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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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1.3.3 Un transport qui naît sur fond de distinction entre quartier européen et quartiers africains

Les politiques d'administration coloniales qui ont établi des différences entre les espaces à l'intérieur de la ville ont permis d'ériger un périmètre urbain et de contrôler son accès.

«Dans la cartographie de l'espace colonial, la ville occupe une place à part. Elle joue le rôle d'interface entre la métropole, dont elle est souvent le prolongement littoral, et la colonie. La ville européenne est conçue comme un espace borné, encadré par un maillage serré de règlementations et délimité d'accès juridiquement» (Georg 2006).

La ville d'Abidjan est bâtie en sorte que les quartiers réservés aux Africains soit isolés. La bipartition de l'espace a pour conséquence l'érection de frontières entre les Noirs et les Blancs qui composent la population. Jusqu'en 1934, la séparation

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était accentuée par l'absence de liaison permanente entre Anomabo et le Plateau. Le bac qui relie les deux rives cessait de fonctionner à la tombée de la nuit. Plus tard, le pont métallique flottant réduira l'étanchéité de la séparation, sans pour autant conduire au brassage des populations Noirs et Blancs se rencontraient uniquement dans le cadre professionnel. Suite, à l'ouverture du canal de Vridi et l'intensification des activités34 du port d'Abidjan en 1950, trois types de transport de passagers apparaissent dans le paysage urbain abidjanais. Ce sont les taxis-compteurs (pour la ville «blanche»), les taxis-ville (woro-woro) et les minicars (gbaka) pour ce qui est des quartiers africains (voir le schéma suivant).

34 L'ouverture du canal de Vridi décide du boom démographique d'Abidjan. Long de 2,7 km, large de 370 mètres, il permet l'accès au site lagunaire à des bateaux de près de 15 mètres de tirant d'eau. Le wharf de Port-Bouët est immédiatement abandonné au profit port. L'aménagement du port en eaux profondes fait tripler le trafic qui passe entre 1948 et 1958 de 430 000 tonnes à 1300 000 tonnes tandis que la population d'Abidjan passe de 48 000 habitants à 120 000 habitants.

Treichville, quartier africain, Zone de desserte des «30-30»

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Champs de la population Ebrié et Akié

Adjamé, quartier
Africain

(Zone des 1000 kilos)

Pont
flottant
(Marche)

Plateau, ville blanche, capitale de la colonie

Lagune

Marche

Schéma 2: Schéma du transport de la ville d'Abidjan avant
l'avènement de la SOTRA en 1960

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Mais très vite, ces structures de transport vont connaître une évolution remarquable, suite à l'expansion démo-spatiale d'Abidjan. Depuis les années quatre-vingt, la généralisation des administrations communales dans les questions d'intérêt urbain et dans l'attribution des autorisations des titres de transport ont de fait contribué à la tolérance et au succès des taxis dans les banlieues subitement devenues des communes. Yopougon et Abobo L'aménagement de la ville d'Abidjan a fait apparaître une nette distinction entre les quartiers de résidence et les quartiers d'emploi. Ce principe de zonage qui date de l'administration coloniale se traduit par une délimitation très nette des zones d'emplois, favorisant ainsi la convergence d'importants mouvements des grandes cités dortoirs (Abobo, Yopougon, etc.) vers les seules communes du Plateau et de Treichville. Ce qui rend quasi inefficaces les structures de transport organisé qui ont du mal à répondre à la demande exprimée (Aka 1988).

L'extension des zones urbaines constitue un phénomène mondial touchant depuis quatre décennies l'Afrique subsaharienne. Les enceintes des villes n'existent plus et l'urbanisation s'étend très loin de la cité. La périphérie devient synonyme d'éloignement qui joue un rôle primordial dans le choix des modes de transport. Pour (Godard 2006) la plupart des villes africaines connaissent des problèmes qu'on pourrait indifféremment lier au plan social, au développement spectaculaire des villes et à une paupérisation croissante des populations exprimant une forte demande de mobilité urbaine.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus