3.2. Transports alternatifs, une intégration qui
commence avec les gbaka
L'histoire des transports alternatifs urbains de Yopougon est
très mouvementée, se caractérisant par les insuffisances
avérées des expériences de l'offre publique formelle. Un
secteur endogène fortement atomisé a fini par s'imposer
progressivement grâce, notamment, à sa capacité
d'auto-organisation. L'évolution de la demande de déplacement au
niveau de Yopougon exige une réponse autre que l'offre publique
formelle. Il lui faut une offre capable de faire face à la forte demande
intra-urbaine. C'est dans ce contexte que, l'incorporation des initiatives
alternatives dans les déplacements domicile-travail débute en
1971 lors de la mise en place des premières vagues d'habitats modernes.
Sur ce plan, ce sont les gbaka déjà présents sur les
lignes Abidjan-Bimbresso et Abidjan-Dabou qui ont été les tous
premiers à servir de transport de substitution entre Yopougon et
Abidjan.
3.2.1 Les gbaka, une présence ancienne
Les dessertes des gbaka ont commencé timidement avec
les premières vagues de peuplement qui débutent avec la mise en
place des premiers types d'habitats modernes en 1971 à Yopougon. Mais
c'est véritablement, l'accroissement de la demande, suite aux nouvelles
extensions des années 1977-1979 qui a fait apparaître de
façon remarquable, les «minibus 1000 kg» Renault
appelés «gbaka» qui existaient déjà, mais
avaient été interdits depuis la réglementation de 1977.
Issus de l'initiative populaire locale, les gbaka venaient toutefois en
complément de l'offre publique formelle sur des lignes insuffisamment
desservies. L'entreprise SOTRA avait certes la concession des axes urbains, et
recevait des subventions d'exploitation. Cependant, elle subissait la
concurrence du secteur privé dit artisanal des gbaka qui, en principe,
ne pouvaient exploiter les mêmes lignes que
50 La loi n°80-1180 du 17 octobre 1980,
relative à l'organisation municipale, modifiée par la loi n°
85-578 du 29 juillet 1986, Titre III, chapitre 3, article 65.
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les autobus de la SOTRA, mais qui étaient prompts
à profiter du service insuffisant de la compagnie publique de transport.
Toutefois, l'offre de gbaka est restée très influencée
comme celle des autobus de la SOTRA par les grands mouvements migratoires de
Yopougon vers Adjamé ou d'Adjamé vers Yopougon.
3.2.2 Les gbaka, une offre orientée vers les
liaisons externes
Issus de l'initiative familiale (Charmes 1984), les gbaka ont
surgi en réaction à l'insuffisance de l'offre publique formelle.
Ils suppléent les carences du secteur conventionnel des transports
publics représentés par la SOTRA et les taxis compteurs. Mais
comme les autobus de la SOTRA, des taxis compteurs, les gbaka n'arrivent pas
à satisfaire de façon adéquate la demande de
mobilité des usagers habitant Yopougon. Généralement en
provenance d'Adjamé, leur premier point de rupture de charge est le
«carrefour Siporex». Certains marquent leur premier arrêt
à la «gare sable» et «Gabriel gare». Ce
fonctionnement radial des réseaux de gbaka ne correspond pas exactement
à la demande des sous quartiers, plus pénétrante et
intérieure comme le demeure la croissance horizontale de l'habitat (Diaz
Olvera, Plat et al. 2007). Le réseau qui privilégie les lignes
radiales comme celles des bus de la SOTRA semble moins adapté à
la demande des déplacements pour couvrir les nouvelles zones
d'urbanisation. Ce qui a suscité la naissance d'autres modes de
transport plus adéquats à correspondre à la demande
locale.
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