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La nouvelle gouvernance financière en zone CEMAC et les droits budgétaire et comptable de la république centrafricaine


par Serge Steeve Thierry TENGUEDET
Université de Yaoundé 2 - Master 2 Recherche en Droit Public 2018
  

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B- L'absence de révision globale de l'organisation de l'État

En effet, l'absence de révision globale de l'organisation de l'État fait coexister deux structures, l'une formelle (structure hiérarchique) et l'autre informelle (structure du nouveau cadre financier). Or, seule le RP est appelé à rendre compte devant le Ministre, (le Parlement) et autres structures administratives spécialisées, sur les résultats des actions publiques. Il assume donc la responsabilité des résultats sans disposer des marges de manoeuvre administratives et/ou politiques nécessaires pour ce faire. Ensuite, la mise en oeuvre d'une réelle dynamique d'évaluation, de responsabilisation et de reddition des comptes implique donc au moins deux conditions. La première est de rendre effective la responsabilité managériale attribuée aux responsables de programme. Ce qui suppose leur donner la légitimité et les marges nécessaires pour mener les relations de dialogue de gestion, de pilotage et d'évaluation, avec le Ministre de rattachement, avec les échelons inférieurs mais également avec les autres directions de moyens internes ou externes. La seconde condition est de renforcer la responsabilité des politiques,

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(Ministres et Parlement), sur les missions, niveau supérieur aux programmes, et de leur permettre de disposer de dispositifs qui assurent une imbrication entre les performances individuelles et les performances des programmes.

La LOLF par exemple, oblige donc à rompre avec une tradition française qui veut que la réforme de l'État soit distinguée de la réforme de la gestion publique180. En effet, la réforme des finances et des règles de la gestion budgétaire de l'État, semble difficile en l'absence d'une révision de l'organisation de l'État et des mécanismes de gouvernance. Aussi, la réforme met en évidence la nécessité d'aller au-delà de la dualité qui a longtemps caractérisé les structures publiques avec un modèle de régulation politico-administratif centralisé et des relations pyramidales hiérarchisées181. En introduisant ce niveau intermédiaire, qu'est la régulation managériale, sans réellement remettre en cause le modèle existant, elle accentue donc de fait le flou entre les différents types de responsabilité.

De manière plus large, la réforme met en exergue l'équilibre difficile à trouver et l'effort d'adaptation nécessaire pour mettre en oeuvre les doctrines du New Public Management (NPM). En effet, si la doctrine du NPM prend les couleurs du paysage politique, structurel et économique qui l'accueille, ses principes intrinsèques impliquent des exigences spécifiques en termes d'évolutions organisationnelles et institutionnelles. Aussi, comme pour d'autres réformes menées sous le label NPM, la LOLF est marquée par un enjeu d'équilibre à savoir, autonomiser et responsabiliser les administrations sans remettre en cause la légitimité politique de l'État.

Conformément au modèle wébérien, en effet, la légitimité politique de l'État se fonde sur l'administration bureaucratique comme forme d'organisation rationnelle de l'action publique et sur la règle de droit comme instrument de l'action publique182. Or, le NPM introduit une remise en question à deux niveaux. Au niveau de l'action publique en elle-même, qui n'est plus uniquement limitée aux activités des administrations. Il existe en effet, d'autres modes de mise en oeuvre que la seule administration, ce qui produit une hybridation des modèles organisationnels

180 GREFFE Xavier, « Gestion publique ». Dalloz, Paris. 1999

181 THOENIG Jean Claude, « L'ère des technocrates ». L'Harmattan, Paris. 1987

182 DURAN Patrick, « Légitimité, droit et action publique ». L'année sociologique 59 (2), p.303-344.2009

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car le pilotage de l'action publique dépasse le seul pilotage des administrations. Au niveau de la règle, le droit n'est plus le seul outil ou instrument de l'action publique, il doit cohabiter avec d'autres outils et plus particulièrement ceux du management. Par conséquent, s'il ne remet pas en cause la légitimité politique de l'État, le NPM interroge néanmoins son modèle d'exercice du pouvoir, ses structures, ses mécanismes de gouvernance et ses outils.183 .

183 MARCHESNAY M., (2011). Gouvernance et performance des organisations. Les limites de la doxa managériale. Innovations 36 (3), 131-145.

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