B- LE CADRE CONCEPTUEL
Cerner le sens des concepts qui se rattachent à
l'intitulé de notre thème de recherche « La nouvelle
gouvernance financière en zone CEMAC et les droits budgétaire et
comptable de la République Centrafricaine » est une exigence
méthodologique qui se justifie. Par conséquent, il appelle
à la clarification des concepts «Nouvelle Gouvernance
Financière», « Droit budgétaire » et
« Droit de Comptabilité Publique » sans ignorer les
difficultés relatives à leur approche. Pour saisir le contenu des
différents concepts du sujet, deux procédés sont
possibles. Il s'agit de procéder soit par la méthode historique,
soit par la signification au moyen des définitions. Toutefois, des
imprécisions vagues et ambiguës peuvent demeurer. Nous tenterons
ici de donner un sens aux concepts en présence.
1. Nouvelle gouvernance financière
On peut littéralement définir la notion de la
nouvelle gouvernance financière comme « la nouvelle
action de gouverner les finances publiques, la nouvelle manière de le
faire7» ou encore tout simplement comme « l'art
et la manière de gouverner8». Ce terme renvoie plus
précisément à l'ensemble de modalités auxquelles
les personnes publiques et privées font recours pour gérer leurs
affaires. Il peut aussi vouloir renvoyer à une gestion menée avec
efficacité. C'est ce que Docteur Paul ZIBI affirmait lorsqu'il
précise que : « La gouvernance, art de gouverner,
consiste
6 PNUD, «La RCA face aux défis de la
pauvreté, de la bonne gouvernance et de la démocratie»,
2001, p. 13.
7 Le Petit Larousse illustré 2014, Larousse,
Paris, 2013, p. 550.
8 DUSSART (V.), « L'exécution du
budget européen et la gouvernance financière de l'Union
Européenne », in Réforme des Finances Publiques,
Démocratie et Bonne Gouvernance, Actes de la 1ère
Université de printemps du
GERFIP, LGDJ, p. 324 ; KAMTO Maurice, «Droit
international de la gouvernance», Ed. A. Pedone, Paris, 2013, p.1516
8
à administrer la chose publique avec méthode
et efficacité9». A cet effet, la
gouvernance fait donc référence à la gestion axée
sur les objectifs précis dans laquelle l'exigence de performance est une
obligation. Dans un autre sens, la gouvernance peut vouloir renvoyer à
la gestion menée avec rigueur. Elle implique dans cette optique une
gestion dans laquelle l'éthique et la morale constituent des principaux
attributs.
Dans la même optique, selon les doctrinaires Nicolas
MEISEL et Jacques OULD AOUDIA, la bonne gouvernance est « la
transparence de l'action publique, le contrôle de la corruption, le libre
fonctionnement des marchés, la démocratie et l'Etat de
droit'0». Il s'agit des paramètres de bonne
gouvernance financière, un préalable pour le développement
économique et social d'un État. Pour le Professeur Michel
Bouvier, c'est un « processus de modernisation de la gestion publique
dont est porteuse la LOLF en France qui n'est pas étroitement financier,
il est de nature à transformer l'Etat en
profondeur11».
Alors, la nouvelle gouvernance financière qui nous
intéresse dans le présent Mémoire est celle qui s'exerce
par les Etats et pour leurs comptes. En effet, il y'a deux types de gouvernance
financière. L'une s'exerce dans la gestion des deniers publics, l'autre
dans la gestion des fonds privés. Car ce rappel vaut la peine pour
distinguer les deniers publics et capitaux privés. Ce qui oriente la
gouvernance comme « les traditions et les institutions au
travers desquelles s'exerce l'autorité d'un
pays'2». Enfin, le Programme des Nations unies
pour le développement (PNUD) définit le concept de la
gouvernance comme «l'exercice de l'autorité politique,
économique et administrative en vue de gérer les affaires d'un
pays à tous les niveaux13». Cette dernière
définition de la gouvernance nous amène à faire la
distinction entre la bonne et la mauvaise gouvernance. La bonne
gouvernance renvoie à l'allocation et la gestion des ressources de
façon à résoudre les
9 ZIBI Paul, «Le Droit de la gouvernance au
Cameroun», Thèse de doctorat/Ph.D en droit public,
Université de Yaoundé II, 2014-2015
10 Agence Française de Développement,
Document de travail n°58, janvier 2008.
11 BOUVIER Michel, « Surveillance
multilatérale internationale des finances publiques et pouvoir politique
» in Processus budgétaire, Vers un nouveau rôle du
Parlement, Paris, OCDE et Sénat, 2001, pp.133-148
12 KAUFMANN Daniel, KRAAY Aart et ZOIDO-LOBATON
Pablo, «Gestion des affaires publiques : de l'évaluation
à l'action, Finances & Développement», Vol. 37,
N° 2, 2000, p. 46-47.
13 Document de politique générale du
PNUD, intitulé « La gouvernance en faveur du développement
humain durable », PNUD, 1997, p.40
9
problèmes collectifs14. Par
conséquent, elle est caractérisée par la transparence, la
recherche du consensus, la responsabilité et
l'efficacité15.
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