II.1.2 La théorie de la quête d'emploi
« job search »
La théorie du << job search >> est un
assouplissement de l'hypothèse de l'information parfaite sur les emplois
potentiels dans un marché du travail en concurrence pure et parfaite.
Pour les partisans de cette théorie, à l'instar de Stigler qui
l'a développé dans les années 1960, l'offreur de travail
est un demandeur d'informations relatives aux salaires, aux emplois, aux
qualifications, aux conditions de travail, etc. mais avec un coût
d'obtention plus ou moins important. L'offreur de travail arrêtera sa
prospection lorsque le gain marginal attendu égalisera le coût
marginal de visite d'entreprise ou de recherche d'emploi.
Lippman et Mac Call (1976) appellent salaire de réserve ou
d'acceptation le coût de recherche de l'emploi qui égalise les
gains marginaux attendus. Pour ces mêmes auteurs, le salaire de
réserve dépend de la distribution des salaires dans
l'économie, du degré de stabilité des emplois
proposés et de l'impatience de chaque demandeur d'emploi. Lorsque les
salaires proposés sont inférieurs au salaire d'acceptation, les
emplois offerts sont refusés, d'où un chômage volontaire du
chercheur d'emploi vu par ce dernier comme un investissement pour
accéder à un emploi décent. Mais ce chômage perd son
caractère d'investissement en période de fort chômage pour
devenir un facteur de déclassement.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 25
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
La théorie de la recherche de l'emploi précise que
l'offreur de travail est un demandeur d'informations dont les informations
relatives aux qualifications, à la formation. Il serait important de
passer en revue les systèmes de formation mis en oeuvre dans le monde ;
ceci dans le but d'extraire les éléments utiles qui pourront
aider les jeunes à s'insérer.
II.1.3 La théorie du filtre
Michael Spence (1973) a appliqué la notion de signal au
rôle de l'éducation supérieure : selon la théorie de
Spence, l'éducation n'a pas d'effet sur la productivité du futur
employé : elle est seulement utile pour prouver une compétence
face à un employeur. Dans la réalité pourtant il est
reconnu que l'éducation est considérée comme une source
notable de productivité et de mobilité sociale, et donc de
croissance économique. D'aucuns diront qu'en fait l'éducation
joue ces deux rôles : elle augmente d'une part la productivité des
individus et fournit d'autre part un signal utile sur les qualifications et la
capacité de travail de celui-ci. Les employeurs, ne connaissant pas les
capacités des candidats à l'embauche recherchent toutes les
aptitudes qu'ils possèdent. Spence affirme que ces aptitudes sont
révélées par un signal donné par le niveau de
formation.
Pour les tenants de l'école du filtre, la population est
hétérogène avant même d'entrer en formation du fait
des coûts de formation différents suivant les individus. Les
coûts de formation seraient plus bas chez les plus doués,
contrairement à ce que postule la théorie du capital humain pour
laquelle l'hétérogénéité résulte du
cumul du capital des individus qui avaient à l'origine des aptitudes
semblables.
Le niveau d'éducation apparaît alors comme un outil
utilisé par les demandeurs d'emploi et par les employeurs. Pour les
premiers, le niveau d'éducation joue un rôle de signal pouvant
révéler les aptitudes et pour les seconds, il agit comme un
filtre permettant d'identifier les individus les plus aptes à recruter
pour les emplois disponibles.
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