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Influence de la communication interne sur l'apprentissage organisationnel des salariés dans les PME camerounaises.


par GUIDKAYA ZAMBA
Université de Ngaoundé - Master de Recherche en Sciences de Gestion 2014
  

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CHAPITRE II : CONSTRUCTION DE LA RELATION THEORIQUE ENTRE LA COMMUNICATION INTERNE ET L'APPRENTISSAGE ORGANISATIONNEL DES SALARIES

La gestion des ressources humaines et communication interne sont deux champs de recherche parfaitement complémentaires et non dissociables dans un contexte d'environnement en perpétuelle changement. En effet, parce qu'elles conditionnent fortement le fonctionnement et l'action au sein des organisations, les ressources humaines constituent un des forces d'action stratégique des organisations. La communication quant à elle permet d'avoir une représentation précise du fonctionnement et des conditions de mobilisation des ressources humaines dans l'organisation. Il est important de souligner qu'à travers la communication interne (comme nous le verrons dans les sections qui suivent) participe pleinement à la construction personnelle des connaissances et valeurs liées à l'organisation et aux activités des salariés. Dans les sections qui suivent, nous montrerons que l'apprentissage organisationnel des salariés est fonction de la qualité de la communication entre les salariés et des supports d'une part, ainsi que de la proximité et de l'information professionnelle d'autre part.

SECTION I : QUALITE DE LA COMMUNICATION INTERNE ET APPRENTISSAGE ORGANISATIONNEL DES SALARIES

L'organisation est confrontée à une double exigence : répondre à ses besoins de travail en trouvant les compétences nécessaires, mais aussi tenir compte de l'aspiration de chacun à pouvoir développer son potentiel. Les compétences désignent les capacités d'un individu à mobiliser ses ressources, dans une situation de travail donnée, pour atteindre une performance voulue par l'organisation. Cette performance et cette capacité cognitive que développent les salariés est fonction tant de la qualité de leurs interactions avec les autres que des variables liées à l'efficacité des supports de communication interne.

I. Contribution de la qualité de l'interaction à l'apprentissage organisationnel des salariés

Complémentairement à Verlaine qui disait « de la musique avant toute chose », la vision des salariés dans l'entreprise peut être analysée comme de la souplesse avant toute chose, rêve de toute organisation qui cherche à maintenir et à partager ses visions et valeurs à l'ensemble de ses salariés. En effet, le temps où le salarié était ignorant de tout fondement des activités qu'on lui demande de réaliser est révolu. L'heure est aujourd'hui au maintien d'un climat social de qualité entre les salariés pour un développement efficace de l'apprentissage organisationnel. C'est l'objet des lignes qui suivent.

A. Perception du climat social de l'entreprise

La qualité et la richesse du dialogue socialdans les PME représentent un véritable enjeu pour les conditions de travail et de vie des salariés et aussi pour le fonctionnement et la compétitivité des entreprises. En effet, même si un dialogue informel existe au quotidien dans les entreprises du fait de la proximité et de la qualité des relations personnelles entre le chef d'entreprise et les salariés, il n'en demeure pas moins nécessaire d'encourager par tous les moyens l'instauration de véritables négociations entre salariés et employeurs sur tous les aspects de la vie de ces entreprises.

1. Définition de la notion de climat social

Le climat socialest généralement caractérisé par différentes facettes relatives au fonctionnement des activités et aux relations entre les acteurs du processus éducatif. Il est traditionnellement abordé sous l'angle des perceptions (subjectives) des personnes directement impliquées (Fraser, 1998). Les multiples publications dans ce champ attestent de l'importance du climat social comme l'un des prédicteurs des performances cognitives des salariés en entreprise (Genoud, 2004). SelonLawler et al. (1974) définissent le climat comme étant le vécu d l'environnement de travail : la dimension subjective est donc inhérente à la notion declimat. Joyce et al. (1982) insistent surla nécessité de prendre en considération les interactions entre le climat, les tâches etd'autres dimensions telles que le leadership et l'organisation du travail. Fourgous et Iturralde(1991) quant à eux l'appréhendent comme « un ensemble de caractéristiquesobjectives et relativement permanentes de l'organisation perçues par les individusappartenant à l'organisation, qui servent à lui donner une certaine personnalité et quiinfluencent le comportement et les attitudes de ses membres. »

Au niveau de l'entreprise, le climat social fait référence à des dimensions relatives aux attitudes des formateurs, à l'atmosphère sur la place de travail, à la structure et à l'organisation des activités. Il traduit « l'ambiance générale » de l'entreprise. Le climat social résulte d'un grand nombre de facteurs liés à la situation de l'entreprise, son image, ses résultats, les conditions de travail, le type d'emploi, les rémunérations, mais aussi de la relation avec les collègues, les responsables, de la confiance dans les dirigeants et enfin de la qualité du dialogue social. Le climat social est une mesure subjective qui repose sur l'appréciation personnelle de ceux qui vivent la situation.

2. Utilité du dialogue social dans l'entreprise

Le dialogue social permet de traiter les questions de l'entreprise en favorisant les échanges de points devue complémentaires, dans un cadre défini et avec l'objectif de se mettre d'accord autour d'un projetcommun. C'est aussi l'opportunité pour les salariés de faire entendre leur point de vue.Construire le dialogue social dans l'entreprise part du constat que les acteurs, en fonction de leur place,peuvent avoir des attentes différentes. Le dialogue social doit permettre de les faire se rencontrer autourd'enjeux communs.

Un des facteurs de la performance des entreprises est leur capacité à construire un sens commun oùchaque acteur (dirigeant, encadrement, salariés et représentants) aura sa place. Ce sens commun seconstruit dans les relations de travail et le dialogue social. Des relations organisées peuvent faciliter la résolution des problèmes et des tensions qui émaillent la viede l'entreprise.La possibilité de donner son point de vue et la prise en considération de celui-ci fait partie de la reconnaissancede chacun. Celle-ci renforce le sentiment d'appartenance à l'entreprise.Dans cette entreprise textile de 45 salariés, le chef d'entreprise ne comprend pas le malaise latent quis'est installé. Il a le sentiment que les conditions de travail sont bonnes et que les salariés, par le biaisde l'intéressement et de la participation, ont une reconnaissance de leur investissement. Il fait appelà un intervenant extérieur pour identifier les préoccupations des salariés et mieux comprendre lescauses. L'intervenant propose une démarche participative en impliquant également les représentantsdu personnel dans le cadre du diagnostic. Deux sujets sont retenus comme prioritaires : d'une part,l'intégration et la formation des jeunes embauchés, d'autre part, le besoin de professionnalisation del'encadrement de proximité.

3. Les éléments constitutifs du dialogue social en entreprise

Le dialogue consiste à construire des relations qui permettront d'allier autant que possible les intérêts des salariés et ceux de l'entreprise. Il favorise la reconnaissance des représentants du personnel afin que ceux-ci soient en capacité d'écouter les salariés et de construire avec eux et avec la direction un dialogue efficace. L'état d'esprit avec lequel l'entreprise met en place des DP est fondamental pour la qualité future du dialogue social. Installer des instances dans un climat social serein permet de prendre le temps de construire la qualité de la relation et la confiance entre les parties prenantes. A contrario, quand les salariés s'organisent pour répondre à des tensions, le dialogue social risque alors de s'installer dans l'opposition. Pour Colquitt (2001), le dialogue social est perçu tant en terme de cohérences d'incohérences dans l'analyse du fonctionnement des organisations. Ainsi affirme-t-il : « Il y a au moins deux façons de concevoir lesrelations sociales. La première consiste à y voir essentiellementun ensemble de contraintes, une source decoûts et de problèmes qui détournent l'entreprise desa véritable raison d'être.La deuxième consisteà concevoir la qualité des rapports sociaux comme une contribution à l'efficacité de l'entreprise ».

Le dialogue social se construit pas à pas. Dans la PME de plus de 10 salariés, une première étape consiste à s'informer sur les modalités et les aspects juridiques de fonctionnement des instances et à communiquer avec les salariés avant de passer dans un deuxième temps à la phase de mise en oeuvre à proprement parler. Ces termes (informer, consulter, se concerter, négocier) sont utilisés dans le cadre de l'analyse de l'utilité du dialogue social entre les salariés et sont souvent confondus entre eux. Ce qui différencie ces différentes formes de communication, c'est notamment le niveau de participation souhaité par rapport à une décision donnée.

