WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La nouvelle gouvernance financière en zone CEMAC et les droits budgétaire et comptable de la république centrafricaine


par Serge Steeve Thierry TENGUEDET
Université de Yaoundé 2 - Master 2 Recherche en Droit Public 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe 2 : les défis de la réforme budgétaire et comptable en RCA à la lumière de la nouvelle exigence financière communautaire

A propos des défis de réforme envisagée, une importance particulière doit être accordée au partage de bonnes pratiques dans la conduite de cette exigeante transformation de pratique budgétaire et comptable. En effet, intégrée dans un processus de la rationalisation du cadre budgétaire et comptable tel que exigé par les directives de la CEMAC adoptées en 2011, la République Centrafricaine s'engage dans les réformes par l'adoption des nouvelles lois en matière des Finances publiques en générale et particulièrement en matière budgétaire et comptable. Il s'agit pour nous dans la présente recherche, nous inspirer de l'expérience réussie ou semi réussie de certains Etats en leur démarche de mise en oeuvre de la réforme choisie (A) avant d'en faire une évaluation (B) pour enrichir notre réflexion sur l'implémentation de la nouvelle gouvernance budgétaire et comptable.

A- La conduite de la réforme budgétaire et comptable sur l'expérience avancée

Dans les pays ayant adopté la comptabilité d'exercice, la réforme budgétaire et comptable s'intègre dans une démarche globale de modernisation de la gestion des deniers publics. La réforme budgétaire et comptable en France a été menée dans ce contexte de haute implication politique113 et, qui a aussi entrainé une forte mobilisation de l'administration publique. Ainsi, le pilotage de la mise en oeuvre a été confié à des structures dédiées, aux choix stratégiques et aux adaptations organisationnelles. La mise en oeuvre de la LOLF a été marquée par la création de différentes structures et l'instauration d'une comitologie à plusieurs niveaux pour conduire la réforme comptable (1). A cet effet, la création de la direction de la réforme budgétaire, du service de la fonction comptable de l'Etat et d'un service à compétence nationale pour le pilotage du projet informatique nous a paru déterminante dans sa démarche française dite trajectoire (2). De même, la mise en place d'un normalisateur comptable est un élément significatif à souligner.

113 On dénote une série de cinq (5) rapports parlementaires sur « l'état de d'avancement de la mise en oeuvre de la LOLF » entre 2003 et 2005 (Source : La Documentation française, Dossier LOLF).

78

1- la création de différentes structures pour coordonner et conduire la réforme comptable

La question d'édition et d'interprétation des normes comptables a été largement pris en compte d'abord avec la création du comité des normes de la comptabilité publique en 2002, ensuite dans l'organisation de la DRB en 2003 (Mission des Normes Comptables), et enfin par la création du Comité d'Interprétation des Normes de Comptabilité Publique en 2004114 (les deux comités ont été remplacés en 2008 par le Conseil de Normalisation des Comptes Publics). La démarche française du pilotage de la réforme comptable a été donc caractérisée par la mise en place de structures dédiées. Cependant, avec la convergence des pratiques vers le model du secteur privé, il y a eu recours à des consultants privés. A cet effet, le Sénat dans son rapport de 2003, cite les cabinets Cap Gemini Ernst & Young, Publicis et Boston Consulting Group pour leurs accompagnements en comptabilité, communication et conduite de projets. Une collaboration qui a sans doute influencé sur les choix de pilotage.

La phase de préparation de la réforme pendant laquelle les préalables doivent être mis en place va de l'adoption de la LOLF en août 2001 jusqu'à son entrée en vigueur en janvier 2006. Le choix de la méthode de mise en oeuvre a conduit à la définition de certaines orientations que nous pouvons illustrer à travers les travaux de construction du bilan d'ouverture. Pour la mise en oeuvre d'une comptabilité en droits constatés, les pays ont le choix entre plusieurs méthodes. En outre, la France a choisi le « grand chambardement»115 et la certification des états financiers dès la première année. Malgré l'ampleur des travaux et les exigences de la démarche choisie, les comptes produits pendant la première année d'application réelle de la réforme fût soumis à la certification de la Cour des Comptes. Il n'y a donc pas eu de période transitoire pendant laquelle l'administration aurait pu apporter des corrections aux dysfonctionnements constatés lors de(s) la première(s) année(s) d'application de la réforme et se préparer à l'avènement de la certification. Le choix a été donc fait de mettre à profit la période de préparation (2001-2005) pour réunir les préalables en suivant des orientations.

114 Michel LASCOMBE et Xavier VANDENDRIESSCHE, La maîtrise de la production des « normes », in Michel BOUVIER (dir.), Réforme des finances publiques : la conduite du changement, Actes de la 3ème Université de printemps de finances publiques du GERFIP, Paris, LGDJ, 2007, p. 47-66.

115 La démarche du « grand chambardement », elle est une application généralisée à toutes les entités concernées au même moment.

