3.2.3 Les taxis collectifs, pour la demande locale
De parution plus récente, les taxis collectifs sont
restés embryonnaires jusqu'au début des années 1980,
période au cours de laquelle ils ont été établis
comme offre locale, notamment avec les lois de la communalisation50.
Au début des années 1990, ce sont ces taxis qui ont quasiment le
contrôle des dessertes internes à la commune au bon vouloir des
mairies (Lombard 2006). Au regard de l'accroissement de la demande sociale de
mobilité, elle-même liée à l'évolution
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démo-spatiale de la commune, le développement
des réseaux des taxis collectifs apparaissait relativement
prévisible. Les taxis collectifs constituent les seuls moyens de relais
pour certains quartiers localisés dans les périphéries. La
croissance urbaine que connaît Yopougon développe un nouveau type
de relations où la pression démographique combinée aux
difficultés de l'offre de l'Etat impose de nouveaux choix en
matière de transport. Les pôles d'activités
constitués par la concentration d'équipements et services divers
à travers toute la ville ont rendu nécessaire l'usage de taxis
collectifs. Au fur et à mesure que le processus d'étalement
urbain progresse vers cette cité dortoir périphérique, les
services populaires se créent et les lignes des taxis collectifs se
développent. De plus, l'accessibilité aux emplois et aux services
constituant un facteur déterminant de la production
socio-économique de la ville (Yopougon est étendue, ce qui rend
la marche impossible), on assiste de plus en plus à une montée en
puissance des réseaux de ces taxis collectifs dans la mobilité.
Mais comment les taxis collectifs se sont intégrés à la
mobilité des populations?
3.3. Histoire des taxis collectifs de Yopougon
«C'est venu il y a très longtemps. Moi-même
je n'étais pas ici. Il paraît que la gare c'était quelque
part là (derrière le lycée technique à
Andokoi).Comme le bus ne pouvait pas aller partout, le terminus c'était
quelque part là (Andokoi). Voilà donc quand, il vient te laisser,
au fur et à mesure que Yopougon grandissait, il faillait maintenant des
véhicules pour prendre ces gars-là puis aller vers leur
destination. Voilà, c'est comme ça c'est arrivé.
Voilà. Maintenant quelqu'un a créé une ligne sur place, il
a commencé à prendre les gens pour aller. Bon, au fur et à
mesure que ça grandissait, il y avait assez d'hommes et il y avait
plusieurs voitures ainsi de suite...» (vieux Sangaré.
02-10-2011).
L'offre alternative de transport de Yopougon est le
résultat d'un processus historique qui a débuté avec les
premières vagues de peuplement du plateau du banco depuis les
années 1970. Mais pour ce qui est spécifiquement de l'offre de
taxis collectifs de Yopougon, il convient de noter que ces taxis se sont
constitués parallèlement à la mise en place des
populations. En outre, la dynamique historique qui permet de comprendre
l'évolution de la trajectoire des transports alternatifs doit
intégrer le processus de transformation sociale et interroger les
temporalités propres des faits sociaux (Buton and Mariot 2009).
Actuellement,
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Yopougon représente une vaste commune dans la ville
d'Abidjan avec un million d'habitants et dispose d'une grande offre
privée de transports collectifs à côté de l'offre
publique formelle, résultat d'un processus qui débuta en 1972.
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