3.3.1 L'acte fondateur de Sané Joseph en 1972
L'initiative de créer une liaison de desserte interne
à Yopougon est partie de Sané Joseph, un Ebrié du village
de Kouté. En ce temps-là, il n'y avait pas de marché
à Kouté. Les ménagères se ravitaillaient au
marché d'Andokoi et y allaient à pied. C'est ainsi qu'un
automobiliste, monsieur Sané Joseph, aidé par trois de ses amis,
le vieux Agba (un Togolais), Koné koungba et M. Sangaré (mon
informateur), a décidé d'aider ses parents en mettant son
véhicule de marque Renault4 à leur disposition. Chaque jour il
faisait plusieurs voyages et le service de transport a été
progressivement renforcé par l'arrivée d'autres chauffeurs. En
dehors des ménagères d'autres ouvriers de la zone industrielle de
Yopougon, habitant le village de Kouté empruntèrent aussi ces
véhicules. Le prix de transport était de 25 FCFA. Le prix de la
course était de 125 FCFA, puisque le véhicule prenait
jusqu'à cinq(5) passagers. Deux(2) au siège avant et trois(3)
à l'arrière.
3.3.2 À partir de 1975, les offres des taxis
collectifs se diffusent rapidement
À partir de 1975, il y a un changement qualitatif
important puisque le taxi collectif devient accessible à une grande
partie de la population, grâce à la modernisation progressive de
la ville. À partir de ce moment, les transports collectifs doivent
faciliter la fonction de circulation et d'accès. L'unique direction des
déplacements nord-sud, n'est plus adaptée aux nouvelles fonctions
urbaines. Un changement morphologique sera nécessaire, qui donnera lieu
à des lignes de desserte interne qui constituent un réseau de
desserte local. Ceci se matérialise quelques années après,
au début de la politique de communalisation (1979-1980), par des
changements significatifs de la structure urbaine. Au cours de la
période (19751980), il y a eu une augmentation générale de
la population et une diminution de
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l'offre formelle de transport avec notamment la baisse de
l'offre de la SOTRA. De plus, l'usage de la ville, dû à
l'accroissement de l'espace urbain fonctionnel, n'est véritablement
possible que par l'utilisation des moyens de transport alternatif.
Assurément, sans les transports alternatifs, le système de
fonctionnement des autobus aurait enclavé cet espace. Ainsi, lorsque les
zones d'habitation se sont multipliées, le trafic s'est
intensifié avec l'arrivée des «taxis compteurs
fatigués». De couleur orange, ce sont ces taxis de marques Renault,
Citroën, Nissan et Hyundai pour la plupart du temps qui venaient renforcer
les offres de transport. Ces types de taxis furent long feu en raison de
l'état défectueux des voies intérieures auxquelles ils
s'adaptaient. Mais, pour correspondre au prix du trajet qui était
officiellement de 30 f, ces taxis étaient obligés de héler
les passagers: «woro-woro!»,
«woro-woro!». Pour indiquer que le prix du trajet est de
30f. Au nombre des actes qui ont donné naissance aux taxis collectifs
à Yopougon, on note aussi la stratégie des chauffeurs des taxis
compteurs d'enlever «l'antenne de taxi» au-dessus de leur
taxi51. Cette stratégie a été
développée par les taxis compteurs
«fatigués».
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