3.1.2 L'offre publique: une présence
déficiente
Constituée de l'offre des autobus de la SOTRA et des
taxis compteurs, l'offre publique formelle se limitait spécialement aux
déplacements domicile-travail, en raison de l'état rural de
Yopougon de cette époque. Selon (Diahou 1981), avant 1970 Yopougon
n'était qu'un faubourg de 9000 habitants. Les principaux lieux
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d'habitation n'étaient alors que les quelques villages
dont les principaux étaient Kouté48 et Andokoi.
L'urbanisation de Yopougon a commencé au milieu des années
soixante. Ce furent d'abord des extensions spontanées, qui
correspondaient alors à un étalement urbain non planifié,
où les acteurs principaux étaient les communautés
villageoises. À ce sujet, la presse locale n'a pas cessé de
critiquer l'incapacité du gouvernement à trouver une solution
durable face à la vente parallèle des terrains souvent
perçue comme une «menace», qui participe de
l'insalubrité générale, qui entrave la modernisation
urbaine. Une enquête réalisée à
Adjamé-Liberté et Fraternité reprise dans le JOCI no12
du15 mai1956 montre que la majorité des parcelles ont
été vendues vers les années 1955 et 1956, une parcelle de
500 m2 se négociant alors autour de 50 000 FCFA. Cette
auto-indemnisation pour la perte des terrains de culture devant la progression
de l'urbanisation est plus intéressante que les indemnités
versées par l'État lors de la création d'un lotissement.
Selon (Antoine, Dubresson et al. 1987), en1956, il est versé une
indemnité de déguerpissement de 558400 FCFA aux villageois
d'Attécoubé pour la première tranche du lotissement: la
vente clandestine de 10 parcelles seulement permet d'obtenir une somme
équivalente.
Ensuite, pendant la décennie 1970, avec l'explosion
démographique de la ville d'Abidjan49, le projet d'extension
de la ville d'Abidjan vers le Plateau du Banco (Yopougon) devient un projet
urbain d'envergure nationale. Déjà le plan d'urbanisme de 1952 en
intégrant Yopougon comme secteur d'extension d'Abidjan, prévoyait
un programme d'intervention de l'Etat pouvant permettre de corriger les
déséquilibres de l'agglomération et accompagner les
perspectives de croissance démographique futures (Steck 2008). À
cet effet, entre 1969 et 1974 sont entrepris de grands programmes
d'aménagement urbains dont l'exécution affecte encore la
dynamique de Yopougon. Bien que de technologie distincte (vitesse,
capacité, parcours fixes ou variables), les autobus de la SOTRA et les
taxis compteurs, s'adaptaient difficilement aux exigences de la disposition
48 Les origines de Yopougon remontent au temps
où les guerres tribales opposaient les différents grands groupes
Ebrié. Après les litiges le groupe des Bidjan prennent
désormais le nom de Yopougon ce qui signifie
littéralement «Champs de AYopou». Yopougon vient donc
d'une déformation de «Ayopou gon». Ils créent
plus tard le village du nom de Yopougon Kouté (Kouté est la
contraction de Akouté qui désigne l'intérieur de la maison
en langue Ebrié).
49 Les taux de croissance sont de l'ordre de 11 % par
an et la population est multipliée par cinq.
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territoriale de la structure productive et les convertissent
en lignes interurbaines centre-périphérie, reliant de
manière radiale Yopougon retranchée dans la forêt à
Abidjan. Malgré tout, il s'est développé une importante
structure industrielle locale qui impose la nécessité de se
raccorder au port situé dans la partie sud d'Abidjan. Les moyens de
transport étaient donc très peu satisfaisants pour l'ensemble des
populations (Diahou 1981).
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