SECTION II : CADRE THEORIQUE SUR L'EDUCATION ET
L'INSERTION PROFESSIONNELLE
Comme Laramée et Vallée (1991) pouvait encore le
dire, « le cadre théorique sert principalement à
présenter un cadre d'analyse et à généraliser des
relations théoriques déjà prouvées dans d'autres
contextes pour tenter de les appliquer au problème étudié
».
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Ainsi donc, une revue théorique faite ici nous permet de
faire l'état de la recherche sur l'éducation et l'insertion
professionnelle.
II.1 Les théories d'analyse d'entrée sur le
marché du travail.
Ici nous nous attarderons sur trois principales grandes
théories dont celles du capital humain, de la quête d'emploi et du
filtre. Toutes les trois sont à caractère économique et
les deux premières se situent dans le prolongement de la théorie
néo-classique (Dubar, 1980).
II.1.1 La théorie du capital humain
Le concept du « CAPITAL HUMAIN » dans les
théories économiques a véritablement émergé
grâce à Schultz (1961) et Becker (1964), deux économistes
américains nobélisés quelques décennies plus tard
pour leurs travaux, eux-mêmes inspirés par les théories
déjà anciennes d'Adam Smith et de quelques autres. La doctrine de
cette théorie est qu'un individu, lorsqu'il décide de suivre une
formation au lieu de prendre un travail, raisonne comme un investisseur.
L'éducation aurait ainsi des caractéristiques communes avec le
capital physique. Elle serait une dépense présente,
effectuée en vue d'un rendement futur. Pour Becker (1993), la formation
apparaît comme un investissement qui améliore la
productivité individuelle ; chaque individu arbitre entre le coût
et le rendement de l'investissement que génère la formation ou
l'éducation
Lucas (1988) est l'un des pionniers de l'analyse des
mécanismes endogènes de croissance, et le premier, dans ce
courant, à mettre l'accent sur les relations entre secteur productif et
secteur éducatif. On considère que la productivité des
salariés est améliorée par la plus grande qualité
du facteur travail. Le capital humain agit directement sur la quantité
et la qualité de la production.
Les modèles précurseurs ont mis l'accent sur deux
modes d'accumulation du capital humain :
? l'accumulation hors processus de production, l'individu
effectue une répartition de son temps entre formation et production
(Lucas, 1988) et,
? l'accumulation au sein même du processus de production,
le fait même de produire permet une accumulation de connaissances.
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Chez Romer (1986, 1990) on retrouve la distinction traditionnelle
de Becker (1964) entre deux composantes du capital humain, la formation «
schooling » et l'apprentissage sur le tas « on the job training
».
Selon Tremblay (1997), les individus peuvent faire d'autres types
d'investissements en l'occurrence l'investissement de la connaissance du
marché du travail telles l'acquisition de l'information sur l'emploi,
l'acceptation d'un emploi moins rémunéré mais pouvant
offrir des possibilités de carrière et même la
mobilité géographique pour profiter des opportunités
d'emplois.
Certains auteurs tels Eicher, Vincens ont cependant émis
des remarques concernant le capital humain. Pour Eicher (1979), la
théorie du capital humain ne prouve pas que la productivité est
totalement liée au niveau de formation car d'autres variables sont
susceptibles d'expliquer le niveau de revenu (l'âge, le sexe, la race, la
région, la profession et la durée du travail) ; pour Vincens
(1998), la théorie du capital humain a un pouvoir explicatif dans un
régime où les salaires sont flexibles et /ou le chômage
global est faible.
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