L'information : Elle consiste à communiquer des éléments sur un sujet donné à des interlocuteurs dont l'avis n'est pas forcément sollicité. La définition de l'information retenue dans la littérature économique est celle de la théorie statistique de la décision. Cette définition est pourtant très rarement explicitée dans la littérature, à quelques exceptions près. Marschak (1960) définit ainsi l'information comme « l'ensemble des messages potentiels associés avec un instrument d'information (une source ou un canal) ». Dans un autre article il associe plus clairement l'information à la décision en précisant que cette dernière va être prise sur la base d'un message « qui est identique à la donnée produite par le renseignement ou l'expérience » (Marschak, 1968). Dans cet esprit, Hirshleifer (1973) donne une définition plus précise de l'information : « l'information est l'ensemble des événements susceptibles de modifier les distributions de probabilité subjectives des individus quant aux états du monde possibles ». En ce sens, l'information est ce qui permet de réduire l'incertitude et donc d'améliorer la prise de décision.

La consultation : Elle consiste à prendre avis auprès des parties afin de connaître leur opinion. Cet avis peut infléchir ou non la proposition qui est faite. Elle précède donc la décision. Consulter les salariés dans un projet de prise de décision est très délicat pour générer une cohésion et implication de ces derniers dans la mise en oeuvre des décisions prises.

La concertation : C'est un échange entre différents interlocuteurs, en vue d'aboutir à l'élaboration d'une position commune. Par exemple, la direction anime une démarche participative centrée sur la résolution de problèmes ou la conduite de projets. Les salariés font des propositions que la direction valide ou non au final. Si la stratégie sociale est l'ossature sur laquelle se construit le dialogue social, les petits événements du quotidien en forment la chair. C'est ce quotidien, rapporté notamment par les représentants du personnel et l'encadrement, qui va également alimenter le dialogue social. De ce fait, l'écoute de ce qui se dit et ce qui se passe dans l'entreprise est essentielle. Beaucoup de tensions naissent du fait que les acteurs de l'entreprise s'attachent à chercher la solution avant de s'accorder sur une vision commune du problème. Il est nécessaire de veiller à respecter plusieurs consignes dans le processus de concertation. D'abord, les salariés doivent se mettre d'accord sur la nature des problèmes rencontrés : le problème est l'écart entre la situation souhaitée et la situation réelle. Identifier ce dont les personnes ont besoin pour assurer le travail. Plusieurs acteurs peuvent être concernés et avoir des besoins différents. Construire une proposition qui prendra en compte le besoin des différents acteurs pour résoudre le problème. Mise en débat, elle sera complétée et enrichie jusqu'à un accord.

La négociation : C'est la recherche d'un accord qui implique la confrontation de points de vue divergents. Elle a pour objet de satisfaire de manière contractuelle les besoins de chacune des parties et de créer de la norme (valeur juridique) et des règles collectives. La négociation des accords d'entreprise permet d'adapter les dispositifs des accords de branches aux conditions particulières de l'entreprise.Ce sont, en principe, les délégués syndicaux quinégocient avec l'employeur. Mais pour favoriserla négociation dans les petites entreprises dépourvuesde délégués syndicaux, un accord peut êtreconclu, sous certaines conditions, par les représentantsdu personnel élus au comité d'entreprise(ou à défaut par les délégués du personnel) ou,en l'absence de représentants élus, par un salariéspécifiquement mandaté.La négociation annuelle obligatoire, portesur des thèmes définis et selon un rythme imposépar le code du travail : salaires,temps de travail, travailleurs handicapés, égalitéprofessionnelle, épargne salariale, régime deprévoyance. En dehors de celle-ci, employeurs etsyndicats ont toute liberté pour négocier sur desthèmes qu'ils choisissent : formation professionnelle,congés... mais aussi prévention des risques professionnels, santé, sécurité.

Pour construire un dialogue social de qualité, ilest important de s'intéresser tant au contenu deséchanges et objets de négociation qu'à la naturedes relations elles-mêmes.Il appartient aux deux parties :D'identifier les thèmes sur lesquels vont porter laconcertation et la négociation en s'attachant auxenjeux essentiels de l'entreprise et des salariés.De veiller à respecter des règles de communicationqui garantissent la qualité des relations.L'inspecteur du travail, le conseiller juridique del'organisation professionnelle sont des ressourcesimportantes pour aider à la construction d'uneproposition mais également garantir la légalitéjuridique de la négociation avec les organisationssyndicales.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard