. Daniel 13.02.2009)
Ces fonctionnaires, s'adonnent à ces pratiques pour
amortir les sommes investies dans l'achat du carburant pour se rendre à
leur lieu de travail. Du fait de la crise, les ivoiriens tapent à toutes
les portes pour se faire de l'argent. Toutes les stratégies sont mises
en place pour déjouer les tours de la pauvreté. Cette fois, c'est
à du covoiturage payant que certaines personnes se prêtent pour se
faire des sous. En effet, les propriétaires de voitures rivalisent
discrètement avec les taxis. Se faisant passer pour des personnes de
bonnes volontés à leur apparition, ces derniers proposent leurs
services.
Cette forme nouvelle de covoiturage payante se vit
quotidiennement et les populations semblent l'avoir plutôt bien
aimée au détriment des chauffeurs de
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taxis compteurs et des autobus de la SOTRA qui faisaient la
loi des marchés59. Alors comment se met en évidence ce
phénomène? Très discrets et déjouant la vigilance
des «syndicats», autrement dit des placeurs de passagers dans les
taxis traditionnels, qui veillent au grain. Ces transporteurs concurrents de
circonstance émettent quelques coups de klaxon pour attirer l'attention
de clients qui affluent aux abords des lignes d'attente de taxis ou de bus.
Alors quand une personne s'approche pour en savoir plus, les chauffeurs leur
font savoir qu'ils vont dans un endroit bien précis et que s'il y a des
personnes qui vont dans la même direction elles peuvent
«venir». Quand tout le monde est réuni au grand complet, le
conducteur demande à chacun des passagers de lui remettre la somme
convenant au coût du trajet pour mettre du carburant60.
Personne ne trouve d'inconvénient dans cette «pseudo
solidarité» qui semble à la fin arranger tout le monde.
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