II. PROBLEME GENERAL DE
RECHERCHE
Dans le processus évolutif des sociétés
humaines, la communication s'est toujours située au centre des
préoccupations et des échanges entre les personnes. Prenant
essence dans un cadre préhistorique dominé par l'art rupestre, on
a pu assister au fil du temps à une transformation considérable
de la communication vers un stade institutionnel. En effet, une telle
transmutation témoigne à suffisance de la place de choix
consacrée à la communication au sein de toute organisation
humaine. Pour ce faire, considérer la communication comme fondement et
appui de toute organisation, ne relèverait tout simplement que d'un
truisme.
Cependant, l'heure étant à la mise en oeuvre
effective de la décentralisation au Cameroun, il apparaît plus
qu'indispensable de se pencher sur le modèle de communication
employée dans la gouvernance locale. Si le débat autour de la
décentralisation anime autant les actualités et suscite un
intérêt certain, c'est à juste titre, en raison des
pratiques démocratiques, que celle-ci impose. Il en est ainsi notamment
de la participation des populations locales au développement de leur
collectivité, un développement qui se veut concerté.
Depuis la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996, le
Cameroun s'est érigé en Etat unitaire décentralisé,
s'engageant activement dans un processus de développement local à
long terme. Entamé en 1996 avec la création des CTD que sont la
Commune et la Région, ce processus s'est vu entériné par
l'adoption de la loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code
Général des Collectivités Territoriales
Décentralisées. Définissant entre autres le cadre
juridique général, le régime financier et les
règles de fonctionnement et d'organisation des collectivités. La
loi de 2019 a ainsi permis de révéler à suffisance le
rôle important que doivent jouer les populations dans leur propre
développement. Toutefois, pour que ce mécanisme de participation
soit effectif, il nécessite à la base une stratégie de
communication apte à inciter lesdites populations à s'investir
aux affaires de la Commune. C'est d'ailleurs la vision que partage M. ESSAMA
EMBOLO, Maire de la Commune de Soadont les propos qui suivent sont repris par
le journal SOA METONDO News (n°001 novembre 2020, page 2) :
Les populations sont l'élément majeur
dans le processus de développement d'une collectivité
territoriale décentralisée, les principales actrices d'une
émergence sociale de leur communauté. De ce fait, elles doivent
constamment être informées des différentes activités
qui animent leur territoire, pour ainsi réagir promptement et participer
aux prises de décision de l'exécutif municipal.
Seulement, malgré un tel encadrement, l'on observe dans
la pratique que les populations font montre d'une faible implication, ou encore
d'une certaine réticence aux affaires municipales. C'est d'ailleurs ce
que mentionne le rapport à mi-parcours des étudiants de
l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) en stage professionnel
à la Mairie de Soa (inédit, novembre 2020, page 3), en ces
termes:
A ce niveau, nous avons pu constater lors des
différentes descentes auxquelles nous avons participé, que la
majorité des populations locales n'en était ni informée,
ni même préparée. Par conséquent, elles
étaient pour la plus part, soit absentes, soit réticentes et peu
intéressées aux affaires des comités de concertation et
comités de développement. Pour cause, l'hypothèse d'une
faible organisation de la communication autour des différentes descentes
est retenue.
En réalité, il paraît évident que
rares sont les populations qui ont connaissance, non seulement, des
activités menées par la municipalité, mais encore moins de
leur propre droit de participation pourtant garanti par le CGCTD.
Constituées pour la majorité en de simples figurantes
embarquées, elles mettent en exergue leur faible intérêt
pour les affaires communales.
C'est dans cette perspective que jaillit en apothéose
l'épineux problème de participation défaillante aux
initiatives de développement local dans la Commune de Soa,
inhérente au dispositif communicationnel.
|