79

Les principales options arrêtées et mises en oeuvre par les acteurs de la réforme ont trait à l'expérimentation, la démarche de trajectoire, la clause de réserve informatique et la formation. L'expérimentation a été au coeur des travaux de mise en oeuvre de la réforme. Ce choix s'est même imposé comme critère d'appréciation de l'état d'avancement de la réforme par le législateur. Ainsi, l'article 109 de la loi de finances de 2003 dit-elle que le rapport annuel du gouvernement sur la mise en oeuvre de la réforme doit faire « ...le point sur les expérimentations menées ou envisagées pour préparer la mise en oeuvre de la loi organique et sur les difficultés que ces expérimentations soulèvent ». A titre illustratif, les expérimentations menées dans le domaine comptable, ont concerné entre autres le recensement du parc immobilier et la création des nouvelles structures116.

2- La démarche dite de trajectoire

Premièrement, la démarche dite de trajectoire, elle consiste à se donner du temps dans l'atteinte d'un objectif cible compte tenu des difficultés et de l'ampleur des travaux à mener, en se lançant dans une logique de progressivité et d'amélioration continue. A cet effet, l'accent a été d'abord mis sur les éléments essentiels et significatifs dans les travaux117, notamment dans la fiabilisation des données du bilan d'ouverture, le déploiement du contrôle interne, la définition du périmètre des travaux d'inventaire, l'adaptation du système d'information etc.

Deuxièmement, l'élaboration du bilan d'ouverture est le premier jalon pour le passage à une comptabilité patrimoniale en droits constatés. C'est un chantier emblématique de la réforme budgétaire et comptable. D'où l'importance d'y accorder un focus dans le cadre de la démarche française. Les travaux menés dans ce cadre traduisent concrètement les choix effectués par la France. Les réponses organisationnelles apportées aux nouvelles exigences budgétaire et comptable sont l'élargissement et le partage de la fonction comptable, qui a abouti à des adaptations organisationnelles au niveau des services du Trésor public et des gestionnaires.

Troisièmement, la réorganisation des services du Trésor public, les solutions organisationnelles ont été diverses et ont concerné aussi bien le niveau central que déconcentré.

116

117 DGCP, la réforme des comptes de l'Etat, partie 03. Une comptabilité enrichie, le bilan d'ouverture, Paris, 2006.

80

Nous soulignons ici deux réformes organisationnelles que nous trouvons emblématiques à cause de leurs rôles dans la nouvelle architecture comptable. Il s'agit des attributions du Service de la Fonction Comptable de l'Etat et la création de Départements Comptables auprès des Ministères (DCM). Les services des gestionnaires ont été également amenés à revoir leur organisation et leurs procédures pour tenir compte des exigences de leurs nouvelles responsabilités comptables. Dans la phase préparatoire, ils ont désigné des responsables de la mise en oeuvre de la réforme, des chefs de projets et des correspondants dans certains domaines spécifiques. Enfin, l'exercice pratique des nouvelles attributions, les ordonnateurs et leurs services ont adapté leurs organisations et fonctionnements. Ce changement est bien visible dans la réalisation des travaux d'inventaires.118

S'agissant du choix de la certification dès la première année, il a sans doute contribué à l'implication de la Cour des Comptes dans la préparation et la mise en place de la nouvelle comptabilité par l'instauration d'un dialogue régulier avec l'administration. Néanmoins, le risque encouru dans ce choix était de se retrouver avec des comptes non certifiés comme ce fût le cas aux Etats-Unis avec des comptes certifiés assortis d'un nombre important de réserves119. Il ressort de l'analyse de la phase de préparation de la réforme que des travaux importants ont été réalisés, même si la première certification de la Cour des Comptes étale les limites de certains choix. En somme, la France a su satisfaire à plusieurs prérequis au passage de la comptabilité en droits constatés. Toutefois, les réserves sur les comptes de 2006 soulignent des insuffisances dans certains domaines.120

Pour analyser cette situation, nous avons fait recours aux recommandations de l'étude de 1997 menée au Canada sur les bonnes pratiques en la matière. Notre grille porte sur deux de ces recommandations rappelées ci-dessous à savoir:

- définir les besoins en matière de systèmes et, autant que possible, choisir des produits couramment disponibles sur le marché;

118 Jean-Louis NINU et Gilbert TOULGOAT, La mise en place des services de contrôle budgétaire et comptable ministériel : une création justifiée et une mise en place rapide, La Revue du Trésor, n° 7, 2006, p. 523-526.

119 Alain CAUMEIL est administrateur des finances publiques, était chef de bureau à la Fonction comptable de l'Etat. Il a publié plusieurs articles et à participer à plusieurs conférences internationales sur le sujet.

120 Cf. présentation du FMI sur la mise en oeuvre de la comptabilité en droits constatés dans le secteur public, par Suzanne FLYNN, lors du 16ème Symposium annuel de l'OCDE sur la comptabilité publique en droits constatés, Paris, 21-23 mars 2016.

81

- se préparer le plus possible avant de procéder à la mise en oeuvre complète.

La pratique de l'expérience de la France nous a amené à nous intéresser de manière comparative à la pratique en République Centrafricaine.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault