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Influence de la communication interne sur l'apprentissage organisationnel des salariés dans les PME camerounaises.


par GUIDKAYA ZAMBA
Université de Ngaoundé - Master de Recherche en Sciences de Gestion 2014
  

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B. Les théories de l'apprentissage organisationnel en entreprise

Les partisans de l'organisation de l'apprentissage décrivent les exigences de l'apprentissage organisationnel (les organigrammes à plat, l'autonomie locale, la confiance et la coopération au-delà des fonctionnelles), mais explorent rarement la signification de ces termes ou la nature même des processus de changement auxquels ils font face, dans la mesure où ils partent directement des réponses à ces questions. Ils se divisent entre les tenants de l'apprentissage au regard d' »occasion » d'apprentissage et les tenants de l'apprentissage au regard des configurations « apprenantes ». Ces travaux sont marqués par la focalisation sur l'existence d'un système d'information formel « ouvert et performant », la reconnaissance d'un système d'information informel et l'implication de la direction générale.

1. Le modèle d'apprentissage de Chris Argyris et Donald Schön

Ces auteurs défendent une position humainement et rationnellement argumentée : le « chercheur-théoricien » ne doit pas sous-estimer les compétences des praticiens, dépositaire d'un savoir pratique sue l'organisation et les vecteurs de changement. Le type de rapports souhaitables entre chercheur et praticien est basé sur une collaboration entre types d'enquêteurs distincts, occupant des rôles différents et s'appuyant sur des compétences et méthodes différentes, bien que complémentaires. En effet, les théoriciens enquêtent en formulant des propositions causales générales sous formes de lois explicatives. Le chercheur qui, dans cette esprit, embrasse un programme de recherche-action collaborative sur l'apprentissage organisationnel devient un « acteur-expérimentateur » au même titre que les praticiens qu'il rejoint.de leurs côtés, les praticiens pensent en terme de causalité intentionnelle, c'est-à-dire de relation causale entre le dessein d'un acteur et l'action qu'il entreprend pour réaliser celui-ci. Pour expliquer, ils décrivent l'intention qui est à l'origine de l'action. Un de leurs concepts de références est donc celui de « boucle » pour lequel ils distinguent :

La boucle simple qui relève d'une modification mineure des règles existantes par l'amélioration de l'existant sans remise en cause des représentations de l'existant. Elle est liée, en même temps, à tout ce qui tend à renforcer les représentations en place. Les individus, pris au piège de pouvoir et de survie, génèrent des processus défensifs d'une force extraordinaire. Il s'agit ici d'une boucle d'inhibition primaire et est nourrit par les théories d'usage des participants lors des confrontations directes ;

La double boucle qui concerne les modèles de représentations c'est cet apprentissage en double boucle qui va caractériser l'organisation apprenante. Pour qu'un apprentissage en double boucle ait lieu et perdure à tous les niveaux de l'organisation, il faut parvenir à mettre fin aux processus auto-entretenus. Pour que cette se mette en place, il faut que les théories d'usage individuelles soient modifiées ;

L'apprentissage de l'apprentissage ou deuteuro-learning (apprentissage au second degré) se caractérise par le fait que l'organisation « se penche » elle-même pour diagnostiquer les obstacles de l'apprentissage. Ce qui conduit à réexaminer ses valeurs fondamentales en tentant de dépasser les blocages habituels pour redéfinir le sens donné à l'action (recadrage). Cette notion, tirée des auteurs de l'école de Palo Alto (Watzlawick et al., 1975), mais à laquelle est attribuée ici une dimension organisationnelle, exprime l'idée de l'accroissement du potentiel d'apprentissage organisationnel.

Cette distinction entre ces différents types de « boucles » n'est pas forcement aisée car elle est brouillée par la dimension et la complexité organisationnelle. L'apprentissage en double boucle revêt une importance plus ou moins grande pour l'organisation dans son ensemble, selon le degré auquel les valeurs et les normes essentielles sont touchées. Le type d'apprentissage organisationnel aura tendance à varier en fonction du niveau d'agrégation (au regard des différentes strates regroupant des groupes d'individus) auquel il se produit et des liens plus ou moins étroits qui associent les unités entre elles à un même niveau ou à des niveaux différents. L'intérêt majeur de cette perspective est de fonder une « vraie » théorie de l'apprentissage organisationnel qui ne déconnecte pas la logique de l'apprentissage organisationnel stricto sensu, c'est-à-dire tout ce qui tourne autour d'information, de connaissances et des individus, de la logique de l'organisation apprenante, c'est-à-dire des conditions structurelles et procédurales qui favorisent l'apprentissage organisationnels.

2. La théorie d'apprentissage de Cyert et March

La théorie de l'apprentissage de Cyert et March considèrent l'entreprise comme étant une institution dotée d'une mémoire collective qui lui permet de reproduire les différentes activités et connaissances acquises. L`approche évolutionniste de la firme « veut révéler le caractère endogène des processus de changements économiques en général et d'innovations technologiques en particulier ». Ce sont les routines qui sont au centre de ce processus. « Les routines sont définies comme l'équivalent au niveau de la firme des «savoir-faire » des individus. Ces routines résultent elles-mêmes d'un ensemble d'apprentissages qui finissent par consolider des formes de réponses qui incluent de larges domaines de connaissances tacites ». L'intérêt de cette analyse sur le plan stratégique est de mettre en évidence l'existence d'un type de ressources et compétences difficilement identifiables et donc inimitables qui est donc source d'avantages concurrentiels décisifs et durables.

L'accumulation des connaissances et des expériences passées permet ainsi de constituer un savoir organisationnel tacite qui conditionne la compétitivité de l'entreprise. Les évolutionnistes distinguent ainsi les routines « statiques » qui consistent à répéter les actions passées des routines « dynamiques » à l'origine de l'apprentissage et du renouvellement des routines de l'entreprise. Seules les routines « dynamiques » sont facteurs de changement technologique. La stratégie de la firme est déterminée par son histoire. Le changement ne peut être imposé sans tenir compte des capacités développées historiquement au sein de l'organisation. Cette approche met en évidence la contingence de l'apprentissage. L'apprentissage est fonction à la fois du contexte interne et des conditions de l'environnement de l'organisation. Il résulte de la confrontation de la firme à des problèmes nouveaux. Les solutions à ces problèmes vont venir enrichir les routines existantes. Les auteurs mettent l'accent sur la nécessaire cohérence entre les décisions stratégiques et les compétences de l'entreprise. La gestion des connaissances relève donc à la fois de déterminants organisationnels et d'une analyse des conditions du développement des compétences dans l'organisation en fonction de contingences particulières issues de l'environnement ou de l'histoire de l'organisation.

3. Les théories behavioristes et cognitivistes

L'apprentissage peut être compris comme une adaptation et comme un changement de comportement mais il peut aussi être conçu comme un changement cognitif. Cette dualité entre un apprentissage reposant sur l'induction (la notion de représentation) et un apprentissage comme conditionnement de comportement structure de manière assez nette les travaux sur l'apprentissage organisationnel.C'est ainsi que Bootz (2001) propose de distinguer l'apprentissage organisationnel à partir de la dominante cognitive ou comportementale, séparant ainsi l'approche « classique », qui distingue cognitivisme de behaviorisme, de l'approche intégrationniste, qui repose sur la complémentarité des deux perspectives.

L'approche béhavioriste de l'apprentissage organisationnel : Cette approche de l'apprentissage organisationnel s'appuie sur les travaux de la psychologie béhavioriste qui posent, sans pour autant en nier l'existence, qu'on ne peut accéder aux états mentaux des individus. La psychologie n'est pas une science de la conscience. L'apprentissage est donc abordé du dehors et compris comme une réaction, une réponse à des stimuli répétés. Cela signifie que l'individu peut agir sur l'environnement pour obtenir un stimulus dont il connaît la conséquence. Si le détour par la psychologie s'est avéré nécessaire, c'est qu'on retrouve ce type d'analyse dans la théorie comportementaliste de l'apprentissage dans l'organisation. Au niveau individuel, l'approche béhavioriste appréhende en effet l'apprentissage comme une modification des conduites des individus en fonction de séquences stimulus réponses appropriées. Au niveau organisationnel, la séquence stimulus-réponse est reprise pour décrire les relations entre l'entreprise et son environnement mais aussi pour expliquer le fonctionnement interne de l'organisation. En effet, pour Cyert et March (1963), Levitt et March (1988), March et Olsen (1975), Nelson et Winter (1982), l'entreprise doit être comprise comme un système adaptatif dont le comportement repose sur un portefeuille de procédures existantes plutôt que sur une logique de conséquentialité ou de calcul rationnel recherchant la solution optimale. Cela signifie qu'en connaissant un portefeuille de solutions perçues comme réalisables par l'organisation, il est possible d'identifier les problèmes que se pose cette organisation. Dés lors, le changement d'une organisation s'explique moins en fonction des problèmes qu'elle rencontre qu'à partir des solutions dont elle dispose.

L'approche cognitive de l'apprentissage organisationnel : En psychologie, le courant cognitiviste souligne la nécessité de prendre en compte la complexité du sujet d'apprentissage. Alors que le béhaviorisme étudie comment l'environnement détermine le comportement, le cognitivisme pose que les conduites humaines sont expliquées en fonction du contenu des états mentaux et des représentations. Newell et Simon (1972) ont étudié la dimension cognitive de l'apprentissage en modélisant l'esprit humain sous la forme d'un système de traitement de l'information. Ces auteurs posent que penser c'est traiter de l'information, c'est manipuler des symboles. Les états mentaux sont donc comparés à des systèmes de signes organisés dans un langage de l'esprit dont il faut connaître les règles. Dans cette perspective, les règles du calcul propositionnel sont utilisées pour décrire les agencements des représentations mentales. Signalons que le courant connexionniste (Quinlan, 1991 ; Rumelhart, 1992 ; Sandelands et Stablein, 1987) s'oppose à cette approche et cherche à rompre avec une représentation "psychologisante" du fonctionnement cognitif en faisant prévaloir une approche symbolique. Les mécanismes cognitifs ne sont plus abordés à partir de représentations internes, de connaissances, de croyances ou d'intentions mais fonctionnent comme un réseau de neurones, les noeuds de ce réseau n'ayant pas de correspondants fonctionnels en termes de conduite. Selon la perspective cognitiviste, l'apprentissage organisationnel est généralement compris comme une modification de l'état de la connaissance organisationnelle, comme un changement cognitif (Fiol, 1994) ou comme une opération de traitement d'information et d'acquisition de connaissances nouvelles.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus