B. Incidence de la communication fonctionnelle sur
l'apprentissage organisationnel des salariés
La communication fonctionnelle renvoie ici à la
circulation des informations dans l'entreprise en fonction des activités
ou des fonctions qu'exercent les salariés dans l'organisation. Elle fait
référence à notre quatrième hypothèse de
recherche. Avant de procéder au test de régression et à
l'analyse des résultats et à leurs interprétations,
procédons à la réalisation de l'analyse factorielle des
items relatifs à la mesure de cette conception.
1. Réalisation de l'ACP sur les variables de la
communication de fonctionnelle
La communication fonctionnelle a été
mesurée avec 09 variables toutes analysant la manière dont les
informations sont définies en prenant en compte les besoins des
salarié à leur poste de travail. Avant de procéder
à la suite de l'analyse, nous avons vérifié la pertinence
de l'analyse factorielle qui nous une valeur de l'indice KMO de 0,833 (valeur
considérée comme très bon). Ceci témoigne ainsi de
l'adéquation entre nos observations et la technique de traitement
statistique. Cette adéquation est d'ailleurs corroborée par le
test de sphéricité de Bartlett dont la valeur est de 274,614 avec
un seuil de signification de 0,000 à 21 degré de liberté
impliquant que la matrice de corrélation des items ne peut pas
être considérée comme unitaire. Le tableau final de
l'analyse factorielle est le suivant :
Tableau 30 : Analyse factorielle sur la
communication fonctionnelle
Items
|
Composante
|
Communalités
|
1
|
2
|
Je parviens parfaitement à m'identifier aux informations
qu'on me transmet.
|
,778
|
|
,711
|
J'aime connaitre que l'information qu'on me transmet est
particulière à ma fonction.
|
,769
|
|
,687
|
Dans mon entreprise, une fonction à accomplir
nécessite une information cohérente pour cet accomplissement.
|
,768
|
|
,618
|
Les informations transmises tiennent toujours compte des
préoccupations réelles des salariés.
|
,640
|
|
,736
|
J'assimile mieux ma fonction par la directivité des
informations à mon statut professionnel.
|
|
,893
|
,836
|
La compréhension de l'information change constamment avec
le poste qu'occupe le salarié dans l'entreprise.
|
|
,782
|
,647
|
Si je connais l'information qu'on me transmet, je connaitrais
mieux ma fonction.
|
|
,686
|
,624
|
Valeurs propres
|
4,102
|
1,758
|
|
Pourcentage de variance expliqué
|
36,231
|
33,198
|
Pourcentage de variance expliqué cumulé
|
36,231
|
69,430
|
Alpha de Cronbach
|
,8226
|
,8201
|
Source : nos analyses
|
|
L'observation du tableau d'analyse factorielle montre une
répartition de 07 variables en deux facteurs. On se rend bien compte la
communication fonctionnelle est un concept bidimensionnelle après
élimination de deux variables ayant une communalités faible par
rapport aux axes factoriels (communalités inférieures à
0,5). Le premier axe factoriel est formé des variables V2,
V4, V9 et V3 avec des communalités
supérieures à 0,5. Ce facteur explique 36,231% de la variance
totale de l'échantillon (soit une restitution de 36,231% de de
l'information initiale). Ce facteur a une valeur propre de 4,102 et un alpha de
Cronbach de 0,8226 (synonymes d'une très bonne cohérence des
items entre eux). Nous nommons ce facteur « clarté
de l'information aux fonctions ». Le second facteur du
tableau regroupe les variables V7, V6 et V8
avec une valeur propre de 1,758 et un pourcentage de variance expliquée
de 33,198 (soit une restitution de 33,198% de l'information initiale). De plus,
la cohérence interne est également de bonne qualité car
l'indice alpha de Cronbach de ce facteur est de 0,8201 > 0,6. Nous
désignons ce facteur par « connaissance de
l'information fonctionnelle ».
2. Présentation et interprétation du
modèle de régression linéaire
Il s'agira de vérifier l'hypothèse H4
selon laquelle le degré d'apprentissage organisationnel du
salarié est plus élevé lorsque l'information transmise est
fonction des activités qu'il effectue. L'établissement du
modèle de régression va suivre un cheminement en trois
étapes afin de considérer le niveau d'influence de la
communication fonctionnelle sur chacun des facteurs de l'apprentissage
organisationnel retenu dès le départ.
Incidence de la communication fonctionnelle sur
l'apprentissage de l'équipe de travail
L'idée centrale ici est qu'il existerait une incidence
de la communication fonctionnelle sur l'apprentissage de l'équipe de
travail dans les entreprises. Apprentissage de l'équipe de travail qui
est ici considéré comme variable dépendante de l'analyse
et la communication fonctionnelle celle explique. Le tableau suivant fait une
synthèse de l'analyse de régression effectuée.
Tableau 31 : Régression de l'apprentissage
de l'équipe de travail et communication fonctionnelle
Modèle
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Sig.
|
A
|
Erreur standard
|
Bêta
|
1
|
(Constante)
|
-7,867E-017
|
,098
|
|
,000
|
1,000
|
Clarté de l'information aux fonctions
|
,460
|
,099
|
,460
|
4,664
|
,000
|
2
|
(Constante)
|
-1,359E-016
|
,093
|
|
,000
|
1,000
|
Clarté de l'information aux fonctions
|
,460
|
,094
|
,460
|
4,910
|
,000
|
Connaissance de l'information fonctionnelle
|
,293
|
,094
|
,293
|
3,125
|
,002
|
R = 0,545 R² = 0,297
R²-ajusté = 0,280 ddl = 2 et 80 F = 16,997
P = 0,000
|
Source : nos analyses
|
Le tableau précédent fait ressortir les
informations relatives à la mise en oeuvre de la droite de
régression analysant l'influence de la communication fonctionnelle sur
l'apprentissage de l'équipe de travail. Cette équation est
donnée par la relation suivante :
Y = 0,460X1 + 0,293X2 +
å
(4,910) (3,125)
Avec : Y = Apprentissage de l'équipe de travail
X1 = Clarté des informations aux fonctions
X2 = connaissance de l'information fonctionnelle
(.) = t de Student
å = terme d'erreur
Les résultats présentés dans le
tableau 30 précédent montrent que le
R² du modèle de régression linéaire donne une valeur
de 0,297 qui est largement inférieur à 0,5. Ce qui signifie que
29,7% seulement de la variation de l'apprentissage de l'équipe de
travail est expliquée par la communication fonctionnelle. On peut dire
que le modèle n'est pas de bonne qualité même comme la
valeur du coefficient de corrélation R = 0,545 indique une relation
légèrement forte entre ces deux variables. Cependant,
l'observation de la valeur de F de Fisher contredit cette conclusion. En effet,
avec un F = 16,997 et une significativité de l'ordre de 0,000, la
conclusion est que la significativité globale de la régression
est bonne. On peut remarquer de cette représentation que les
coefficients de régression des variables explicatives sont toutes
positives et ont une valeur (t) de Student supérieure à 2 (soit
4,910 pour le premier facteur et 3,125 pour le deuxième). Ces
coefficients t sont tous significatives puisque leurs probabilités sont
inférieures à 0,5. On peut alors conclure que l'apprentissage de
l'équipe de travail est une fonction linéaire de la communication
fonctionnelle.
Influence de la communication fonctionnelle sur
l'apprentissage dans le travail de l'entreprise
L'apprentissage dans le travail d'une entreprise est
très important pour permettre à l'individu de connaître la
valeur du travail qu'on lui demande d'effectuer. La régression que nous
avons réalisée n'a que considéré la connaissance de
l'information fonctionnelle dans la méthode utilisée
(méthode pas à pas). Les résultats de l'analyse sont
présentés dans le tableau suivant :
Tableau 32 : Régression de l'apprentissage
dans le travail et communication fonctionnelle
Modèle
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Sig.
|
A
|
Erreur standard
|
Bêta
|
1
|
(Constante)
|
-1,458E-016
|
,088
|
|
,000
|
1,000
|
Connaissance de l'information fonctionnelle
|
,599
|
,089
|
,599
|
6,725
|
,000
|
R = 0,599 R² = 0,358
R²-ajusté = 0,350 ddl = 1 et 81 F = 45,224
P = 0,000
|
Source : nos analyses
|
L'observation du tableau récapitulatif de la
régression que nous venons de présenter permet de ressortir
l'équation de la régression entre la connaissance de
l'information fonctionnelle et l'apprentissage dans le travail de l'entreprise
suivant :
Y = 0,312X + å
(2,951)
Avec : Y = Appropriation des valeurs de l'entreprise
X = Proximité des objectifs
(.) = t de Student
å = terme d'erreur
Au regard du tableau 31, le
coefficient de corrélation R = 0,599 montre qu'il existe une bonne
relation entre l'apprentissage dans le travail et la connaissance de
l'information fonctionnelle. Mais seulement 0,358 (soit 35,8%) de la variation
de l'apprentissage dans le travail est expliquée par cette
dernière variable. Le test de Fisher est lui aussi significatif avec une
valeur de 45,224 (très élevée) et une probabilité
de l'ordre de 0,000. L'observation du coefficient â de la variable
explicative permet de dire (avec une valeur positive de 0,599 ; un t de
Student de 6,25 et une probabilité de 0,000) que la relation est belle
positive entre l'apprentissage dans le travail et la connaissance de
l'information. La conclusion est donc que plus il y aura une connaissance de
l'information fonctionnelle, plus grande sera l'amélioration de
l'apprentissage dans le travail.
Incidence de la communication fonctionnelle sur
l'appropriation des valeurs de l'entreprise
Dernier facteur de l'apprentissage organisationnel,
l'appropriation des valeurs de l'entreprise analyse la manière dont les
salariés intériorisent les valeurs de l'entreprise dans leurs
préoccupations quotidiennes. Pour vérifier l'incidence de la
communication fonctionnelle sur cet aspect de l'apprentissage organisationnel,
nous avons réalisé une régression multiple (méthode
pas à pas). Les résultats sont indiqués dans le tableau
ci-dessous :
Tableau 33 : Régression de l'appropriation
des valeurs de l'entreprise et communication fonctionnelle
|
Modèle
|
Coefficients non standardisés
|
Coefficients standardisés
|
T
|
Sig.
|
A
|
Erreur standard
|
Bêta
|
1
|
(Constante)
|
1,187E-016
|
,107
|
|
,000
|
1,000
|
Connaissance de l'information fonctionnelle
|
,264
|
,107
|
,264
|
2,464
|
,016
|
2
|
(Constante)
|
7,618E-017
|
,105
|
|
,000
|
1,000
|
Connaissance de l'information fonctionnelle
|
,264
|
,105
|
,264
|
2,510
|
,014
|
Clarté de l'information aux fonctions
|
,211
|
,105
|
,211
|
2,010
|
,048
|
R = 0,338 R² = 0,114
R²-ajusté = 0,092 ddl = 2 et 80 F = 5,169
P = 0,008
|
Source : nos analyses
|
Le modèle de régression (modèle de
l'appropriation des valeurs de l'entreprise en fonction de la communication
fonctionnelle) qui ressort du tableau ci-dessus peut s`écrire de la
forme suivante :
Y = 0,264X1 + 0,211X2+
å
(2,510) (2,010)
Avec : Y = Apprentissage de l'équipe de travail
X1 = Connaissance de l'information fonctionnelle
X2 = Clarté des informations aux fonctions
(.) = t de Student
å = terme d'erreur
Les résultats précédemment
présentés dans le tableau 32 montrent
qu'il existe une faible corrélation entre l'appropriation des valeurs de
l'entreprise et la communication fonctionnelle considérée ici par
les facteurs qui sont retenus par l'analyse factorielle (R = 0,338 < 0,5).
Aussi seulement 11,4% de la variation de l'appropriation des valeurs de
l'entreprise est expliqué par la communication fonctionnelle.
Considérant toutes ces analyses, on peut dire que la qualité de
la régression n'est pas bonne, mais avec l'observation de la valeur de F
de Fisher (5,169) et sa significativité qui tend vers 0 (P = 0,008 <
0,05), cette conclusion est rejetée car la significativité
globale du modèle est bonne. Les t de Student confirment cette assertion
puisque les deux variables ont chacune un t > 2 (2,510 pour la
première variable et 2,010 pour la deuxième variable) et des
probabilités toutes supérieures à 0,05 (0,014 et 0,048
respectivement). Au regard des analyses précédentes, on peut
valider la robustesse du modèle, ce qui nous amène à
conclure que le modèle de régression ajuste bien les
données et donc qu'il y a une relation linéaire entre
l'appropriation des valeurs de l'entreprise et la communication fonctionnelle
(considérée ici par les deux facteurs analysés).
Ces trois tests que nous venons d'effectuer permettent de
conclure que l'hypothèse H4 selon laquelle le
degré d'apprentissage organisationnel du salarié est plus
élevé lorsque l'information transmise est en relation directe
avec ses activités est validée.Cette confirmation
rejoint les résultats des travaux de Warhurst (2001). Selon cet auteur,
la possibilité de générer des nouvelles connaissances est
fonction de la capacité de l'entreprise à produire de
l'information spécifique à la réalisation des tâches
à eux assignées et poursuit-il, « l'individu à
l'action n'aura une connaissance acquise dans le travail que lorsque
l'information à sa disposition est en corroboration avec son
statut professionnel ». Les propos recueillis lors des
entretiens rejoignent également la pensée de ce dernier. C'est
ainsi que Répondant 3 (2014) pense que « la reconnaissance
du poste du salarié permet à chacun d'avoir une information ou
une recommandation en rapport avec ses préoccupations afin qu'il sache
ce que l'entreprise attend de lui pour évoluer ». C'est
également la perception de Répondant 7 (2014) pour qui cibler la
communication aux membres de l'entreprise est important « pour
qu'ils perçoivent mieux les idées
données ».
Au terme de ce chapitre, il était question pour nous
de mettre en évidence l'incidence de la communication interne sur
l'apprentissage organisationnel des salariés. C'est ainsi que nous avons
procédé à l'appréciation de nos concepts de
recherche dans le contexte des PME camerounaises pour aboutir à la
description des items expliquant la qualité de l'interaction entre les
salariés, l'efficacité des supports de communication interne, la
communication de proximité et la communication fonctionnelle.
Après la description a suivi immédiatement le test
d'hypothèse relatif aux hypothèses de recherche que nous avons
formulé. Les hypothèses H1, H2 et H3
et H4 sont toutes confirmées dans le contexte
camerounais. Les résultats du test sont donnés dans le tableau
suivant :
Tableau 34 :
Résultats du test des hypothèses
HYPOTHESES
|
RESULTATS
|
H1 : L'apprentissage
organisationnel des salariés est fonction de la qualité de
l'interaction existant entre eux.
|
Confirmée
|
H2 : Une grande
efficacité des supports de communication interne améliore
significativement l'apprentissage organisationnel des salariés.
|
Confirmée
|
H3 : la communication de
proximité induit significativement l'apprentissage organisationnel des
salariés.
|
Confirmée
|
H4 :Le degré
d'apprentissage organisationnel du salarié est plus élevé
lorsque l'information transmise est en relation directe avec ses
activités.
|
Confirmée
|
Source : nos analyses
CONCLUSION DEUXIEME PARTIE
L'idée centrale de cette partie était de montrer
l'influence empirique de la communication interne sur l'apprentissage
organisationnel des salariés. Au terme, nous avons mené une
démarche scientifique rigoureuse pour aboutir aux conclusions qui
resortent de ce travail. Ainsi, la méthodologie que nous avons suivie
pour mener à bien cette recherche a tout d'abord été
exposée, à savoir : l'approche d'investigation, la
méthode de collecte des données, l'opérationnalisation des
concepts et le processus de mesure des variables (les variables de la
communication interne étant centrées sur la qualité de
l'interaction entre les salariés, la communication de proximité,
l'efficacité des supports de communication interne et la communication
fonctionnelle) et les outils d'analyse statistiques utilisés.
La suite de ce travail a
consisté à la réalisation des tests statistiques
proprement dits que sont : l'analyse en composantes principales, le test
de régression linéaire multiple. Ces analyses nous ont permis de
tester les hypothèses formulées au départ de notre
travail. Ces hypothèses sont toutes validées dans le contexte des
PME camerounaises. La communication interne a donc une grande influence
considérable sur l'apprentissage organisationnel des salariés.
Selon les résultats de notre recherche, nous pouvons
arborer le modèle empirique de la recherche suivant :
|
|